Chapitre 2 : Gangsta

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Evie

La routine était la chose à laquelle je tenais le plus dans ma vie. Elle était une alliée silencieuse qui avait le pouvoir de me rassurer. Si je lui restais fidèle, elle ne me trahissait pas et me récompensait par le bien-être qu'elle me procurait.

Elle était crainte par beaucoup car ils la percevaient comme une prison mais pour moi elle incarnait la liberté. Elle ne s'imposait pas dans mon quotidien, je choisissais de l'accueillir de mon plein gré. J'avais toujours trouvé un énorme réconfort entre ses bras. C'était apaisant de se lever en sachant déjà comment allait commencer notre journée et cela m'empêchait de trop réfléchir.

Ma vie avait toujours été illuminée par ces petites habitudes qui me permettaient d'apaiser mon anxiété. Je me levais à la même heure chaque matin, je me préparais en suivant les mêmes étapes et j'empruntais le même chemin pour me rendre à l'université. Tout était déjà programmé à l'avance.  

J'aimais la sensation d'être en terrain connu. C'était comme regarder un film qu'on a déjà vu 10 fois. Connaitre les dialogues et l'intrigue en avance me rassurait.

Je faisais partie de ces personnes qui choisissaient toujours de commander le même plat au restaurant par peur de tenter quelque chose d'inconnu et de risquer une déception.

Mais depuis quelques semaines, ma routine avait volé en éclat. Ma rupture avait tout bouleversé et je ne trouvais plus aucun réconfort dans mes habitudes. J'avais toujours imaginé que Chris et moi finirions par nous marier, par acheter une petite maison et par avoir des enfants et des chats.

Mais la flamme de l'amour s'était éteinte sans prévenir et sa chaleur ne réchauffait plus mon cœur. Tout était terne, tout était vide de sens.

Le seul moyen d'apaiser un peu ma peine était la lecture. L'espace d'un instant, j'abandonnais tous mes problèmes pour m'intéresser à ceux des autres. Je laissais ma vie derrière moi et prenais celle des personnages. Je ne ressentais plus que leurs émotions. J'avais toujours adoré les livres. Mes parents n'étaient pas des lecteurs, ils n'avaient jamais compris à quel point la lecture pouvait nous transporter loin de notre réalité. Ils ne saisissaient pas le pouvoir que renfermaient les mots des auteurs couchés sur le papier.

On pouvait croire qu'il était rassurant de se laisser porter par les livres. On pouvait penser que les personnages n'avaient pas la possibilité de nous blesser sous prétexte qu'ils n'existaient pas.

Mais c'était une erreur monumentale.

Ils ne vivaient peut-être pas dans notre monde mais ils peuplaient nos âmes et nos cœurs. Ils existaient bel et bien à travers nous et ils avaient le pouvoir de nous briser. Ils étaient même encore plus dangereux car il était impossible de les fuir puisqu'ils vivaient à travers nos corps et nos âmes.

Nous étions en décembre, l'automne allait progressivement laisser sa place à l'hiver. Les journées diminuaient petit à petit, permettant ainsi au froid de s'installer. Je rentrais chez moi après une longue journée de cours, mon appartement n'étant qu'à une vingtaine de minutes de l'université. 

J'appréciais les trajets à pied mais je devais avouer que marcher seule à la tombée de la nuit était angoissant.

J'avais grandi à la compagne avec mes parents mais j'avais souhaité louer un appartement en ville afin d'être plus proche de mon école. Ça avait été compliqué de laisser mes parents et mon frère. J'avais 22 ans mais j'étais toujours très proche d'eux.

Mon père était celui qui avait eu le plus de mal à me laisser partir. C'était un homme fort qui faisait tout pour sa famille. Il était très protecteur, peut-être même trop protecteur, mais il avait ses raisons. Il était membre d'un club de motards et connaissait la noirceur qui pouvaient habiter certains d'entre nous.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant