Troisième étage.

2.8K 145 10
                                    

"pensées taciturnes, et pincées nocturnes, ça serait carrément plus facile de flancher"

C'est parfois difficile de savoir que la vie n'est pas si dure, peut-être pas si morose et sombre. C'est même dur de se dire que l'on a besoin d'aide, même si cela nous traverse parfois l'esprit.
Prise sur le bateau de la vie, j'ai le choix, je peux couler et être submergée par tout ce qui m'entoure, ou je peux émerger la tête hors de l'eau et faire face à tout ce qu'il m'attend.

J'apporte mes valises directement dans ma chambre et défais toutes mes affaires enfouies à l'intérieur, de manière si peu soignées que l'on aurait l'impression que j'ai vidé mes tiroirs directement à l'intérieur de celles-ci. Bon c'est plus ou moins ce que j'ai fais de toutes manières. Balançant mes habits par piles (ou plutôt tas) entières, en prenant bien soin de verser ma valise, de la même manière que mes tiroirs en partant du pensionnat, dans ma nouvelle commode ; je m'affairait à foutre le bordel le plus organisé de l'histoire du bazar . Ma mère appuyée contre la porte, le torchon posé sur son épaule, me regardait d'un air triste, presque morose.

Lydie- Ça va ? me demanda-t-elle.
 

J'avais seulement répondu d'un ton sec que oui ça allait, et je lui avais fait comprendre qu'elle pouvait repartir vaquer à se occupations. Après tout ce n'était pas de sa faute. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis mise à lui en vouloir juste maintenant. Peut-être parce-que toute l'excitation de mon retour était retombée et qu'il fallait que je me concentre désormais sur ma vraie vie, celle d'une adulte débordée par son travail et ses problèmes familiaux mais qui arrive quand même malgré tout à tenir sa baraque propre et digne.

Lydie- Je suis désolée mais j'ai pas eu le choix.
Carrie- Je sais.
Lydie-Tu m'en veux ?
Carrie- La gorge serrée. Non.

Fermant ma nouvelle valise pleine d'un coup sec, et tirant la fermeture éclair rapidement, je la soulevait afin de la mettre debout et de la faire rouler jusqu'à la porte d'entrée ou se tenait ma mère. Je lui jetais un dernier regard avant de le baisser et de dire:

Carrie- Pardon. J'aimerais passer.

Ma mère se décala et reniflait.

Lydie- En sanglotant. Je suis vraiment désolée, pardonne-moi...
Carrie- Je sais, tu veux que je te pardonne quoi ? Tu n'as rien fais de mal maman, je ne suis pas dans la normalité, et c'est normal que tu aies été dépassée.
Lydie- Ne dis pas ça, tu es mon unique fille, et quoi que tu fasses et quoi que tu dises, je t'aime et je t'aimerai toujours. Tu n'es pas "pas normale", c'était juste peut-être pas le bon moment...
Carrie- Il n'y a pas de bon moment pour tout ça, et tu le sais pertinemment. Maman, si j'étais aussi parfaite que tu le prétends, on en serait pas là. Mais maintenant c'est terminé, il faut passer à autre chose non ? Je pars une nouvelle fois mais cette fois-ci ce n'est pas vraiment contre mon gré pas vrai ? Je pars à la recherche d'une vie et peut-être d'une carrière à conquérir, c'est tout. 

Décrochant mon manteau du porte manteau, je m'habillais, et descendais les escaliers un à un afin de ne pas trébucher. J'ouvrais le coffre, et finis par y jeter ma valise à l'intérieur puis ce fut au tour la portière arrière de la voiture de s'ouvrir. Je jetais un dernier regard en direction de ma mère qui embrassait mon frère avant notre départ, elle lui chuchotait des paroles à l'oreille, puis lui fit un dernier câlin. Liam descendit les escaliers quatre à quatre, et je regardais ma mère d'un air si vide, j'avais l'impression que ce départ était foncièrement définitif et que je n'allais jamais revenir. Elle m'avait lancé un dernier regard attendrissant et des larmes avaient fini par couler sur sa joue. Mon sourire crispé était le seul et dernier cadeau que je pouvais lui faire.

C'est Lana qui conduisait, elle recula, se posta sur le chemin qui nous dirigeait tout droit vers la grande route. Un dernier regard, un dernier coup de klaxon, les dernières larmes, et les derniers au revoir, et Lana démarra en trombe.

"la vanité d'autrui ne va contre notre goût que quand elle va contre notre vanité" - Friedrich Nietzsche

Don't forget | Zayn MalikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant