Chapitre 7 : "Elle doit penser qu'il est riche"

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        Cela faisait plus d'un mois à présent que les cours avaient repris, nous étions mi-juin et il faisait beau. D'ordinaire, en cette période, les élèves auraient dû être en examen, mais cette année ayant été perturbée, ceux-ci étaient décalés de deux semaines, ainsi que la fin des cours. 
       Snape et Lupin avaient pris leurs habitudes : ils écoutaient régulièrement de la musique ensemble, s'en faisaient découvrir de nouvelles ou se replongeaient dans de vieilles chansons tout en corrigeant des copies, en se baladant ou pendant que Snape faisait ses potions dans son cachot. Ils regardaient régulièrement des films, tentant de convertir Chourave au septième art avec assez peu de succès ; mais ils s'en amusaient. Ils avaient tenté à plusieurs reprises et tentaient encore de lui faire voir la beauté des plus grands classiques mais même les films drôles semblaient lui passer au-dessus. Les sorciers avant la génération de Snape et Lupin étaient très peu réceptifs aux divertissements du monde moldu et passaient à côté de beaucoup de choses, mais vraiment, le cinéma, quelle honte ! 


       On pouvait dire qu'en cette période estivale, la vie de Snape et Lupin s'était mise à radicalement changer. Les professeurs avaient continué leurs sorties régulières le vendredi soir, mais cela ne suffisait pas aux deux hommes de trente-huit ans dont les vingt (disons dix-sept) dernières années avaient été volées. Pour rajouter à leur soif de vie, l'épisode de jalousie de Lupin le premier week-end qu'ils avaient passé à Poudlard après la bataille n'avait été que le premier d'une longue liste. Et cette jalousie était des deux côtés. En fait, cela devenait évident pour ceux qui les côtoyaient de près que quelque chose d'autre s'était glissé dans leur amitié nouvelle, mais aucun des deux n'était décidé à faire le premier pas vers ce quelque chose et ils avaient commencé en ce mois de juin à se livrer à un jeu pas franchement des plus matures : ils faisaient tout pour rendre l'autre le plus jaloux possible. 


       Et c'est ainsi qu'en ce vendredi dix juin, leur jeu prit une tournure un peu différente. Sur proposition de Nymphadora Tonks et Mary Engleton (une collègue potionniste de Snape qui travaillait dans la médecine magique) accompagnées de quelques amis, ils allèrent en ville ce soir-là. 
L'ambiance était plutôt bonne mais Snape ne pouvait s'empêcher de jeter des regards réguliers à Lupin et Tonks ; il avait bien remarqué que celle-ci lui tournait autour et ça ne lui plaisait pas vraiment. Snape n'aimait pas tellement Tonks. Il était devenu professeur à Poudlard trois ans avant qu'elle n'intègre l'école et ne l'avait jamais portée dans son coeur. Toujours dissipée, elle avait été la cause de nombreux incidents pendant ses cours et ne s'était sérieusement mise à travailler cette matière que lorsque son projet de devenir auror était arrivé. En dehors des cours aussi elle avait posé quelques problèmes aux professeurs et son excentricité et sa maladresse maladive avaient toujours agacé Snape. 


        Rapidement, la soirée se poursuivit en boîte. Tonks ne se décollait pas de Lupin, ce qui énervait le Serpentard au plus haut point. Bien sûr, Lupin faisait ce qu'il voulait, Snape n'en avait cure, ça n'était pas son problème. Mais cette Tonks était d'une stupidité... 
       Assis dans un canapé, Snape les observait tous les deux au bar, penchés l'un vers l'autre pour s'entendre parler au milieu de la musique. Lui-même répondait vaguement par des sourires et des hochements de tête distraits à la fille qui lui parlait, collée à lui. Blonde, la taille fine, la poitrine imposante et le visage peinturluré de maquillage, elle n'était franchement pas intéressante, mais c'était moins fatigant de la laisser parler que de lui demander de partir. 
Snape vit alors la main de Tonks saisir doucement celle de Lupin. Elle se pencha vers lui et l'embrassa. Dégoûté par cette vision, Snape détourna le regard. Il se retrouva alors face à la blonde qui lui parlait –Sophia ?–, tout près de son visage et, voyant qu'elle n'attendait que ça, l'embrassa à pleine bouche. Lupin le vit et Tonks, en le sentant s'arrêter, tourna la tête vers l'endroit qu'il regardait. 
—  Eh ben on n'est pas les seuls à se faire plaisir ! dit-elle d'un ton enjoué. Ça fait bizarre de voir Severus avec une bombe pareille, elle doit penser qu'il est riche. 
Lupin lui sourit mais il avait eu une drôle de sensation en voyant Snape rouler des pelles à cette pimbêche, et la remarque de Tonks ne lui avait pas tellement plu. Il se reprit vite cependant. En reportant son regard sur Tonks, il décida qu'il était temps de profiter de ce qu'il avait, c'est-à-dire une adorable femme très drôle qui avait envie de lui. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant