Le sang de la jeune se glaça à l’entente de cette phrase. Pourtant le pire n’était pas ce qu’elle venait de dire mais plutôt ce qu’il faisait. Alexandre avait bien trop vite attrapé son pistolet pour le pointer sur la pirate qui ramait encore.
- Vas-y mon beau pirate, tue la. Elle essaie de se mettre entre nous. Notre amour lui paraît impossible. Elle est jalouse. Tue la, argua la sirène en replongeant ses bras dans l’eau pour éviter les blessures dues au soleil.
Marie ne savait plus quoi faire. Son sang n’avait fait qu’un tour. La peur ne prit en revanche pas le dessus sur elle, une chose dont elle se souvenait lui avait redonné des forces pour le reste du voyage vers l’Edan.
Le capitaine, elle le connaissait. Il n’avait en aucun cas envie de la tuer. Et même si sous l’emprise de ce monstre il le ferait, il ne se passerait rien. Car elle ne savait que trop bien comment l’homme utilisait son pistolet.
Alors, avec encore plus d’entrain, elle usa de ses bras pour faire avancer la chaloupe aussi loin que possible de l’Isla Sirena. Alexandre ne lui ferait rien.
La sirène qui les suivait toujours ne lâchait en aucun cas son regard de l’homme.
- Tue la, mon pirate, ajouta-t-elle.
Le capitaine était figé, face à son joli cœur. Ses membres ne répondaient plus de rien, écoutant seulement ce que disait cette odieuse femme. Son bras tendu, sa main était crispée sur son arme à feu. Le doigt frolait la détente prêt à appuyer à tout moment.
- Tire, finit la rousse avec des yeux durs envers Marie.
L’homme fit donc.
Son doigt activa le pistolet prêt à tuer son joli cœur. Alors que le monstre marin pensait avoir enfin gagné. Ayant enfin réussi à capturer une proie digne de ce nom, aucun bruit ne retentit.
C’était comme si le pistolet n’avait rien fait. Et c’était le cas. Car la jeune pirate était encore bien en vie, continuant sans crainte à faire avancer la chaloupe plus loin de cette maudite île.
Marie eut un sourire. Elle avait raison. Même si au fond d’elle la peur s’était mise à régner, elle savait que l’homme ne chargeait jamais son arme. Que celle-ci était toujours à blanc. Qu’elle n’était donc en aucun cas dangereuse. Mais surtout présente pour effrayer les ignorants ou les guider en erreur.
Ils étaient presque arrivés, plus qu’un dernier petit effort.
- Comment est-ce possible ? grogna la rousse en laissant la chaloupe s’éloigner.
Elle ne pouvait plus rien ou elle risquerait de se blesser en retour. C’était donc avec difficulté que la sirène abandonna sa proie repartant dans les profondeurs laissant seulement de petites vagues derrière elle.
C’était enfin terminé. Marie en avait fini avec ces femmes aquatiques. Tout son corps se relâchait lentement. La peur avait disparu. Elle était sereine.
De son côté Alexandre reprit petit à petit conscience. Il eut d’ailleurs un choc en voyant qu’il pointait son joli cœur sans savoir pour quelle raison. Il baissa donc immédiatement l’arme pour la remettre à sa ceinture. Le pirate regardait le sol. Il ne se souvenait de rien. Et il avait peur de ce qu’il aurait pu faire, Alexandre plaça ses mains sur son visage. Marie prit la parole.
- Ne vous inquiétez pas, fit-elle en manquant de plus en plus de force pour terminer le voyage.
- Que s’est-il passé ? demanda-t-il tout de même en se levant.Le pirate écarlate avec des gestes doux attrapa les pagaies pour continuer sa route, comme il lui avait promis. Marie au départ surprise, ne mit pas longtemps à changer de place pour lui laisser champ libre. Tandis qu’il commença ses mouvements de bras, elle répondit donc à la question précédente.
VOUS LISEZ
Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...