Chapitre 2 : "Harry Potter. Le survivant"

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        Snape passa une main sur son cou ; il sentit de nombreuses marques sous ses doigts mais plus d'ouverture béante, plus de sang coulant à flot. Les morsures du serpent s'étaient refermées. Il se redressa alors lentement, le corps endolori, et sortit d'une poche intérieure de sa robe un petit flacon à peine rempli au quart d'un liquide violet, presque noir et surmonté d'une longue aiguille. L'oiseau recommença à piailler : il n'aimait pas du tout l'allure de cette fiole, ce liquide était dangereux, il le sentait d'ici. Snape lui jeta vaguement un regard avant de reporter son attention sur la petite fiole. 
« Ça a marché » souffla-t-il. 
Il cassa l'aiguille au bout du flacon et la fit disparaitre d'un geste de la main puis rangea le flacon là où il l'avait pris et se leva. Il tituba un instant et dut s'appuyer au mur pour ne pas tomber. Quand il retrouva un peu de clarté d'esprit, il se redressa et commença à marcher en direction du château. 
       Au bout de quelques pas hésitants, son corps se vouta soudainement vers le sol ; ses bras s'allongèrent pour rencontrer la terre, son nez s'étira en un museau, ses vêtements disparurent pour laisser place à une épaisse fourrure, une queue touffue apparut. Un immense loup gris se tenait à présent à la place de Snape. Ses yeux étaient d'un noir profond, son corps athlétique penché sur de longues pattes interminables ; il était très grand. 
C'en était trop pour l'oiseau qui s'envola face à cette vision répugnante, sans un bruit cette fois, il ne tenait pas à se faire remarquer par cette chose contre-nature. 


        Le loup s'ébroua et partit en direction du château en trottinant. Il s'arrêta un instant : quelque chose avait bougé dans la forêt interdite. Il huma l'air mais ne sentit rien d'inhabituel et, pensant que ça devait être un animal, reprit sa route. Mais plus il s'approchait, plus quelque chose le tracassait. Il se rendit compte qu'il n'entendait aucun bruit ni ne voyait aucune lumière ou explosion. Les combats semblaient avoir cessé. 


        Et, en effet, lorsqu'il arriva dans l'enceinte du château, les seuls mouvements étaient ceux de personnes portant des blessés. Pas un mangemort à l'horizon. 
Snape ne comprit pas immédiatement puis il se souvint enfin du plan de son maître :  Voldemort devait avoir cessé le combat pour permettre à Potter de le rejoindre et de sauver ses amis. Potter ! Où était-il ? Mais Snape ne pouvait partir à sa rechercher dans le château, ni sous sa forme de loup, ni sous sa forme humaine, car personne ne connaissait sa vraie allégeance, et qui le croirait s'il affirmait soudainement qu'il avait toujours été de leur côté, que tout avait été organisé par Dumbledore, même la mort de celui-ci ? 


 Soudain une voix sur sa gauche le fit sursauter. 
« Attends Harry ! Laisse-nous venir avec toi. 
—  Non Ron, je dois y aller seul. 
—  Mais... 
—  Ron, l'appela la voix de Granger. 


        Prudemment, Snape s'approcha de la source des voix et découvrit Weasley et Granger se tenant fermement la main, serrés l'un contre l'autre, le visage de Granger baigné de larmes, et quelques mètres devant eux, Potter, qui disparut presque aussitôt sous sa cape d'invisibilité. Il se dirigeait vers la forêt interdite. 
Faisant un détour pour ne pas être vu, Snape s'y dirigea aussi. Il avait donc eu raison en croyant voir quelque chose bouger tout à l'heure quand il trottinait vers le château, il avait très certainement entendu un mangemort. Il sentit rapidement une odeur d'humain qu'il suivit pour se retrouver face à un groupe d'hommes et de femmes rassemblés dans une clairière autour d'un feu. Restant caché dans la pénombre, il les observa. Parmi eux se tenait Voldemort, Nagini flottait dans une sorte de bulle près de lui. Il reconnut également Hagrid, les mains liées, attaché à un arbre, du sang coulant sur son front. Un silence pesant régnait dans la forêt. 


Voldemort parla enfin : 
« Je pensais qu'il viendrait. » 
Juste quand il dit ça, Snape sentit une odeur familière et se concentra sur le point d'où elle venait. C'était celle d'une personne qu'il connaissait, mais il ne semblait y avoir personne. Il était pourtant sûr d'avoir vu des brindilles bouger, comme sous le poids d'une chaussure. 
« Il semble que je me sois... trompé. » 
Cette odeur était celle d'Harry Potter, Snape la reconnut juste au moment où l'élu enleva sa cape. Il s'avança vers Voldemort. 
—  Non, vous ne vous êtes pas trompé. 
La foule de mangemorts et de géants s'anima soudain, poussant des exclamations de surprise, certains riaient même. 
—  HARRY ! NON ! hurla Hagrid. NON ! NON ! HARRY, QU'EST-CE QUE TU... 
—  SILENCE ! s'écria Rowle en faisant taire Hagrid d'un coup de baguette. 
Bellatrix haletait d'excitation et Voldemort affichait un sourire sans joie. 
—  Harry Potter, dit-il très doucement, sa voix couvrant à peine le crépitement du feu. Le survivant. 
Potter ne répondit pas, il ne bougeait pas. Alors, sans plus de cérémonie, lentement, savourant cet instant, le Seigneur des ténèbres leva sa baguette et... 
—  Avada kadavra ! 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant