Lupin se réveilla dans son lit. Snape n'était pas dans l'appartement. Il était sûrement parti se balader dans le parc, il aimait beaucoup ses balades matinales sous sa forme de loup, dans sa fourrure à l'épreuve du froid. Un peu déçu, Lupin dut donc partir à son premier cours sans l'avoir vu.
Il ne réapparut qu'à l'heure du déjeuner, le teint d'une fraîcheur éclatante après des heures passées dans le froid de cette fin d'hiver.
— Bonjour, fit-il d'une voix suave avec un petit sourire.
— Bonjour, répondit Lupin en lui rendant un sourire éclatant.
Malheureusement, le monde qui les entourait les empêchait de s'autoriser le moindre geste d'affection et ils s'assirent simplement l'un à côté de l'autre, se laissant glisser dans le silence confortable des amoureux qui se disent bien plus de choses ainsi que par de simples paroles.
Ils comptaient tous les deux sur le petit instant de battement avant la reprise des cours pour se retrouver seuls, mais ils durent faire preuve d'encore un peu de patience. Lorsqu'ils se levèrent, McGonagall rappela Snape.
— Severus ! Ne pars pas s'il te plaît, j'ai à te parler.
Lupin eut un regard déçu auquel Snape répondit par un haussement d'épaule qui signifiait plus ou moins un « tant pis » un peu ironique.
Snape suivit McGonagall dans son bureau. Il n'avait quasiment pas changé depuis la mort de Dumbledore. Lui-même l'avait laissé en l'état lorsqu'il l'avait occupé, et il ne fut pas surpris que la nouvelle directrice, qui avait été si proche du vieux fou, le conserve presque comme un sanctuaire.
— D'abord, je tiens à t'exprimer mon ravissement quant à votre nouvelle relation à toi et Remus. Il était plus que temps.
Snape arqua les sourcils et ne répondit rien.
— Mais je ne t'ai pas fait venir ici pour cela. Comme tu le sais, il est prévu que tu reprennes le poste de professeur de Défense à la rentrée prochaine et que Molly en occupe un autre. Elle sera en charge de la vie étudiante au sein de l'école.
— Ce consiste en ?
— Ce qui consiste en l'organisation d'événements —ce qui était toujours très chaotique sous la direction d'Albus qui organisait toujours tout au dernier moment et sans cohérence, marmonna-t-elle très vite—, de soutien aux devoirs ou d'autres ateliers de ce genre. En fait, il s'agira surtout d'accompagner les initiatives des élèves et d'y assurer une présence responsable.
— Molly Weasley est la présence responsable ? demanda sarcastiquement Snape.
— Severus, je t'en prie !
— Poursuivez car je ne vois pas encore le lien que cela a avec moi.
— Eh bien, Molly a besoin d'un petit peu de temps pour organiser cela et je voudrais que tu reprennes la moitié de ses classes au retour des vacances de printemps qui démarreront dans trois semaines.
— Si vous voulez, Minerva, répondit Snape d'un ton désintéressé.
— Très bien, je te laisse voir avec Molly directement pour savoir où elle en est dans les programmes. La répartition des classes se fera au hasard, je vous enverrai cela demain. Ah moins que tu n'aies une préférence ?
— Je n'aime pas les premières années.
— Non, ça sera au hasard.
— Pourquoi m'imposer ces idiots ? soupira Snape qui se demandait pourquoi lui avoir demandé son avis si c'était pour le balayer si vite.
— Parce que c'est amusant de te voir frustré devant ce que tu considères comme de l'idiotie.
Snape la regarda un instant choqué puis entendit un petit pouffement derrière elle. C'était le tableau d'Albus Dumbledore.
— Vous passez trop de temps près de ce tableau, Minerva. Moi qui ai toujours admiré votre professionnalisme, laissez-moi vous dire qu'Albus a une très mauvaise influence sur vous.
Tous deux rirent alors que Snape se levait dans un grand mouvement de cape et sortait du bureau.
Il n'était pas vraiment ravi de reprendre son poste, il n'avait jamais réellement aimé enseigner. Ce que lui aimait réellement était la recherche pure, universitaire comme expérimentale, mais cela ne permettait pas de vivre. Or, il s'était vite aperçu en se mettant au service de Dumbledore et de son école que Poudlard était l'endroit le plus propice à sa soif d'expérimentation car elle offrait tout le matériel nécessaire, doublé d'une des bibliothèques les plus complètes de Grande-Bretagne et même d'Europe. La situation de professeur à Poudlard était de plus très confortable : le salaire y était plus que correct et l'on était nourri et logé dans des appartements fort convenables. En plus de ces considérations pratiques, Snape était lié à l'école par sa fidélité sans faille à Dumbledore : celui-ci l'avait protégé et lui avait permis de se relever de son passé sombre, il avait été le premier à lui accorder sa confiance et un lien fort s'était développé entre eux.
Snape avait de plus passé presque toute sa vie entre les murs de ce château, de ses onze ans, où il avait pour la première fois eu l'aperçu de ce qu'était un véritable foyer, à aujourd'hui, n'ayant eu que quelques années de battement dans sa jeunesse avant de revenir y travailler en professeur dès ses vingt-et-un ans. Ainsi son appartement était-il son véritable foyer, ses collègues ce qui s'approchait le plus d'amis. Bref, il ne se voyait pas faire autre chose, encore moins aller ailleurs, alors qu'il en soit ainsi, il acceptait son triste sort de devoir enseigner la beauté de la magie noire et comment s'en défendre à une bande de cornichons qui n'en n'avaient que faire et étaient totalement hermétiques à sa magnificence.
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Les loups ont des sentiments
FanfictionSnape a été assassiné par Voldemort. Et pourtant, il est toujours vivant. Décidant alors de laisser son passé derrière lui après la chute du lord noir, Snape se laisse approcher par Lupin. Mais son passé, lui, ne semble pas tout à fait prêt à le la...