Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 1 : Do I Wanna Know ?

⚠️ TW: abus sexuel

Carter

La peur.

Quatre petites lettres bien connues de tous. Ce mot avait de nombreux synonymes comme l'effroi, la crainte, l'épouvante, l'angoisse, l'appréhension, la terreur. Tous ces noms aux nuances subtiles mais convergeant vers une seule et même réalité. Il s'agissait de l'émotion que je lisais le plus souvent sur les visages et les corps qui me faisaient face. Des pupilles qui se dilataient, une respiration qui s'accélérait, une peau qui rougissait, des mains qui tremblaient. C'était une réaction purement corporelle, sans lien avec le mental. La peur était un signal permettant à notre organisme de répondre de manière adaptée aux modifications de son environnement. Face à ce qui était perçu comme un danger, le corps se mettait en tension. Toutes ses ressources énergétiques se mobilisaient pour tenter de fuir ou de se défendre.

J'aimais croire qu'il n'y avait que deux catégories d'individus sur cette terre, ceux qui infligeaient la peur et ceux qui la subissaient. Aujourd'hui, je n'étais plus celui qui devait l'endurer, j'étais celui qui la faisait naitre.

Et cet homme devant moi venait de le comprendre. Les traits de son visage se tendirent. Ses muscles se contractèrent. Ses yeux s'écarquillèrent. Que vas-tu faire ? me demandai-je. Prendre tes jambes à ton cou ou tenter de m'arrêter ?

Mais il ne choisit ni l'une ni l'autre de ces deux options. Il resta paralysé face à moi. Il ne me demanda pas qui j'étais, ni ce que je voulais. C'était comme s'il acceptait simplement son sort. J'étais installé sur la banquette arrière de son véhicule depuis dix longues minutes et il venait tout juste de prendre place sur le siège conducteur. 

- Je peux vous payer ! Combien voulez-vous ? Me proposa-t-il.

Dès que son regard avait croisé le mien par l'intermédiaire du rétroviseur, j'avais pu reconnaitre tous les signes de la terreur. Je n'étais pas bon pour comprendre les émotions des autres mais j'étais devenu un expert pour repérer celle qui nouait les organes et comprimait les trachées. 

- J'ai déjà été payé.

Comme ma cible ne semblait pas d'humeur à jouer, je choisis d'aller droit au but. Je dégainai mon arme, retirai la sécurité et tirai. Ma balle transperça son crâne, libérant son sang de sa prison de veines et d'artères. Je l'admirai pendant qu'il s'écoulait le long de son front, de son nez, de sa bouche jusqu'à venir former une flaque sur ses cuisses. J'étais comme hypnotisé par la cascade macabre que je venais de créer devant moi.

Je finis par sortir de ma transe et je nettoyai méticuleusement toute trace de mon passage. Avant de quitter les lieux du crime, je jetai un petit regard en arrière pour figer l'image de cette nouvelle victime dans ma mémoire. 

...

L'asphalte défilait sous mes pieds. Plus les mètres de bitume se remplaçaient sous mes chaussures et plus des filets de sueurs s'écoulaient le long de mon dos. Je sentais mes muscles se contracter et se gonfler à mesure que mes jambes avançaient. Je détestais courir en ville mais je n'avais pas le choix aujourd'hui. Je préférais mille fois les grandes étendues de vignes et les champs d'oliviers qui décoraient l'Italie.

Je m'apprêtais à terminer mon entraînement quand je sentis mon téléphone vibrer dans la poche de mon short. Je l'attrapai et quelque chose changea quand je vis son nom. Je savais pourquoi il appelait alors je décrochai.

— Quoi ? crachai-je.

Je l'entendis soupirer à l'autre bout de la ligne.

— Bonjour à toi aussi, me provoqua-t-il.