Chapitre 18 I Feel Like I'm Drowning

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Évie

Mais quel enculé ! J'avais envie de lui faire bouffer son arrogance. Il m'avait enfermée comme un chien, me prouvant ainsi que je ne valais rien pour lui, et maintenant j'étais la seule qui méritait de le tuer ?

— Tu n'es pas en position de me dire quoi faire, il me semble. J'en ai marre que tu veuilles toujours tout maitriser. Bien sûr que tu aimerais que je tire ! Ça te donnerait l'impression d'avoir eu le contrôle sur les évènements, crachai-je.

Même avec un flingue pointé sur sa tête, il n'arrêtait pas de vouloir me commander. Cette fois-ci, la balle n'était pas dans son camp. Elle était dans le pistolet que je pointais sur sa tête.

J'avais tué un homme. J'étais devenue une tueuse. Une meurtrière. 

Si on m'avait dit que j'ôterais la vie de quelqu'un un jour, je ne l'aurais jamais cru. Je savais que nous étions tous capables de commettre l'irréparable si nous étions placés dans les bonnes – ou plutôt les mauvaises — conditions. Mais je ne pensais pas que ça serait mon cas un jour.

Je ne me reprochais pas ce que j'avais fait car c'était un geste de légitime défense. J'étais fière d'avoir réussi à me protéger toute seule. Puisque Carter m'avait donné des conseils pour me défendre, je ne pouvais pas dire que je n'avais pas eu besoin de son aide. Même à distance, il m'avait protégé. Il me protégeait tout le temps.

Il se tenait devant moi, dans son atelier de torture auquel j'avais apporté ma touche de rouge. Il n'avait pas peur. Il ne tremblait pas. On aurait dit qu'il ne ressentait rien.

Quand il avait découvert qu'un de ses soldats avait essayé s'en prendre à moi, il n'avait même pas essayé de me cacher ce qu'il ressentait. J'avais vu très clairement les sentiments qui l'habitaient. De la haine. De la colère. De la peur. Et même de la culpabilité.

Ses émotions étaient légitimes car tout ça, c'était sa faute. S'il n'était pas parti en m'enfermant ici, personne ne s'en serait pris à moi. Mais c'était aussi grâce à lui que je me sentais forte. Il m'avait redonné confiance en moi, il m'avait donné les clés pour me défendre et il avait même provoqué une situation pour que je mette mes leçons en pratique. Sans ça, je n'aurais jamais découvert que j'étais capable d'avoir un peu de contrôle sur ce qui m'arrivait.

J'avais vu de la fierté dans son regard quand je lui avais annoncé que c'était moi qui avais tué l'un de ses hommes. Lire cette émotion dans ses yeux avait un peu réchauffé mon cœur.

Il était incroyablement beau. Il était presque irréel avec ses yeux d'un bleu glacial et ses cheveux bruns tombant sur son front. Il me regardait. Essayant sans doute de juger si j'allais tirer ou l'épargner. J'avais de bonnes raisons de le tuer mais j'avais aussi de bonnes raisons de le laisser vivre.

Je fis quelques pas pour me rapprocher de lui. Je voulais être assez proche pour ne pas avoir l'air d'avoir peur de lui mais je voulais aussi être assez éloignée pour être sûre qu'il ne pourrait pas me désarmer. Il fallait que je sois prudente car Carter avait beaucoup plus d'expérience que moi et il serait capable de me faire lâcher mon arme avant que je ne tire.

Je détaillai son corps. C'était une véritable œuvre d'art. J'étudiai ses épaules carrées sur lesquelles n'importe qui voudrait se reposer. Je détaillai ses bras forts qui m'avaient gardée en sécurité. Je contemplai ses mains souillées du sang invisible qu'il avait fait couler pour moi. J'analysai son cou puissant...

Son cou... Son putain de cou que j'avais envie de trancher ! Il y avait une trace de rouge à lèvres juste sur la petite zone sensible qui le reliait à son épaule.

Sous le choc, je reculai d'un pas, resserrant mon emprise sur mon arme. Je sentis un élan de chaleur me parcourir. Mon cœur battait plus rapidement. Mes mâchoires étaient plus contractées.

— Non mais tu te fous vraiment de ma gueule ! Tu m'as enfermée ici et t'es parti baiser une de tes putes ! m'exclamai-je.

Un éclair de surprise traversa son regard, il se demandait sans doute comment je savais qu'il était en train de passer une bonne petite soirée pendant que je manquais de me faire violer une nouvelle fois.

— Elle a marqué son territoire comme une chienne, crachai-je en regardant son cou.

Je n'étais pas jalouse. J'étais en colère. J'étais triste. J'étais dégoutée. J'étais frustrée. Ou peut-être que oui, j'étais jalouse. Carter porta sa main à son cou et il découvrit la marque de rouge à lèvres. Il ne dit rien pour se défendre car il n'en avait rien à foutre de ma réaction.

Je posais mes deux mains sur l'arme, prête à faire tomber la sentence. S'il pensait qu'il allait s'en sortir indemne, il allait être déçu. Je voulais qu'il sache que je n'étais pas une lâche, que je ne faisais pas des menaces en l'air.

Je pris une longue respiration pour faire redescendre mes émotions. J'avais déjà utilisé une arme dans un stand de tir. Je savais viser mais il ne fallait pas que je me loupe. Je n'avais pas le droit de rater ma cible. Il fallait que je sois précise.

Carter comprit que je n'étais pas en train de jouer. Il sentait son heure approcher. C'était enivrant de voir un homme comme lui à ma merci. Il était l'homme le plus fort que j'avais jamais rencontré et pourtant c'était moi qui braquais une arme sur lui.

Le moment était arrivé, je devais le faire. Je plaçais mon regard au bon endroit et je pris le temps de viser. Une fois sûre de la trajectoire qu'allait emprunter la balle, je tirai sans le moindre regret.

Le Protecteur (T1 à 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant