Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 21 : After Dark

Evie

Lorsque je me réveillais le lendemain matin, le soleil était déjà haut dans le ciel. Je pris le temps de m'asseoir sur le lit pour repenser à la soirée que j'avais passée avec Carter. Il m'avait ouvert une nouvelle facette de sa personnalité et j'avais beaucoup apprécié ce moment. Il pouvait être impulsif et violent mais il était également capable d'avoir une conversation sérieuse et de me faire rire.

Je ne pouvais pas m'empêcher de comparer Carter à ma relation avec Chris. Je lui avais souvent reproché son côté trop immature à mon gout. Lorsque nous avions des choses importantes à nous dire, Chris avait toujours eu beaucoup de mal à s'exprimer et il avait souvent recourt à l'humour lorsqu'il ne savait pas comment se justifier. Il était très difficile d'avoir une conversation sérieuse avec lui alors que Carter était parfaitement capable de parler des sujets pour lesquels nous étions en désaccord. Il écoutait mon point de vue et m'exposait le sien sans jugement et sans essayer de me convaincre d'adopter son opinion. Peut-être était-ce dû au fait que Carter était un homme beaucoup plus âgé.

Lorsque je l'avais rencontré, une des premières impressions que j'avais eu était qu'il était très différent de moi. Cependant, plus j'apprenais à le connaitre et plus je découvrais que nous avions des points en commun. Il aimait les animaux, il prenait soin de sa famille et il était prêt à tout pour la protéger. Même si sa sœur vivait loin, il avait recruté des hommes sur place pour avoir toujours un œil sur elle. Même si cette mesure me paraissait excessive, je savais que Carter avait de bonnes raisons de se comporter ainsi. Il trempait dans des affaires dangereuses dont je ne saisissais pas vraiment la portée et sa sœur était une cible facile.

Je ne savais pas vraiment quoi penser de lui. J'appréciais énormément l'homme avec lequel j'avais passé la soirée mais il ne fallait pas que j'oublie qu'il avait déjà été violent envers moi. C'était une chose que je m'étais toujours refusée d'accepter.

Notre engagement arrivait bientôt à son terme, dans deux jours il devrait me ramener chez moi pour que je retrouve ma vie. Ces moments passés chez lui avaient été très intenses. Intense était d'ailleurs l'un des mots qui décrivait le mieux la personnalité de Carter. J'avais ressenti un panel d'émotion très large, allant de l'angoisse à la joie en passant par la haine et la reconnaissance. Une chose était sûre, il était impossible de s'ennuyer avec un homme comme lui.

Je décidais enfin de me lever et de me rendre dans la salle de bain pour me préparer. Je nettoyais mon visage avant d'appliquer des soins et un peu de maquillage pour cacher le bleu qui s'était formé sur ma pommette suite au coup que j'avais reçu lorsque j'avais essayé de me défendre après avoir planté mon couteau dans la cuisse du garde de Carter. Je pris aussi le temps de boucler mes cheveux et de m'habiller. C'était une belle journée malgré la saison hivernale donc je choisis une robe pull avec un collant. Une fois prête je descendis en direction de la cuisine pour prendre un café.

Lucrezia était en train de cuisiner comme à chaque fois que j'entrais dans cette pièce. Elle me salua chaleureusement et me tendit une assiette de fruits frais et un café. Je remarquais rapidement que le regard de la vieille femme était différent. Elle me jetait des petits coups d'œil discrets mais lorsque je regardais dans sa direction, elle tournait la tête. Je savais qu'elle était au courant de ce qu'il s'était passé entre moi et Carter dans l'entrepôt et elle avait l'air de vouloir me dire quelque chose.

- Est-ce que tout va bien Lucrezia ? tentais-je pour l'aider à me dire ce qu'elle avait sur le cœur.

- Bambina, je suis vraiment désolée qu'il se soit comporté ainsi, m'expliqua-t-elle.

- Vous n'avez pas à me présenter d'excuses, vous n'êtes responsable de rien.

Je voulais rassurer la vieille femme car même si elle avait eu un rôle dans l'éducation de Carter, elle ne pouvait pas contrôler ses actes. Et puis, j'avais aussi ma part de responsabilité puisque j'avais tenu tête à Carter malgré ses avertissements.