Chapitre 8 : Sardonic

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Evie

Le mot regret était très loin d'être à la hauteur du sentiment que j'avais ressenti. Cette sensation de honte et d'énervement ne m'avait pas quittée. Comment aurait-elle pu disparaitre alors que c'était à moi que j'en voulais ?

Comment aurait-elle pu se dissiper alors que j'avais été la seule à blâmer pour ce que j'avais fait ?

J'aurais aimé dire que ça m'avait fait du bien de poser ces mots quelque part, de les avoir laissés prendre vie et s'échapper de mon cœur, mais c'était tout le contraire.

Lorsque je les avais laissés sortir, j'étais devenue vide.

Je m'étais sentie encore plus seule lorsqu'ils m'avaient quittée et je n'avais plus pensé qu'à les reprendre, qu'à les récupérer.

Mais je n'avais rien pu faire pour les posséder à nouveau. Je les lui avais donnés et maintenant ils étaient à lui pour toujours.

Je savais qu'il ne me les rendrait jamais. Je savais qu'il se les était accaparés. Je savais qu'il allait les retenir prisonniers comme il le faisait avec moi même s'il n'était plus là.

Comme il le faisait avec mes pensées.

Comme il le faisait avec chacune des cellules de mon corps, avec chacune des parcelles de mon âme et avec chacune des miettes de mon cœur.

Je n'avais reçu aucune réponse.

Je n'avais reçu aucune notification.

Je n'avais reçu aucun mot.

Je n'avais reçu aucun appel.

Rien.

J'avais attendu. J'avais laissé mon téléphone en vue à chaque seconde de mes journées et de mes nuits. Je l'avais emporté partout avec moi. Je ne l'avais jamais quitté afin de pouvoir lire sa réponse dès qu'il me l'aurait envoyée.

Mais chaque journée n'avait été qu'une déception de plus. Chaque soir je m'étais endormie complètement résolue, complètement décidée à ne plus attendre de ses nouvelles.

Mais chaque matin, je m'étais réveillée avec le besoin absolu de regarder mon téléphone en espérant une réponse.

Que faisait-il ? Pourquoi ne me répondait-il pas ?

Lorsque la réponse était enfin arrivée, j'avais compris qu'en fin de compte, elle n'allait pas être transmise par téléphone.

Et toute la colère que j'avais ressentie avait changé de cible.

Je n'avais plus été énervée après moi-même, j'étais devenue complètement folle de rage contre lui.

Contre eux.

Contre le monde entier.

Dans mes pires moments de faiblesse, je m'étais répétée à de nombreuses reprises que je souhaitais simplement un signe, n'importe quoi qui vienne de lui. Que je me contenterais même du moindre mot qu'il voudrait bien m'envoyer. Qu'il voudrait bien m'accorder.

Mais ça avait été une erreur monumentale.

Parce que lorsque j'avais reçu sa réponse, j'avais réalisé qu'elle pouvait être encore pire que son silence.

On avait frappé à la porte de mon appartement à dix heures, un samedi matin. J'avais d'abord pensé à un livreur ou bien à la concierge de mon immeuble.

Mais un homme d'une cinquantaine d'année vêtu d'une blouse blanche s'était présenté à moi.

Il tenait un grand sac noir dans sa main et m'avait annoncé être un médecin.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant