Le Protecteur (T1 à 3)

Chapitre 7 : Falling Infinite

Carter

Je rangeai mon téléphone portable dans la poche de mon pantalon après avoir raccroché.

Je passai ensuite mes mains sur le tissu noir de ma chemise afin de retirer toutes les poussières qui auraient pu s'y déposer.

J'aimais beaucoup cette couleur malgré la difficulté d'entretien qu'elle demandait. Il fallait un matériau de qualité afin de réduire au maximum le risque de dépôt de saletés en tout genre.

Mes employés avaient des consignes très précises pour prendre soin des vêtements que je possédais.

Je trouvais cela primordial de paraitre élégant et distingué. Je faisais partie de ces hommes qui étaient toujours apprêtés, même lorsqu'ils restaient chez eux.

Je n'étais jamais à l'abris d'une visite imprévue et être toujours préparé était un moyen pour moi d'avoir un peu de contrôle sur ce qui pouvait arriver.

Les seuls moments où je retirai mes costumes étaient lorsque je faisais des séances de sport ou le soir avant d'aller me coucher.

Si j'avais été le seul à décider des tenues que nous portions, rares auraient été les personnes qui m'auraient vu avec autre chose que des vêtements qui reflétaient mon attrait pour les belles choses.

Mais Alessio préférait retirer les vestes qui ajoutaient un aspect strict à notre apparence et Alessandro choisissait de ne porter que les vêtements que je détestais.

Quant à Luca, je ne préférais même pas imaginer ce qu'il choisirait si nous ne lui avions pas préparé des tenues à l'avance. Nous lui laissions le choix mais nous lui imposions de le faire parmi un nombre restreint de possibilités.

Aucun de nous trois ne voulait risquer d'arriver dans le corps dans un lieu public habillé par un gosse.

Nous avions donc passé un accord avec lui. Il avait le droit de nous faire manger n'importe quoi mais il ne pouvait pas enfreindre les règles qui concernaient les tenues.

J'attrapai mon verre de scotch et je l'apportai à mes lèvres. J'avalai ensuite une longue gorgée. Je sentis la brulure réconfortante dans ma gorge mais ça ne m'apaisa pas.

Rien ne le pouvait.

Je ne pensais qu'à Evie. Le responsable de l'équipe qui l'avait reconduite en France venait de me téléphoner pour m'affirmer que le vol s'était bien déroulé et qu'elle leur avait demandé de la déposer dans son appartement.

J'avais dû prendre plusieurs décisions importantes car Alessandro n'en avait pas été capable. Lorsqu'il l'avait vue monter dans le jet et partir sans même le regarder, j'étais intervenu pour prendre le relais.

Il avait été incapable de détourner les yeux même après qu'elle eut décollé et qu'il ne reste plus aucune trace de sa présence.

Je l'avais laissé faire pendant de longues minutes, pensant qu'il avait besoin d'un peu de temps pour reprendre le contrôle de ses émotions mais au bout d'une heure, j'avais fini par prendre la situation en main.

Moi aussi j'avais le cœur brisé. Moi aussi j'étais en colère contre lui. Moi aussi je me sentais mal mais je n'avais pas le choix. Il fallait bien que quelqu'un fasse ce qui était nécessaire.

Et comme c'était mon rôle, je n'avais pas le droit de rester là à ne rien faire.

Alors j'étais monté dans un autre jet qui m'avait rapidement reconduit à Naples.

J'étais tellement en colère contre lui que je ne ressentais pas encore la tristesse. Je savais que ce n'était pas sa faute s'il était comme ça. Je savais tout ce qu'il faisait pour le système. Il portait seul le poids de tous les traumatismes mais nous en subissions tous les conséquences.