Chapitre 2 : I Don't Even Care About You

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Alessandro

Quinze minutes.

Quinze putains de minutes pendant lesquelles elle n'avait pas bougé. Quinze putains de minutes que j'avais passées à la regarder par la baie vitrée de ma suite.

Elle était agenouillée au sol, dans l'exacte position dans laquelle je l'avais abandonnée, juste en bas des escaliers.

Le ciel avait décidé de partager sa peine. Les gouttes de pluie trempaient ses beaux cheveux bruns. Elles ruisselaient sur son visage et se mélangeaient à ses larmes.

Larmes que j'avais faites couler et qui ne tarissaient pas.

Je m'étais promis de ne plus l'approcher après ce que je lui avais fait subir. C'était la raison pour laquelle j'avais tout fait pour retourner au plus vite dans ma chambre.

J'avais réussi à m'enfermer derrière les grandes portes vitrées mais plus les secondes passaient et plus j'avais envie de rompre ma promesse et de courir auprès d'elle.

Je me voyais déjà protéger son corps de la pluie avec le mien. Je me voyais déjà la prendre dans mes bras et la ramener dans sa chambre. Je me voyais déjà l'aider à prendre une douche pour qu'elle se réchauffe.

Mais j'avais perdu le droit de faire toutes ces choses.

J'avais perdu le privilège de prendre soin d'elle puisque j'avais franchi la limite de trop.

Et bordel, ça me rendait malade.

Mes poings étaient serrés contre le verre qui me séparait de celle qui accaparait mes pensées. Je parvenais de moins en moins à garder mon calme. Plus je la voyais seule sous la pluie déchainée sur le pont du bateau et plus la brûlure dans ma poitrine augmentait.

Elle augmentait tellement qu'elle comprimait mes poumons et me coupait le souffle.

J'avais attendu pour la voir se remettre sur pieds et s'éloigner de moi jusqu'à disparaitre de ma vue mais quinze putains de minutes s'étaient écoulées sans qu'elle ne fasse le moindre mouvement.

Je ne pouvais plus la regarder dans cet état. C'était insoutenable.

Je sortis mon téléphone de ma poche et composai le numéro de l'un de mes hommes. Il décrocha à la deuxième sonnerie.

- Monsieur, répondit-il.

C'était un père de famille de cinquante ans qui avait deux filles et qui m'avait toujours montré une loyauté sans faille.

- J'ai besoin que vous montiez sur le pont principal et que vous aidiez ma...

Putain mais qu'est-ce que je racontais ? Je n'avais aucun droit de l'appeler comme ça.

- Et que vous aidiez Evie à retourner dans la suite qui se trouve à l'avant du yacht, repris-je.

Je lui faisais confiance. Je savais qu'il se comporterait de manière exemplaire avec elle. S'il ne voulait pas que je l'égorge et que j'envoie sa tête à sa femme, il allait même arriver en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

- Bien-sûr. J'y suis dans une minute, annonça-t-il.

Je raccrochai avant de balancer mon téléphone sur le lit.

Tout était ma putain de faute. Si je n'étais pas un enculé pareil, elle ne se serait jamais retrouvée dans cette situation. Je l'avais brisée.

J'étais la cause de la rougeur de ses yeux, de la pâleur de sa peau, de la douleur de son cœur.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant