Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 12 : I Wanna Be Yours

Carter

Je n'aurais jamais cru dire une chose pareille un jour mais j'avais peur. J'étais un putain d'idiot qui n'arrivait même pas à nouer sa cravate à cause de ses mains tremblantes. Je me dévisageai dans le miroir avec une lueur meurtrière dans le regard.

J'avais recommencé à trois reprises et pas une seule fois je n'avais réussi à faire un nœud correct. J'avais presque envisagé de sortir sans en mettre tant l'énervement avait pris possession de moi.

— Laisse-moi faire, déclara Evie en s'approchant.

Elle se plaça entre le lavabo et moi, ses jolis doigts vernis se posant sur le col de ma chemise qu'elle arrangea. Elle devait lever les bras et je voyais que sa position n'était pas confortable. Sa tête était penchée en arrière, mettant son dos dans une cambrure incommodante.

Je ne pouvais pas la laisser subir le moindre désagrément à cause de moi. Je posai alors mes paumes sur ses fesses. Mes mains profitèrent un instant de leur rondeur parfaite avant de la soulever pour la faire s'asseoir sur la vasque de sa salle de bain. Elle était tellement pleine de produits en tout genre que certains se bousculèrent pour lui laisser de la place.

Elle laissa échapper un petit hoquet de surprise face à mon geste puis ses joues se réchauffèrent légèrement en voyant que j'avais voulu lui faciliter la tâche. Mon regard était toujours aussi sombre et la colère se mêlait à l'appréhension pour former un mélange qui m'empêchait de lui sourire.

Je la regardai placer la cravate autour de mon cou avant de tirer dessus pour me forcer à approcher mon visage du sien. Je n'opposai pas la moindre résistance, heureux qu'elle veuille bien de moi, même si j'étais un incapable. Mes lèvres se posèrent sur les siennes et je les sentis s'étirer. Je me reculai pour la voir sourire, ne voulant pas louper les petites étoiles qui allaient se former dans ses yeux.

Son amusement leur donnait une teinte encore plus divine.

— Arrête de t'inquiéter, je leur ai parlé. Je suis sûre que ça va bien se passer, affirma-t-elle en relâchant ma cravate parfaitement nouée. Et puis si ça se mal, on recommencera encore et encore jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'il n'y a pas d'autre issue.

Je faisais ces putains de nœuds chaque jour mais je me sentais tellement stressé que je n'avais même pas réussi à me concentrer sur la tâche. Je n'avais pas le contrôle de la situation et je détestais ça. Je n'étais pas en position de décider comment la soirée allait se dérouler et l'enjeu était trop important.

Je voulais que cette rencontre soit une réussite, je ne supporterai pas de voir ses espoirs se briser. Il fallait qu'en rentant, elle ait exactement le même sourire que celui qui éclairait son visage à cet instant. Je n'étais pas certain de pouvoir contrôler ma colère dans le cas contraire.

— Si j'étais eux, je me claquerai la porte au nez. Je ne comprends même pas comment ils ont pu accepter de me recevoir, rétorquai-je en lissant le tissu de ma chemise.

Cela faisait bientôt quatre mois que j'étais dans le paysage d'Evie et je serais incapable d'en sortir un jour. Mon monde gravitait autour d'elle. Elle était l'astre qui m'apportait sa chaleur et son énergie pour que je sois capable de me lever chaque matin.

Elle avait attendu avant d'annoncer à ses parents que j'étais de retour. Je ne le lui reprocherai jamais. Au contraire, j'avais senti mon amour prendre encore plus d'ampleur dans ma poitrine lorsque j'avais pu voir à quel point elle était forte et raisonnable.