Chapitre 40 : "A toi. A nous."

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        L'odeur de Lupin était étonnamment forte autour de lui. Et la lumière lui semblait bien trop vive à travers ses paupières. Snape ouvrit les yeux. 
—  Oh, comprit-il. 
Il avait dormi avec Lupin, se rappela-t-il, d'où cette chaleureuse odeur qui l'entourait de toutes parts. En revanche, il faudrait faire quelque chose quant à ces atroces draps bordeaux si jamais cela devait devenir une habitude. 
       Mais cette lumière d'un jour déjà bien entamé qui filtrait à travers les rideaux était étonnante. Snape regarda l'heure. Il avait dû dormir plus que d'habitude, il devait être autour de huit heures et demi. 
—  Dix heures et demi ?! 
Snape ne se rappelait pas avoir déjà dormi si tard. Enfin si mais pas en n'ayant pas bu la veille, et surtout pas depuis qu'il était revenu de cet endroit. Snape commença à se lever précipitamment puis se rappela soudain qu'il n'avait pas la moindre obligation professionnelle. L'air hors de la couette lui parut alors bien froid, et ce lit encore chaud et à la douce odeur bien attrayant.
Dans un long soupir, il se laissa tomber sur l'oreiller en fermant les yeux, fit se fermer correctement le rideau pour bloquer toute lumière extérieure, et se laissa retomber dans une somnolence confortable. 


       Une heure plus tard, tiraillé par la faim et l'envie d'aller aux toilettes, Snape s'étira longuement avant d'enfin sortir du lit. Le temps qu'il prenne une douche et s'habille, l'heure du déjeuner était arrivée. 
—  Bien dormi ? demanda Lupin lorsqu'il prit place à côté de lui. 
—  J'avais oublié que cette activité pouvait être agréable, dit-il avec un demi sourire. Maintenant je m'en souviens, ajouta-t-il après quelques secondes. 
—  Ce n'est pas l'activité qui est agréable, c'est celui qui l'accompagne, répliqua Lupin. 
—  J'espère que vous n'avez pas trop dérangé Pomona, intervint McGonagall d'un air faussement concerné, elle avait l'air un peu mal à l'aise en vous voyant lorsqu'elle est arrivée. 
       Snape avala de travers sa gorgée de jus de citrouille. 
—  Oh non, ce n'est pas cela, rectifia Lupin en riant, elle nous a juste trouvés dans une drôle de position. 
       Snape recracha son jus par le nez. Lupin mit quelques seconde à comprendre ce qu'il venait de dire alors que McGonagall riait. 
—  Je ne demandais pas les détails, Remus. 
—  Quoi ? Mais... ce n'est pas ce que je voulais dire ! tenta-t-il de se justifier en rougissant violemment. Ce n'était pas... Severus avait... Mais arrêtez de rire, Minerva, je vous dis que ça n'était pas cela ! 
—  Oh, Remus, vous faites ce que vous voulez, toi et Severus. 
—  Mais non ! Par Merlin, Severus, aide-moi ! 
—  Occupé, kofkof, à m'étou–, kofkofkof, à m'étouffer, répondit-il alors qu'il n'avait toujours pas réussi à libérer ses poumons du jus de citrouille, le nez dégoulinant. 
—  Elle nous a simplement trouvés à une heure avancée de la nuit assis l'un en face de l'autre par terre sans parler, expliqua Lupin qui ne fit qu'empirer son cas. 
       La directrice éclata de rire, attirant sur eux quelques regards interrogateurs d'élèves. 
—  Habillés, précisa Lupin. 
—  Et que faisiez-vous, hahaha, assis, hahaha, ainsi à cette, hahaha, heure ? demanda difficilement McGonagall. 
—  Nous, euh... Je ne sais pas, fronça-t-il les sourcils. 
—  Hahahaha ! 
—  Severus, se tourna Lupin vers le Serpentard qui respirait enfin, qu'est-ce qu'on faisait par terre ? 
Snape lui lança un regard ennuyé et arqua un sourcil. 
—  Je me remettais de mon cauchemar et je suppose que tu attendais que je m'en remette, répondit-il d'une voix détachée. 
—  Ah oui, voilà, marmonna Lupin un peu gêné. 
McGonagall s'arrêta de rire. 
—  Tu fais des cauchemars, Severus ? demanda-t-elle très sérieusement. 
—  Bien sûr, j'ai passé quatre mois en captivité à être torturé, fit-il remarquer toujours aussi détaché. 
       McGonagall n'ajouta rien, un peu secouée par cette déclaration sordide. 



        Il pleuvait à grosses gouttes sur Poudlard et un vent violent faisait trembler les fenêtres. L'hiver ne semblait pas décidé à s'en aller, cette année. Heureusement pour les élèves et leur professeur, il n'y avait pas de cours de botanique le vendredi après-midi, mais ceux qui avaient Soin aux créatures magiques étaient moins chanceux. On les apercevait serrés les uns contre les autres pour ne pas s'envoler, face à la haute silhouette d'Hagrid qui elle ne bougeait pas d'un pouce, à la lisière de la forêt. 
       Chourave profita de cet après-midi libre pour enfin déménager dans son appartement restauré depuis bien longtemps. Flitwick vint l'aider après son dernier cours qui finissait à quinze heures. Snape les regarda un temps faire sans penser une seule seconde à les aider, puis alla finalement se balader dans les plus hautes tours du château. Il aimait faire cela lorsque le vent était fort. Ces tours étaient entièrement vides, Snape savait qu'il n'y serait pas dérangé et il aimait la façon dont le vent les faisait trembler. Certaines n'avaient pas de fenêtre et c'est dans l'une d'entre elles qu'il se dirigea. Le vent sifflait dans les couloirs mais jamais la pluie n'y entrait. Un sort d'imperméabilité avait dû y être apposé. Snape laissait l'air rapide et froid glisser dans ses longs cheveux noirs. Sa cape claquait derrière lui. Le vent asséchait ses yeux noirs, bourdonnait à ses oreilles et emplissait son nez des senteurs du parc exacerbées par la pluie. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant