Chapitre 22 : "Réveille-toi !"

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        Snape était malade. Très malade. Il avait une fièvre épouvantable, des courbatures dans tout le corps et sa tête lui semblait peser une tonne. La nuit après avoir creusé sa tombe, la fraîcheur salvatrice de sa cellule après la chaleur insupportable qu'il avait affrontée toute la journée au soleil dans son gros manteau était rapidement devenue un froid désagréable qui l'avait fait greloter une bonne partie de la nuit alors que la puissante lumière blanche qui éclairait la pièce l'avait privé de tout sommeil. Épuisé, déshydraté, affamé et blessé, son corps n'avait pas supporté le changement brusque de température et Snape se retrouvait à présent très mal en point. 


       La bouche entrouverte, il regardait dans le vague, sa tête trop lourde pour être soutenue appuyée contre le mur froid de la cellule. Sa respiration était sifflante et il sentait des frissons le parcourir jusqu'au plus profond de son corps. Ses bras croisés sur son ventre et ses genoux ramenés vers lui, il tentait de laisser le moins de froid possible l'atteindre mais il avait déjà pénétré jusqu'à la moelle de ses os. 
       Il ne s'était jamais senti si vulnérable et cela l'énervait ; il ne comprenait pas pourquoi son corps cédait si rapidement, pourquoi sa résistance à de telles conditions, à la torture, semblait avoir disparu. Bien sûr, l'impossibilité de faire la moindre magie dans ce lieu lui enlevait déjà une grande force car sa magie lui aurait évidemment permis de mieux se protéger, mais même sans cela, il connaissait ses capacités et était censé pouvoir encaisser bien plus de choses qu'un humain lambda. Mais cette fois, son organisme lui faisait défaut. 


       Il avala avec difficulté sa salive anormalement sèche et se mit, autant que son cerveau embrumé en était capable, à penser à Lupin. Il supposait que Lupin n'était pas entre leurs mains et qu'il s'en était sorti, car s'il avait été à leur merci, ses ravisseurs se seraient servi de lui pour torturer Snape : lui faire du mal devant l'ancien mangemort sans qu'il puisse faire quoi que ce soit aurait eu bien plus d'effet que de faire directement souffrir Snape. Et s'il était mort, Snape l'aurait su également, ils s'en seraient vanté. Or ils n'avaient pas fait une seule allusion à son ami loup-garou, il devait donc être à l'abri, loin d'ici. Snape avait donc pensé que, puisqu'il était quasiment certain que Lupin était en sécurité, il n'avait plus besoin de rester en vie et pourrait couper court aux tortures qui lui étaient infligées. Mais le seul moyen qu'il avait était d'arrêter de se nourrir et il était extrêmement simple de forcer quelqu'un à manger. Il avait pensé à provoquer suffisamment un de ces imbéciles qui le gardaient prisonnier ici pour qu'il le tue, mais il n'aimait pas tellement l'idée de cette mort humiliante sur laquelle il n'aurait pas vraiment de contrôle. 
       Et puis, Lupin avait perdu assez de personnes dans sa vie, Snape n'avait pas besoin de s'ajouter au tableau déjà bien rempli des plus proches amis du loup-garou morts sous les coups du Seigneur des ténèbres ou de ses partisans. Il se devait donc, même s'il doutait fortement de sortir d'ici vivant, de tenter de survivre le plus longtemps possible dans l'espoir de s'échapper un jour, et d'éviter une nouvelle perte à Lupin. 
       Cela ne lui plaisait pas, mais il allait devoir supporter sans broncher les ignominies que lui réservaient Kyle et ses acolytes. 


        La lourde porte de métal s'ouvrit et Snape leva les yeux vers l'homme qui était entré. C'était le grand homme blond aux yeux bleus qui était censé être mort depuis plusieurs années. 
—  Bien dormi, Snape ? demanda-t-il avec un sourire narquois. D'après ta tête, je dirais que non. 
       Pour toute réaction, Snape poussa un soupir et détourna les yeux pour les laisser retomber dans le vague. 
—  Allez, lève-toi, ordonna le blond. 
       Snape obéit difficilement, tentant de ne pas trop laisser paraître son état douloureux, mais il n'échappa pas à Braceus que le prisonnier semblait mal en point : il avait dû s'appuyer de tout son poids contre le mur pour réussir à se hisser sur ses pieds et resta un instant le dos contre la paroi de pierre avant de s'en détacher pour avancer d'une démarche fatiguée vers la porte. Braceus le saisit durement par un bras et l'entraîna dans le couloir. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant