Chapitre 16 : "Les oiseaux volent bas"

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        L'après dispute entre Louis et Snape fut pour le moins embarrassante pour Snape. Lorsqu'il se retourna vers le groupe qui prenait l'apéritif dans le petit salon extérieur, tous le regardaient fixement, et aucun ne prit la peine de détourner les yeux pour éviter un trop grand malaise au professeur de Défense contre les forces du mal. Snape décida cependant d'ignorer la situation terriblement gênante et revint parmi eux, permettant à la soirée de continuer normalement, malgré les regards et chuchotements qu'il sentit derrière son dos. 


       La nuit était tombée à présent et tous étaient retournés à leur appartement. Lupin se brossait les dents dans la salle de bain. Il se rinça la bouche et observa dans le miroir le reflet de son visage qui lui rendait son regard, rendu blafard par l'éclairage froid de la pièce. Il repensa à ce que Louis avait dit juste avant de partir : « Retourne baver sur Remus, il attend que ça. » Son esprit prit le soin de ne se concentrer que sur la première partie de la phrase ; l'action de « baver sur quelqu'un » n'était pas quelque chose que l'on associait naturellement à Snape, qui était plutôt du genre distant et hautain, mais il était vrai que son comportement s'était considérablement adouci depuis la fin de la guerre. On ne pouvait cependant pas dire qu'il était le genre de personne qui étalait son affection aux yeux de tous ; Lupin ne pouvait pourtant nier que Snape n'avait pas tout à fait la même attitude avec lui, il était bien plus joyeux et bien moins effrayant en sa compagnie. Lupin avait déjà réfléchi au comportement de Snape et s'était déjà demandé s'il ne traduisait pas une certaine attirance du Serpentard pour lui mais il avait fini par écarter cette idée de son esprit. Il devait pourtant s'avouer qu'il comprenait parfaitement que Louis soit parfois jaloux de lui ; il ne faisait aucun doute que Snape et lui s'entendaient bien mieux, ils avaient une évidente alchimie que l'on ne retrouvait pas avec Louis. 
       Et s'il était totalement honnête avec lui-même, Lupin en jouait parfois ; si Snape n'y faisait souvent pas attention, Lupin, lui, remarquait tout de suite quand Louis commençait à se sentir jaloux de la complicité des deux professeurs, mais ne faisait généralement rien pour lui épargner ce sentiment douloureux. Au contraire, il lui arrivait même parfois de prendre un certain plaisir à voir que seul lui pouvait se vanter d'être réellement proche de Severus Snape et s'arrangeait pour que cela soit encore plus évident pour Louis que Snape n'avait pas pour son copain l'estime qu'il avait pour Lupin. Le Gryffondor devait bien se l'avouer, il aimait rendre Louis jaloux car cela lui conférait une place spéciale auprès de Snape. 
—  Non, ça n'a pas de sens, se murmura-t-il à lui-même. 
Certes Lupin était fier d'être un ami proche de Snape, mais il ne tirait aucune satisfaction à rendre Louis jaloux, à quoi cela lui aurait-il servi ? Il n'était pas ce genre de personne ; il ne pouvait dire qu'il portait Louis dans son coeur, mais il n'avait aucune raison de lui vouloir du mal. 
       Quant à Snape, il faisait simplement preuve de maladresse car c'était sa première vraie relation depuis longtemps et qu'il était, il fallait le dire, bien moins amoureux que Louis. 


       Sur ces pensées rassurantes, Lupin alla se coucher. 


        Malheureusement pour lui, il n'avait pas réussi à se convaincre de ses conclusions de cette soirée et, bien malgré lui, il continua d'y penser les jours suivants ; il ne pouvait s'empêcher de voir dans certaines attitudes de Snape un indice d'une potentielle attirance. Mais il ne repensa pas vraiment à son propre comportement envers Louis. 


       Snape était allé voir Louis le lendemain de leur dispute et lui avait promis de faire des efforts, aussi cette histoire était à présent derrière eux. Quelques jours avaient passés et Louis était absent pour quelques temps, il rendait visite à sa mère. Snape s'était donc retrouvé comme Lupin libéré de toute contrainte de type petit copain et ils pouvaient passer du temps ensemble sans rendre personne jaloux. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant