Chapitre 14 : Heart Of The Darkness

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Evie

Mais qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Tout était allé si vite.

Son corps chaud contre le mien.

Son bras fort autour de ma taille.

Son regard rassurant sur mon visage.

Puis sa main sur mes yeux.

Une détonation.

Des os perforés.

Un bruit sourd contre la table.

Et le silence.

Tout le monde retenait son souffle dans la pièce.

- Qualcuno ha un'altra stupida regola da dirmi ? demanda-t-il. (Quelqu'un a une autre règle débile à me communiquer ?)

Seule sa voix grave, dure et intransigeante brisa la stupéfaction générale.

Je n'avais pas compris ce qu'il venait de dire mais personne ne prit le risque de lui répondre et de le contrarier à nouveau.

Ses muscles étaient tendus, son bras me serrait fort contre lui et je n'osais même plus bouger.

Il venait de tirer. Il avait dégainé son arme si rapidement que je n'avais rien vu venir. Il venait de blesser ou même de tuer. Je n'avais pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qu'il s'agissait de l'homme qui avait tapé du poing sur la table en me voyant entrer dans la pièce.

Je savais que les femmes étaient interdites dans ces réunions mais Alessandro m'avait presque trainée ici. Je ne savais pas pour quelle raison il avait choisi de bafouer l'une de leurs règles, mais je me retrouvais maintenant assise sur ses genoux dans une pièce remplie d'hommes armés et saturés de testostérone.

Je regrettai d'avoir bu une coupe de champagne car le liquide tournait dans mon ventre. Privée de l'un de mes sens, les autres se développèrent. Je pouvais entendre les respirations devenir plus rapides et je pouvais sentir l'odeur métallique du sang.

Mes mains commencèrent à trembler malgré moi. J'essayais de me retenir mais mon cerveau ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer la scène. Il fallait que je sois forte, je ne pouvais pas lui faire honte ni montrer une quelconque faiblesse devant ces hommes qui méprisaient les femmes.

Alessandro remarqua mes tremblements et posa sa main libre sur les miennes, les tenant fermement.

- Prendilo. E non voglio una goccia di sangue sul pavimento, passaci sopra, ordonna-t-il. (Emmenez-le. Et je ne veux aucune goutte de sang par terre, démerdez-vous.)

Je devais reprendre le contrôle de mes émotions. Malgré ce qu'il venait de faire, le contact de son bras autour de moi et celui de ses doigts contre ma peau me rassuraient. Je ne craignais rien tant que j'étais avec lui, c'était ce que son corps criait au mien.

Et mon corps l'entendait.

Comment parviendrais-je à me faire respecter en tant que femme si j'avais besoin qu'un homme me protège de la vue du sang ?

Je pris une grande inspiration avant de dégager mes mains et de les poser sur celle qui me cachait la vue.

Alessandro se figea un instant. Je sentais qu'il était surpris par mon geste. Sa poigne ne fut que plus appuyée.

- Tu es sure ? me demanda-t-il de sa voix profonde. Ce n'est pas beau à voir.

J'appréciais qu'il essaie de me protéger de son monde mais j'avais choisi d'être ici de mon plein gré. Je devais arrêter de me voiler la face et assumer cette décision, même si ça signifiait que j'allais devoir lutter coûte que coûte pour que mon estomac ne se retourne pas avant la fin de la réunion.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant