PARTIE 1: S'AUTORISER À VIVRE - Chapitre 1 : "Regardez-moi"

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« Regardez-moi. 
Il déglutit avec difficulté, le sang coulait dans sa gorge et empêchait l'air de rentrer dans ses poumons. Tout son corps lui faisait mal, il pouvait sentir le venin du serpent s'emparer rapidement de son corps. Il ne lui restait que quelques secondes. 
« Tu as les yeux de ta mère. » dit-il d'une voix brisée en plongeant son regard noir dans celui vert émeraude du jeune homme, si semblable à celui de la seule personne qu'il ait jamais aimée. Il sentit la douleur le quitter et un voile se posa devant ses yeux qui se fermèrent. 


        Severus Snape était mort. Harry resta un instant le regarder quand la voix terriblement sifflante de Voldemort résonna soudainement avec force autour d'eux : 
« Vous avez combattu vaillamment, dit la voix glacée. Lord Voldemort sait reconnaître la bravoure. Mais vous avez aussi subi de lourdes pertes. Si vous continuez à me résister, vous allez tous mourir un par un. Je ne le souhaite pas. Chaque goûte versée d'un sang de sorcier est une perte et un gâchis. 
Lord Voldemort est miséricordieux. J'ordonne à mes forces de se retirer immédiatement. 
Vous avez une heure. Occupez-vous de vos morts avec dignité. Soignez vos blessés. 
       Maintenant, je m'adresse à toi, Harry Potter. Tu as laissé tes amis mourir à ta place au lieu de m'affronter directement. 
J'attendrai une heure dans la Forêt interdite. Si, lorsque cette heure sera écoulée, tu n'es pas venu à moi, si tu ne t'es pas rendu, alors la bataille recommencera. Cette fois, je participerai moi-même au combat, Harry Potter, je te trouverai et je châtierai jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, jusqu'au dernier enfant qui aura essayé de te cacher à mes yeux. Une heure. » 
Ron et Hermione regardèrent Harry et hochèrent frénétiquement la tête en signe de dénégation. 
—  Ne l'écoute pas, dit Ron. 
—  Tout ira bien, ajouta Hermione d'un ton farouche. On va... On va revenir au château. S'il est parti dans la forêt, il faut qu'on réfléchisse à un nouveau plan... 
Ils jetèrent un dernier regard à Snape puis s'éloignèrent, Harry tenant serrée dans sa main la fiole contenant les larmes du mangemort. 


        Il n'y eut plus un bruit, le silence le plus total régnait à présent dans le petit cabanon. Les trois sorciers partis, seul restait le corps sans vie du professeur de potions. Etalé dans une position peu confortable sur le sol froid, son sang continuait de s'étaler en une tâche sombre sur ses habits. 


***


        Un petit oiseau vint se poser dans un léger bruissement d'ailes sur la coque d'une barque en vieux bois brisée. Il jeta un vague regard au cadavre d'humain étendu à quelques mètres de lui sur le sol. Le petit oiseau aimait bien les humains, ils étaient amusants ; agaçants par toutes ces choses étranges qu'ils pouvaient faire, mais amusants. Celui-ci n'était pas mort depuis longtemps, l'odeur désagréable qui flottait autour de lui était celle d'un sang très frais. Il était rare de voir des humains morts ainsi dans leur sang, ils n'y avait pas beaucoup d'animaux pour oser s'en prendre à eux. Mais aujourd'hui, quelque chose d'étrange se passait : une agitation sans pareille régnait dans le château. L'oiseau s'était dirigé comme il en avait l'habitude vers la cour en espérant trouver des petites miettes de gâteaux laissées par les élèves à grignoter. Mais des cris et explosions retentissaient de toutes parts, des personnes couraient partout à travers le château et une atmosphère de peur et de violence y régnait. L'oiseau avait rapidement fuit les lieux et il ne se trouva bientôt plus aucun animal pour trainer dans les parages. 


        Après avoir batifolé un peu avec ses compères, l'oiseau avait fini par venir se poser dans le cabanon. Mais s'il avait su de quel étrange phénomène il serait le témoin en venant ici, il aurait certainement fait demi-tour illico. 
La tâche de sang dans laquelle baignait l'humain semblait rétrécir. L'oiseau pencha sa tête de côté et, pensant mal voir, s'approcha de quelques bonds timides le long de la barque. Non, il n'y avait aucun doute, la tâche se résorbait. L'oiseau n'en croyait pas ses yeux : dans sa longue vie tourmentée, ponctuée de longues migrations au cours desquelles il avait vu toutes sortes de phénomènes étranges et suspects, jamais il n'avait vu une chose pareille. Mais plutôt que d'avoir peur comme son instinct de proie aurait dû le lui commander, il se sentait attiré par ce spectacle étonnant. Quittant sa barque, il s'approcha encore du corps. La tâche avait presque disparu à présent, laissant seulement des traces sombres par endroits. 
Puis il ne se passa plus rien. De longues secondes s'écoulèrent sans que rien ne change et le petit oiseau songeait à présent à partir. 


       Mais soudain l'humain fit un grand bruit ; sa cage thoracique s'était soulevée dans un ample mouvement et il avait inspiré une grande bouffée d'air bruyamment, faisant sursauter l'oiseau qui s'éloigna d'un bond. L'humain avait à présent les yeux grands ouverts et respirait à grandes bouffées mais restait toujours allongé. Il était de toute évidence vivant alors que, l'oiseau en était certain, quelques minutes plus tôt, il était bel et bien mort.  L'oiseau se sentit soudainement énervé : qu'est-ce que c'était que ces histoires ? Alors maintenant, on pouvait revenir à la vie ? C'était vraiment n'importe quoi ! Décidément, ces humaines ne respectaient rien, pas même les règles les plus fondamentales. Il se mit à piailler avec force. 
L'humain tourna alors la tête vers lui. Rencontrant son regard bien vivant, au comble de l'énervement, l'oiseau piailla de plus belle, puis s'envola pour se poser sur une poutre du cabanon. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant