Chapitre 38 : "Je suis fatigué mais pas insensible"

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« Sev' ! Tu ne croiras jamais ce que j'ai réussi à obtenir ! 
Lupin venait d'arriver en trombe dans l'appartement, surexcité. 
—  Qu'y a-t-il ? 
—  J'ai acheté deux billets pour le concert des Red Hot ! 
—  Le concert de ce soir ? demanda Snape incrédule. 
—  Oui ! Bill devait y aller avec son frère Charlie mais il a eu un accident avec un dragon. Bill n'avait pas envie d'y aller sans son frère, alors il me les a vendus. 
—  Où sommes-nous ? 
—  Dans la fausse, bien sûr ! 
—  Par les fondateurs de Poudlard et tous leurs descendants, Remus, je ne t'ai jamais autant aimé ! 
       Snape s'était levé d'un bond et contemplait avec admiration les billets que lui tendait Lupin. Mais soudain son visage s'assombrit. 
—  Oh, j'étais censé passer la soirée avec Louis, il va me faire une crise, c'est sûr. 
—  Il va comprendre, non ? Ce sont les Red Hot, tout de même. 
—  Tu le connais, il ne va pas comprendre. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je n'ai pas envie de me disputer avec lui. 
—  Tu te moques de moi, Severus ? s'estomaqua Lupin. Tu ne crois pas que Louis peut survivre à une nuit sans toi ? Enfin, c'est l'opportunité d'une vie ! 
—  Je ne sais pas. Il ne voudra jamais. 
Exaspéré, Lupin lança un regard noir à Snape. 
—  Très bien, dit-il en tournant les talons. J'en ai plus qu'assez. Alors toi, tu fais ce que tu veux, mais moi j'y vais. Tiens, ton billet. 
Lupin jeta le billet par-dessus son épaule et commença à partir. 


       Surpris par cette attitude qui ressemblait si peu à Lupin, Snape resta un instant planté dans le salon avant de rattraper le Gryffondor qui marchait déjà à grandes enjambées dans le couloir. 
—  Remus, attends ! Qu'est-ce qui te prend de réagir ainsi ? 
Lupin se retourna, furieux. 
—  Qu'est-ce qui me prend ? QU'EST-CE QUI ME PREND ? Tu te fous de ma gueule ? Il me prend que tu me fais passer après un abruti dont tu n'as rien à foutre juste parce que tu ne veux pas qu'il te boude pour pouvoir coucher quand tu veux ! J'en ai plus qu'assez de Louis, Severus, je ne supporte plus ses crises de jalousie que tu lui passes comme si de rien n'était. J'en ai rien à foutre d'à quel point il baise bien, j'en peux plus que tu me fasses passer après comme si je n'étais rien pour toi ! Enfin merde, t'es aveugle ou quoi ? Tu voix pas que ça me fais mal de te voir avec lui ? Tu vois pas que ça me fait chier de devoir te partager ? Tout le monde le voit, même Louis, il l'a vu ! Même les élèves le voient ! 
—  Voient quoi ? demanda Snape d'une petite voix. 
—  Putain, mais Severus, réveille-toi, je suis amoureux de toi ! hurla Lupin au bord des larmes. Enfin, pourquoi est-ce que tu crois que Louis pique des crises dès que je t'approche ? 
       Snape ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Lupin se calma et recula d'un pas. 
—  Tu fais chier, dit-il d'une voix calme avant de tourner les talons de nouveau et de cette fois s'en aller pour de bon. 
       Bon, voilà qui était dit. Finalement il avait parlé. Crié serait plus exact. Ça ne s'était pas vraiment passé comme il l'aurait espéré, mais c'était sorti. 


       Il espéra que Snape le rattraperait une nouvelle fois mais personne ne l'arrêta. Il marcha longuement dans la forêt interdite avant d'enfin se calmer complètement. L'heure du concert approchait et il se décida finalement à y aller seul, ça lui changerait les esprits. Il retourna à l'appartement en espérant que Snape n'y serait pas et ce fut le cas, il n'y avait personne. Il prit une douche rapide, enfila des vêtements moldus et se rendit au concert, dans une petite salle du centre de Londres que seuls les vrais amateurs de musique connaissaient et que Sirius lui avait fait découvrir. Il passa une très bonne soirée et se fit même deux nouveaux amis —qu'il ne reverrait sûrement jamais— avec qui il alla boire un verre avant de rentrer chez lui. Snape n'était pas là, la porte de sa chambre était ouverte. Lupin supposa qu'il était chez Louis. 


        Le lendemain matin, le Gryffondor remarqua que Snape était rentré bien tôt de chez Louis, mais aucun des deux ne s'adressa la parole. Lupin pensa un instant à s'excuser mais, comme lui fit remarquer McGonagall lorsqu'il alla lui raconter ce qu'il s'était passé : 
—  Ce n'est certainement pas à toi de t'excuser. Celui qui est en faute, c'est Severus. Même si ça n'est pas son fort, il va devoir apprendre à avoir des amis. Personne ne lui demande d'être un expert en relations humaines, mais tu n'as pas à faire l'effort d'aller vers lui. C'est à lui de s'excuser pour son attitude. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant