Les loups ont des sentiments

Chapitre 4 : "Bonjour, Potter"

        Cela faisait une semaine que Snape était chez Lupin, trois jours qu'il était réveillé et il se sentait bien mieux. Ses côtes ne lui faisaient presque plus mal, il n'avait plus eu d'hémorragie et commençait à se sentir moins fatigué. Car ces trois derniers jours, il avait passé la plupart de son temps à dormir, épuisé par le venin de Nagini dont il avait dû combattre les effets. Libéré de son lien avec le Seigneur des ténèbres et son passé douloureux, il avait laissé sa rancoeur derrière lui et avait alors découvert que la compagnie de Lupin était tout à fait agréable. Mais un problème persistait : il ne pouvait rester caché éternellement. Il y pensait constamment et se disait parfois qu'il n'avait pas si envie de retourner dans le monde magique. Disparaitre définitivement de ce monde qui l'avait tant fait souffrir ne semblait pas une mauvaise idée, il ne surprit même une ou deux fois à réfléchir à une nouvelle vie dans le monde moldu. Ce ne serait pas si compliqué que ça à faire, mais renoncer à presque tout du seul monde que l'on connait depuis si longtemps ne se fait pas à la légère. 

« Minerva m'a proposé de reprendre son poste de prof de métamorphose, annonça Lupin pendant qu'ils déjeunaient. Puisqu'elle récupère celui de directrice. 
—  Ah, c'est une bonne chose, non ? Tu avais l'air d'aimer être prof. 
—  Oui, je suis très content. Mais, ils n'ont pas de professeur de défense pour l'instant. 
Snape ne répondit pas. En fait, il n'avait pas vraiment perçu le sous-entendu de Lupin, qui poursuivit plus explicitement. 
—  Je me disais... tu ne voudrais pas reprendre ce poste ? 
—  Ça serait compliqué sans que l'on remarque que je ne suis pas mort, fit remarquer Snape qui, comprenant où voulait en venir Lupin, ne comptait pas l'aider à y arriver. 
—  Justement, maintenant que tu te sens mieux, il serait peut-être temps de dire la vérité. 
—  Pour quoi faire ? 
—  Comment ça pour quoi faire ? Enfin Severus, Harry te regrette, Minerva aussi, tout le monde s'en veut de t'avoir pris pour un traître ! Tu ne peux pas continuer de faire le mort alors que tous aimeraient tant te revoir, comprendre... Enfin Severus ! 
—  Je crois avoir assez pensé aux autres ces dernières années, Remus, je me fiche totalement de leurs états d'âme. 
—  Mais... tu comptes revenir à un moment, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? insista Lupin devant le silence de Snape. Severus, tu as lu les journaux ; rien que pour ça, tu dois revenir. 

       En effet, après la bataille de Poudlard, l'absence du corps de Snape avait fait grand bruit et l'on avait alors soupçonné les mangemorts d'y être pour quelque chose mais s'ils avaient avoué pour sa maison détruite, tous niaient avoir touché au corps. 
—  C'est à moi de décider, Remus. 
—  Mais... non ! Justement, il ne s'agit pas que de toi, Severus, tu ne peux pas prétendre que tu es mort comme ça ! Je comprends, et je suis sûr qu'ils comprendront aussi, que tu aies besoin d'un peu de temps, mais tu ne peux pas...cherchait-il ses mots. Enfin tu ne peux pas faire ça ! Même moi, je... je ne vais pas pouvoir leur mentir toute ma vie. Tu imagines l'embarras dans lequel je suis quand on me demande ce que je pense de la disparition de ta dépouille ? Tu m'imagines à tes funérailles quand ils auront arrêté de te chercher ? Alors que je saurai pertinemment que tu es en parfaite santé chez moi ? 

       Snape ne s'était pas attendu à ce que Lupin s'énerve ainsi. Enfin, s'énerver était un bien grand mot, Lupin restait l'une des personnes les plus calmes du monde, mais il ne s'attendait pas à ce que Lupin s'oppose à lui. 
—  Je ne sais pas quoi te dire, Remus, je... j'ai besoin d'encore un peu de temps pour penser à tout cela. 
—  Et c'est combien de temps, « un peu de temps » ? Plus tu attendras, plus ça sera compliqué, pour toi comme pour moi. Severus, tu dois au moins la vérité à Harry. 
—  Oui, à Potter sans doute. 
—  Il vient prendre le thé chez moi demain, ça serait le bon moment. 
—  Demain ? 
—  Je n'ai pas proposé à Ron et à Hermione, mais je crois que ça serait bien qu'eux aussi soient là. 
—  Fais comme tu veux, Remus, finit par répondre Snape d'un ton las après un moment de silence.