Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 23 : I Want To

Évie

Plus les minutes s'écoulaient, plus je m'éloignais physiquement de Carter. Pourtant, mon esprit ne parvenait pas se détacher de lui

J'étais dans l'avion qui me ramenait en France et je ne ressentais pas la moindre émotion. Rien. C'était comme si la connexion avec mes sentiments était momentanément interrompue. Je regardais par le hublot sans vraiment prêter attention au paysage. Le regard vide.

Je sentis une présence sur ma droite et quelqu'un se racla la gorge pour attirer mon attention.

-       Le patron m'a demandé de vous donner ça, dit l'un des gardes en me tendant une enveloppe.

Je l'attrapais, curieuse de voir ce que Carter pouvait bien vouloir me donner. Je l'ouvris pour regarder ce qu'elle contenait. Il n'y avait pas le moindre mot, pas la moindre lettre, pas la moindre explication. Juste mon téléphone.

Carter me l'avait pris après mon appel à mes parents pour leur dire que je partais en vacances. Il avait bien précisé qu'il me voulait parfaitement disponible pour lui et je n'avais pas insisté. Maintenant que je le quittais, il me rendait mes affaires. Je l'allumais pour consulter mes messages.

J'avais reçu plusieurs SMS de Laura, Paige et Amélie mais aussi de mes parents. Je me demandais si Carter m'avait transmis les photos que nous avions prises dans l'après-midi. J'ouvris la galerie photos et mon regard se posa directement sur une photo bien précise.

C'était une photo où Carter et moi nous regardions droit dans les yeux au milieu des ruines de Pompéi, avec le Vésuve en fond. Lorsque j'avais demandé à ce touriste de nous prendre en photo, je ne pensais pas qu'il capturerait l'instant précis où mon cœur avait loupé un battement. J'avais l'impression de revivre le moment. Je ressentais la chaleur des bras de Carter autour de moi et des papillons se mirent à fourmiller dans mon ventre. Je ne pouvais pas détourner les yeux de cette photo. D'un regard extérieur, on aurait dit qu'il ressentait la même chose que moi.

L'étreinte protectrice de Carter m'enveloppait et il avait un regard possessif. Il ne souriait pas et me regardait intensément. Il ne portait que des vêtements sombres qui mettaient en valeur son corps incroyable. Je pouvais encore sentir son viril parfum sur moi. Quand je regardais mon expression sur la photo, je découvris que j'avais un regard bien différent du sien, plein d'admiration et de ... désir ? Merde alors. Je ne m'étais même pas rendue compte que mon regard était aussi éloquent.

En regardant la photo dans son ensemble, quelque chose me frappa de plein fouet.

Il y avait un vrai contraste entre nous deux.

On aurait dit qu'il était la lune et moi le soleil. Deux astres qui cohabitaient rarement ensemble dans le ciel.

Lui la glace et moi la vapeur. Deux états de l'eau qui avaient besoin de conditions contraires pour exister.

Lui l'enfer et moi le paradis. Deux mondes opposés qui ne se rencontraient jamais.

Lui la flamme et moi le bois. Deux éléments antagonistes dont l'un détruisait toujours l'autre.

Nous étions des contraires parfaits. Nous vivions dans deux mondes différents et nous n'avions aucun avenir ensemble. 

Je ne pouvais plus me mentir, j'avais été attirée par lui. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il m'avait rencontrée au moment où j'avais été le plus vulnérable. Au moment où mon estime de moi avait été brutalement remise à zéro. Au moment où je me sentais sale, honteuse et futile. Pourtant, il m'avait apporté son aide sans rien connaitre d'autre de moi que mes faiblesses.