Dix-huitième étage.

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-dis moi que tu crois-

Est-il possible d'apprécier quelqu'un car il a répondu à nos attentes ? Parce-qu'il a répondu à une question en particulier ? Apprécier les autres ce n'est pas ce qui me définit le mieux mais disons que c'est une chose qui commence à se développer chez moi. 

J'erre dans la cuisine à la recherche de quelque chose à me mettre sous la dent, on dirait que je n'ai pas mangé depuis six jours. Liam est sorti faire des courses et il m'a supplié de ne pas sortir de la maison pour "ma propre sécurité". Comme si j'allais sortir avec l'autre con en liberté. Je n'ai pas d'amis, ce qui ne change pas vraiment de d'habitude, je ne sais pas où nous sommes, nous vivons dans un espèce d'appartement abandonné depuis peu, et en plus de ça je suis asociale. Pourquoi je sortirai ?

Comme dirait Sartre, "dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut, mais on est responsable de ce que l'on est". Je ne fais pas ce que je veux, enfin je ne fais plus ce que je veux, mais est-ce que je suis responsable de qui je suis ? Après tout, je ne me suis pas forgée toute seule, certes c'est en grande partie mes décisions qui ont fait ce que je suis, mais pour le reste, si ma vie n'avait pas du tout été la même, est-ce que je serais passée par toutes ces périodes noires ? Peut-être que Liam ne serait jamais entré dans ma vie lui non plus. Pourtant il est là, enfin il était là, il y a environ une demi heure puisqu'il est partit au supermarché mais, techniquement il est là, bien présent dans ma vie. Tout comme moi je suis présente dans la sienne. Tout ça pour une durée indéterminée je l'espère, tout du moins.

Nous ne serons pas toujours là l'un pour l'autre puisque la vie nous séparera forcément, et j'aimerai que ce soit de la meilleure façon possible, je dois l'avouer. Mais je sais que son empreinte dans mon cœur, elle, restera pour l'éternité. C'est marrant -non pas le fait que la vie va nous séparer- mais je trouve que je suis plutôt poétique aujourd'hui pour quelqu'un qui cherche désespérément quelque chose à manger, j'aurai du sauter le petit déjeuner quand j'avais encore cours de philo. Maintenant que je suis seule dans l'appart, j'ai pleins de regrets par rapport au lycée, tout d'abord j'aurais voulu foutre une patate à cette Debby qui m'a fait chier toute ma scolarité avec ses manières et son argent. Deuxièmement, j'aurai voulu foutre un coup de pied à Debby pour m'avoir coincé les cheveux dans mon casier. Troisièmement, j'aurai voulu raser la tête de Debby, encore, je l'ai déjà fait mais je ne suis parvenue qu'à la moitié de sa grosse tête. Et quatrièmement, j'aurai voulu continuer la philo, je crois que c'est la seule chose d'intéressant lorsque tu vas au lycée.

J'ai fini par dénicher un morceau de fromage dans le congélateur, disons que j'avais dis que je pourrais tout manger, tout mais pas n'importe quoi. Même le fromage me supplie de pas le manger, de peur que j'attrape une maladie encore méconnue des services sociaux.J'abandonne mon idée et prie alors pour que Liam débarque, avec au moins un morceau de pain afin de calmer ma fringale. Au moins un petit morceau. Un tout petit, tout petit petit. Minuscule au pire, je me contenterais de ça.

Après une heure supplémentaire, le voilà qu'il débarque, j'ai entendu le bruit du trousseau de clés, qu'il enfonce maintenant dans la porte. Puis à l'aide de ses fesses il pousse celle-ci et entre les bras chargés de sacs, remplis eux-même à ras-bord de nourriture. J'aurais presque envie de pleurer. Je cours vers Liam afin de l'aider, je sais qu'il veut faire "l'homme", monsieur "j'ai fait la marine, c'est pas des sacs de courses qui vont m'épuiser" mais je vois très bien sur son visage, et en observant son ventre, que ça fait très longtemps qu'il n'a pas fait de sport. Je le décharge alors de deux sacs avant de les poser par terre. Les mains sur la taille, je lui dit:

Carrie- T'es passé par Disney Land avant de faire les courses ? J'ai cru que j'allais mourir de faim.

Liam- Bonjour sœurette, oui j'ai passé une bonne matinée et j'ai franchement bien apprécié le fait que tu me le demandes. Lana va bien et les jumeaux aussi, maman t'embrasses. Oui je t'ai pris tes chocolats. Me récita-t-il en tendant les bras vers moi. Viens faire un câlin à ton frère...

Tel un enfant, il s'approche vers moi et m'emprisonne dans ses bras gros et assez musclés, mes os vont se briser c'est certain. Il sait que je déteste les câlins, ou les embrassades, appelez ça comme vous voulez, de toutes façons je déteste quelque soit le mot. Il se retire de notre étreinte et me pince les joues avant de me ré-embrasser. Je reste figée et immobile mais bizarrement il me fait sourire. Cette sensation me fait découvrir quelque chose de nouveau en moi, à ces gestes tendres je décide finalement de faire un grand pas dans la vie: je l'entoure de mes bras aussi.

"n'ayez pas peur d'être heureux c'est juste un bon moment à passer" -Romain Gary.

Don't forget | Zayn MalikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant