Chapitre 11 : Angel By The Wings

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Evie

Ma poitrine se contracta violemment. C'était comme si je venais de me prendre un énorme coup en plein cœur. L'air avait quitté mes poumons. Je ne pouvais plus reprendre ma respiration face à la violence du choc. Ma gorge était serrée et j'avais l'impression d'étouffer.

J'étais tellement atteinte par ce que je voyais sous mes yeux que mon cerveau ne répondait plus. Il avait besoin de temps pour m'aider à reprendre mon souffle et il paralysait mon corps. Je ne pouvais rien faire d'autre que contempler ce qui brisait mon cœur encore, et encore, et encore.

Je ne pouvais pas bouger la tête, je ne pouvais pas détourner les yeux. Je ne pouvais rien faire d'autre que regarder.

La pièce était plongée dans l'obscurité, car il n'avait rien allumé. La seule lueur qui me permettait de distinguer la scène qui se déroulait dans la salle de bain provenait du lustre de la chambre derrière moi. J'étais sur le pas de la porte. Je m'apprêtais à quitter la lumière pour entrer dans l'ombre, là où il se trouvait.

C'était une parfaite représentation de la situation. J'allais quitter le confort dans lequel je me trouvais pour pénétrer plus que jamais dans sa noirceur, pour connaître sa douleur. C'était déjà trop tard, car elle avait immédiatement transpercé ma peau et elle s'écoulait maintenant dans mes veines.

Mon cœur, l'organe qui me maintenait en vie, était aussi celui qui propageait la douleur dans tout mon corps. Je la sentais s'écouler dans mes veines. Je la percevais s'incruster dans mes organes, je la voyais prendre vie derrière mes yeux.

Il était assis. Devant moi. Sur le carrelage noir de la pièce. Ses jambes étaient dénudées. Il ne portait plus qu'un sous-vêtement sombre.

Ses épaules n'étaient plus tendues comme quelques minutes plus tôt. Sa mâchoire n'était plus contractée comme quelques instants auparavant. Ses poings n'étaient plus serrés comme ils en avaient l'habitude.

Mais ce qui me fit le plus mal fut de voir que ses yeux ne brillaient plus.

Je n'y voyais plus rien à l'intérieur.

Il n'était plus là.

Ses cuisses.

Ses mains.

Son visage.

Je n'oublierai jamais.

Je ne passerai jamais au-dessus.

Je ne m'en remettrai jamais.

Jamais je ne sortirai cette image de ma tête.

Comment pourrais-je le faire ?

Sa douleur venait de s'incruster dans ma peau. Elle venait de prendre toute la place. Elle venait de se réfugier au plus profond de moi. Là où je n'avais pas accès.

Je n'avais pas eu le temps de m'y préparer.

Mais aurais-je vraiment pu m'y préparer ?

Pendant que je parlais avec lui derrière la porte, il était en train de se faire du mal.

Il avait tracé plusieurs coupures parfaitement rectilignes sur le dessus de ses cuisses.

Une lame était posée à côté de lui, près d'un trousseau de clés.

Il avait du sang sur ses mains si douces.

Sur son torse nu si puissant.

Sur son visage si beau.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant