Noël était dans quatre jours et les vacances venaient de commencer. Snape était revenu à Poudlard à l'heure du déjeuner après quelques jours de convalescence. Il avait dû traverser le douloureux moment de l'interrogatoire par les aurors de ce qu'il s'était passé durant ces quatre mois de disparition. Il n'avait dit que le strict minimum mais son cerveau, lui, avait tout passé en revue. Il avait raconté comment il s'était retrouvé pris au piège dans une forêt magique sans préciser ce qu'il y avait vu, et s'était réveillé dans une cellule sans pouvoir utiliser la magie. Il avait évoqué la torture sans la décrire et expliqué que sa raison était pure vengeance pour sa trahison du lord noir. Puis il y avait eu l'arrivée de Narcissa Malfoy, présente plus ou moins pour les mêmes raisons —elle avait menti à Voldemort sur la mort de Harry Potter—, mais avait occulté la période pour simplement dire qu'elle avait fini par succomber sous leurs coups et avait alors expliqué que les sorciers qui le gardaient enfermé avaient cru pouvoir lever la barrière magique sans danger, ce qui fut vrai un temps tant il était faible, mais qu'ils l'avaient provoqué et qu'alors sans pouvoir l'expliquer, il avait soudainement débordé de magie. Il avait hésité un instant à ce stade : devait-il dire qu'il avait tué les neufs fidèles au Seigneur des ténèbres —car même les deux absents de la petite provocation de Kyle étaient dans la maison et avaient donc été victimes de la colère de Snape ? Mais s'il ne le disait pas, les aurors se lanceraient dans des recherches vaines. Alors il avoua froidement, en arrangeant la vérité, que sa magie avait fait s'ébouler la maison et que tous étaient morts. Puis il avait volé et marché vers le nord —comment savait-il qu'il devait aller vers le nord, il ne sut dire, comme il occulta sa capacité à se transformer en loup— pendant près de trois jours et était arrivé à Poudlard. Les aurors n'en avaient pas demandé plus.
En revanche, Drago Malfoy n'était pas satisfait. Il voulait savoir ce qu'il était arrivé à sa mère, précisément. Mais Snape refusait de lui en parler. Il lui assurait que ça n'avait pas d'intérêt de savoir de telles choses mais Drago insistait. Et Snape savait qu'il ne pourrait y échapper bien longtemps.
Lupin ne se contentait pas non plus de cette déclaration officielle bien évasive, et Snape le savait ; il voyait ses regards en coin, mais Lupin se retenait pour l'instant. Globalement, bien qu'il ne voyait pas grand monde, toujours fatigué —et peut-être un peu traumatisé—, il remarquait que tous étaient très curieux, avides d'en savoir plus, mais il n'avait heureusement pas perdu son aura terrifiante et personne n'osait venir l'embêter.
Harry Potter était venu le voir à Sainte-Mangouste, ce qui avait été un moment très embarrassant. Snape avait senti l'envie du plus jeune de lui exprimer une forme de gratitude suite aux révélations le jour de la bataille de Poudlard, gratitude qu'il n'avait jamais pu exprimer en raison de contacts restreints autant que possible depuis le coup d'éclat de Potter lorsqu'il avait appris que Snape n'était pas mort. Mais ils avaient finalement réussi à s'exprimer à leur manière :
— Remus m'a dit que vous aviez participé aux recherches pour me trouver, avait déclaré d'une voix froide Snape alors que Potter s'en allait déjà.
— Bien sûr, répondit-il en rougissant légèrement. Vous étiez le meilleur ami de ma mère. Et sans vous nous n'aurions jamais pu faire tomber Voldemort.
Ils s'étaient regardé un instant puis Snape avait simplement incliné légèrement la tête dans un mouvement sec et Potter avait répondu d'un timide sourire. Ils s'étaient compris. La hache de guerre était définitivement enterrée, les compteurs remis à zéro. Chacun s'était excusé et avait remercié l'autre dans cette petite interaction.
Snape était assis dans un fauteuil de son nouvellement retrouvé appartement. Il lisait les jambes étendues, un air concentré sur le visage. Lupin le regardait depuis la table de la salle à manger sur laquelle il avait étalé un tas de copies. Il n'en revenait toujours pas : Severus Snape était de retour, il n'était pas mort, il était en train de lire dans son salon comme autrefois. Encore une fois, Snape avait trouvé le moyen de le contredire : à peine perdait-il espoir de le retrouver vivant que Snape débarquait quelques jours plus tard, relativement vivant certes, mais vivant quand même.
— Je sais que je suis magnifique, Lupin, mais j'apprécierais que tu cesses de me fixer, tu risques de baver sur tes copies.
— Désolé, fut-il sorti de ses pensées en rougissant.
Il se reconcentra sur ses copies.
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Les loups ont des sentiments
FanfictionSnape a été assassiné par Voldemort. Et pourtant, il est toujours vivant. Décidant alors de laisser son passé derrière lui après la chute du lord noir, Snape se laisse approcher par Lupin. Mais son passé, lui, ne semble pas tout à fait prêt à le la...