Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 4 : Silent Killer

Evie

J'aurais aimé pouvoir dire qu'être enfermée dans un si petit espace m'avait rapprochée d'Alessandro. J'aurais aimé pouvoir dire que la situation s'améliorait entre nous.

Mais la réalité était que je ne m'étais jamais sentie aussi éloignée de lui.

Je ne réussissais pas à lui donner une réponse malgré toutes mes tentatives de formulation. Je ne savais tout simplement pas comment lui parler. C'était comme si je n'étais plus capable de communiquer avec lui. Comme si parler n'était plus quelque chose de naturel entre nous.

Les mots ne pouvaient définitivement pas prendre vie sur mes lèvres. Ils ne voulaient pas s'échapper de ma bouche. Ils s'agglutinaient dans ma gorge, se multipliant à chaque seconde et m'étouffant de plus en plus.

J'aurais aimé pouvoir lui répondre que nous n'avions pas à nous séparer et que je finirai par lui pardonner ce qu'il m'avait fait. Mais était-ce vraiment une question de pardon ? Le pardon était-il une solution ?

Accorder son pardon à quelqu'un signifiait ne pas lui tenir rigueur de sa faute. Cela impliquait de ne faire aucun reproche ni aucune réprimande.

Le contraire du pardon n'était-il d'ailleurs pas de l'ordre de la punition ?

Je n'avais aucune intention de le réprimander pour avoir bafoué mon consentement. Comment le pourrais-je alors que personne n'avait jamais pris la peine de lui demander le sien et de lui en expliquer l'importance ?

Je ne lui en voulais pas pour son geste. Je ne le lui aurais jamais reproché. S'il avait accepté de gérer la situation autrement qu'en m'éloignant de lui, nous aurions pris le temps de nous parler à cœur ouvert.

Je lui aurais expliqué mon ressenti et nous aurions défini ensemble une limite claire qu'il se serait engagé à respecter. Je lui aurais dit clairement que s'il dépassait cette ligne, je partirai. Qu'il avait eu le droit à un manquement à cause de ce qu'il avait vécu, mais que le second ne serait jamais toléré.

La situation avait tourné et retourné dans ma tête. Je m'étais efforcée de réfléchir et j'avais fini par arrêter de me voiler la face.

Je lui avais déjà pardonné ses actes.

Je lui avais déjà accordé mon pardon. J'acceptai de le juger avec indulgence pour ce qu'il m'avait fait car mon affection allait bien au-delà. Car l'avenir que je nous imaginais était bien plus important que ça.

Mais le pardon n'était pas la solution à l'impasse dans laquelle nous nous trouvions.

Le problème était bien plus profond que ça.

Ce que je n'acceptais pas, c'était leur manière de gérer ce conflit.

Ou plutôt leur manière de l'éviter.

Ce que je ne pouvais pas tolérer, c'était qu'ils recourent à la solution de facilité en m'éloignant. C'était qu'ils acceptent de laisser cet incident briser la relation que nous avions.

Car comment pourrais-je avancer avec quelqu'un qui permettait notre séparation ?

Ce que je recherchais, c'était un partenaire. Un allié.

Quelqu'un qui m'apporterait la certitude qu'il se battrait toujours pour notre relation.

Quelqu'un qui me ferait sentir que le plus important était que l'on soit ensemble.

Mais ils avaient tellement peur de me blesser qu'ils préféraient se séparer de moi.

Ils avaient tellement peur de me mettre en danger, qu'ils préféraient m'infliger une torture encore plus violente que celle que n'importe quelle autre.