Chapitre 34 : "Où est maman ?"

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        A peine Lupin était-il sorti de l'infirmerie pour aller fumer une cigarette sur les marches de la grande entrée de Poudlard qu'un nouveau perturbateur arriva. Seulement mis au courant quelques minutes auparavant par Harry Potter qui s'était rendu compte que, reculé dans un coin du château, l'information ne lui était sûrement par parvenue, Drago Malfoy déboula comme une furie dans l'infirmerie. 
—  OÙ EST-IL ? OÙ EST-IL ? JE VEUX LE VOIR ! 
       Tous avaient sursauté et levé la tête vers le jeune homme mais les médicomages replongèrent dans leur travail presque aussitôt après avoir lancé un regard à Pomfresh qui signifiait « Tu t'en occupes ? » et que celle-ci ait acquiescé. Mme Weasley et elle se précipitèrent vers lui pour l'intercepter et le calmer. 
—  Drago, tu ne peux pas le– 
—  DÉGAGEZ ! voulut-il les pousser de son chemin sans succès. LAISSEZ-MOI PASSER ! SEVERUS ! SEVERUS ! LÂCHEZ-MOI BANDE D'IDIOTES, JE DOIS LE V– 
      Drago Malfoy s'arrêta net. Le professeur McGonagall s'était avancée sans un mot et venait de lui asséner une gifle. Certes pas très forte mais un fourmillement lui parcourait tout de même la joue. 
—  Etes-vous calmé, M. Malfoy ? 
Choqué, il ne répondit pas. 
—  Bien, je suis désolée pour ce geste mais à l'avenir je vous demanderai de ne pas hurler d'insulte à mes employés, quelque soit la situation, et cela encore moins en présence d'un malade. 
       Reprenant un peu de contenance, Malfoy récupéra son air hautain et répéta sans crier mais avec hargne : 
—  Je veux le voir immédiatement. 
—  Je suis désolée M. Malfoy, croyez-le bien, mais ça n'est pas possible. Cela ne servirait de toute façon à rien, il est inconscient et n'est pas prêt de se réveiller. 
—  Il est inconscient ? répéta le Serpentard, dépité. Mmm-mais, a-t-il dit quelque chose avant de perdre connaissance ? 
       Toute trace de supériorité avait disparu de son visage et il avait à présent l'air d'un enfant effrayé —ce qu'il était plus ou moins. Sachant où il voulait en venir, McGonagall le regarda avec tristesse. 
—  Non, M. Malfoy, je suis désolée, il n'y a aucune trace de votre mère. Il est revenu seul et n'a pas eu le temps de parler. 
       Le visage de Malfoy se décomposa et il tituba mais Mme Weasley le rattrapa et l'assit sur la chaise que fit apparaître Pomfresh. 
—  Il est revenu seul, murmura-t-il. 
Tous crurent un instant qu'il allait pleurer, mais les larmes qui menaçaient de déborder disparurent et il tourna la tête vers le lit entouré d'innombrables machines et potions. 
—  Et lui ? Comment va-t-il ? 
—  Son pronostic vital est toujours engagé, répondit Pomfresh. 
Malfoy acquiesça. Jamais son teint pâle n'avait été aussi blanc. 


       Les professeurs McGonagall, Flitwick et Weasley finirent par partirent mais Malfoy refusa de quitter le chevet de celui qui savait peut-être où était sa mère, se privant de sommeil. Snape ne fut transféré à Sainte-Mangouste que la nuit suivante lorsqu'enfin, son état se stabilisa légèrement : sa survie n'était plus directement menacée, mais son réveil futur n'en restait pas moins incertain. Toujours sous assistance respiratoire, Snape avait enfin recouvré un pouls qui ne nécessitait plus une assistance constante pour le maintenir à un rythme suffisant et son état de déshydratation était moins avancé. En somme, il était de retour dans les limites —très limites— de ce qu'un humain peut normalement supporter, et l'équipe de Sainte-Mangouste allait réellement pouvoir s'adonner à réparer toutes ses blessures corporelles, ce qui allait demander du temps et de nombreuses interventions. L'état d'alerte avait été levé à l'école de sorcellerie et des aurors avaient tenté de de trouver des indices sur ce qu'il s'était passé mais, comme lors de sa disparition, rien. Deux aurors étaient en permanence de garde autour de la chambre surprotégée de Snape, ce qui permettait à Malfoy d'y rester également, toujours sous protection stricte depuis l'attaque à son domicile. 
       Lupin était lui aussi la plupart du temps au chevet de Snape. Lui et Malfoy restaient assis en silence, attendant, inquiets. Ils voyaient défiler les médicomages et sentaient la tension dans leurs discussions mais personne ne leur expliquait ce qu'il se passait. Finalement, après avoir passé vingt-quatre heures à Sainte-Mangouste, l'une d'entre eux, une femme ronde aux cheveux d'un roux clair ramassés en un chignon désordonné tenu par un crayon —et dont Malfoy ne put s'empêcher de remarquer la grande beauté—, vint leur expliquer ce qui semblait tant les tracasser. 
—  Messieurs, vous êtes les proches de M. Snape ? 
—  Euh, oui, se levèrent-ils tous deux dans un même mouvement maladroit en serrant tour à tour la main qu'elle leur tendait. 
—  Bien. Nous aimerions, mes confrères et moi, vous faire part de la situation... particulière dans laquelle nous place M. Snape. Malheureusement je ne vais pas pouvoir vous expliquer grand chose puisque, justement, nous ne comprenons pas certaines des données que nous relevons depuis ces dernières vingt heures. 
       Lupin et Malfoy la fixaient tous deux d'un regard inquiet, légèrement penchés en avant. Lupin avait la bouche entrouverte. 
—  Son cerveau présente une activité anormale. Au vu de son état d'épuisement, il devrait être plongé dans une presque cessation d'activité, comme lors de la phase de sommeil la plus profonde, sans rêve, or, c'est loin d'être le cas. Cela pourrait éventuellement être le signe d'une résilience particulièrement rapide, mais tous les autres indicateurs, son rythme cardiaque, respiratoire, la qualité de son sang, etc, sont toujours dans un état critique qui devrait empêcher une telle activité. C'est comme si une vie indépendante faisait fonctionner son cerveau à part. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant