Don't forget | Zayn Malik

Chapitre 46 ⊙

« Marre de ce manège, dis-moi qui tient les manettes » -Nekfeu

[Pdv: Carrie]

J'ai passé plus de temps ici, dans cette chambre d'hôtel, que dehors dans  Santa-Monica.
On m'a dit de me montrer en espérant qu'un des gars de Ruiz me repère mais si je ne sors jamais d'ici alors personne ne le retrouvera.

Toute ma vie j'ai vaganbondé entre les chambres d'hôpital, mon ancienne maison et le lycée. Enfin du moins, ce que je me souviens de ma vie, je l'ai passé entre ces trois lieux. Si on oublie les kidnappings, les boîtes et ici, ça fait très limité comme souvenirs d'enfance, non ?

Je n'arrête pas d'y penser depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que ressent une enfant lorsqu'elle joue au parc avec ses amis ? Qu'est-ce qu'elle ressent lorsqu'elle décrète qu'elle a un amoureux toutes les semaines ? C'est vrai qu'est-ce qu'on ressent dans ces moments-là non ?

Je veux dire, ça pourrait paraître pas grand chose pour les autres, mais pour moi c'est beaucoup. Parce-qu'au lieu de jouer dans le sable avec mes amis, je traînais dans la boue en criant à l'aide avec d'autres filles que je ne connaissais même pas.

Est-ce que je m'en veux ? Oui un peu.

Est-ce que c'est une raison de plus à ajouter à la liste de « pourquoi mon paternel devrait être radié de la Terre? » Oui, c'en est une je présume.

Je le déteste pour ce qu'il m'a fait endurer, pour ce qu'il m'a fait perdre. Je le déteste surtout pour ce qu'il nous a fait endurer, plus que pour le temps qu'on a perdu avec lui, enfait. Quand je dis « nous » ce n'est pas seulement Zayn et moi, c'est aussi ma mère et les autres.

Je le déteste et si je devais le tuer de mes propres mains, je crois que je serais capable de le faire rien qu'en repensant à toutes ces fois où il nous a fait du mal. Quand ma mère venait me voir dans ma chambre, un œil au bord noir, une larme coulant de ce même œil, me demandant si tout allait bien. Quand la seule chose qu'elle demandait en pleurant c'était qu'il me laisse, et que lui ne trouvait rien d'autre à faire que de ne pas l'écouter.

Parfois je m'en sortais bien, parfois ce n'était pas le cas, mais à chaque fois, c'est elle qui n'allait pas bien, et elle venait quand même me rassurer, le visage à moitié défoncé, me suppliant de ne pas crier devant l'horreur que son visage m'offrait.
Elle me chuchotait « non ne pleure pas, s'il te plaît », en caressant mon visage, tremblant et pleurant en silence.

Et je savais que je devais me taire, parce-que c'était la seule chose qui m'était autorisée : me taire. Le silence que j'offrais à ma mère, c'était comme si j'offrais à son joli visage une journée de repos avant que ça ne recommence le lendemain. Du moins d'après ses dires. C'est ce qu'elle m'a dit après coup en tout cas.

Je me demande comment ma mère n'est pas défigurée. Même si, sous ses yeux, des zones jaunes et bleues sont toujours apparentes, j'imagine juste que c'est la fatigue qui y joue beaucoup sur son visage plus que les coups de mon père.

Plus tard, la seule chose qui me rappelait mon père chez elle, c'est quand elle enlevait son coll roulé, quand nous étions seules, toutes les deux. Elle demandait souvent « fais un massage à ta maman, la journée a été fatigante », alors je lui massais les épaules gentiment, parce-qu'elle travaillait et que moi je rentrais seulement pour deux mois d'été, j'y devais bien ça.

Quand je lui massais les épaules, mon regard se posait toujours sur le haut de sa poitrine, une cicatrice débordant de son débardeur. Mon père laisse encore des traces même lorsqu'il n'est pas là.

Ma mère m'a fait comprendre que c'était lui, sans vraiment me donner d'explications réelle, mais je ne sais ni avec quoi, ni comment il lui a fait, mais qu'importe, il lui a fait du mal et c'est de ça qu'il faut que je me rappelle. Après tout, c'est quand même un con, que ce soit de sa faute, ou pas.