Les cours étaient enfin terminés et Snape et Lupin en profitaient déjà pleinement. Snape avait attendu ce moment avec impatience, il n'avait jamais aimé son métier –ses élèves l'avaient bien compris– et les vacances étaient une libération pour lui, surtout maintenant qu'il pouvait avoir une vie normale. Lupin était ravi aussi. Après avoir mis sa vie en suspens pendant près de dix-sept ans, depuis qu'il avait perdu tous ses amis, il allait pouvoir profiter de vraies vacances comme il en avait connues dans sa jeunesse. Il était cependant un peu agacé de voir à quel point la fin des cours semblait être un soulagement pour son colocataire et, s'il s'était contenu jusqu'à présent quant à l'attitude franchement détestable de Snape en tant que professeur, il ne put cette fois-ci s'empêcher de réagir lorsqu'ils revinrent à l'appartement après avoir encadré le départ des élèves et que Snape déclara en se dirigeant directement vers l'étagère où était rangé le whisky :
— Enfin nous sommes débarrassés de ces crétins. Il était temps que les vacances arrivent, je commençais à être à court d'insultes.
Lupin l'observa un instant d'un regard critique puis se détourna en levant les yeux au ciel, mais finalement revint vers lui pour répliquer avec dépit :
— Severus, je ne te comprends vraiment pas. Pourquoi es-tu si infecte avec tes élèves ?
Snape arqua un sourcil, la réponse lui semblant évidente :
— Ta question est-elle sérieuse ?
— Mais oui. Tu prétends n'en avoir rien à faire d'eux, reprit Lupin en s'agaçant un peu plus, mais le favoritisme, pardonne-moi de te le dire, absolument honteux dont tu fais preuve envers ta maison montre que ça n'est pas le cas. Alors si tu n'as même pas cette excuse, qui n'en est d'ailleurs pas une, explique-moi pourquoi tu es comme ça.
Snape soupira, prit le temps de s'asseoir élégamment dans son fauteuil et de boire tranquillement une gorgée de whisky avant d'enfin répondre :
— Je suis ainsi parce que je n'ai pas la moindre envie d'être devant ces idiots chaque jour, et qu'eux non plus n'ont pas envie d'être là. Et je déteste perdre mon temps à enseigner un si noble art à une bande de citrouilles évidées dont la moitié ne pense qu'aux poitrines des filles et l'autre à ce que ressent le plus hideux boutonneux pour elle.
— Tu penses qu'enseigner à la jeunesse la maîtrise de la magie est une perte de temps ? s'effara Lupin.
— L'enseignement est important, mais user de mon propre temps pour cela m'agace. Je n'aime pas me fatiguer pour des personnes qui se fichent de ce qu'on leur raconte.
— Alors pourquoi ne changes-tu pas de métier ?
— Pour faire quoi ? répliqua Snape d'un ton traînant en levant son regard sur le visage aux sourcils froncés de Lupin. Je suis un ancien mangemort au passé plus que douteux, je suis réputé pour être désagréable, et ce qui m'intéresse réellement n'est pas facilement financé dans notre monde.
— Ah oui, et dis-nous donc ce qui t'intéresse.
— La recherche. Je veux explorer le domaine de la magie. Je veux décrypter les potions pour les améliorer, comprendre la magie noire pour mieux la contrôler et s'en défendre, inventer de nouveaux sorts. Je ne suis ni un homme de terrain, ni un petit employé du bureau. Je suis bon dans un laboratoire. Et Poudlard est le meilleur endroit pour cela.
— Mais tu fais cela au détriment d'une bonne éducation pour les sorciers du Royaume-Uni ? s'exaspéra Lupin face à un comportement qui lui semblait bien égoïste.
— Les bons élèves réellement intéressés s'en sortent très bien dans mon cours, argumenta Snape. Je ne néglige pas totalement mon enseignement, je place seulement la barre très haut car je ne vois pas l'utilité de tenter d'inculquer un art subtile à des idiots qui ne se serviront jamais de tout cela.
Lupin s'énervait de plus en plus. N'était-ce par précisément ceux qui peinaient le plus à suivre les cours qui avaient besoin d'attention et d'accompagnement pour parvenir à devenir des sorciers compétents ? Le Gryffondor ne comprenait pas la mentalité très élitiste de son collègue.
— Mais, Severus, comment peux-tu dire une chose pareille ? On ne peut pas enseigner seulement à ceux qui ont des facilités, ça n'a aucun sens ! C'est précisément l'opposé de notre métier.
— Si un mauvais élève montrait un intérêt réel pour ma matière, je serais tout à fait disposé à l'aider, mais ces idiots sont mauvais précisément parce qu'ils n'ont pas la moindre envie d'être là, exposa posément Snape en retour.
Lupin soupira d'énervement.
— Severus, reprit-il le plus calmement possible en se pinçant l'arête du nez, ça ne t'a jamais traversé l'esprit que tes élèves n'avaient pas l'air de vouloir être là justement parce que tu les descends constamment ? Parce qu'il se trouve qu'ils sont en grande partie ravis d'assister à mes cours. Toi, tu ne leur laisses pas la moindre chance ! Tu n'attends même pas de les connaître, tu les ranges tous tout de suite dans la case « cas désespéré » et, dès le premier jour, tu leur fais sentir qu'ils n'ont pas leur place ici. Comment veux-tu qu'ils aient ensuite le courage de montrer de l'intérêt pour ta matière si tu leur fais croire dès le départ qu'ils n'ont aucune chance d'y parvenir ?
— C'est de la pré-sélection.
Lupin eut un rire scandalisé.
— Mais oui, Remus. Si toi tu te plais à avoir l'impression de sauver ces idiots de la bêtise, moi je préfère écarter tout de suite les faibles.
— Ce n'est même pas vrai ! s'énerva Lupin. Tu as continué à être infecte avec Hermione toute sa scolarité malgré ses excellents résultats, alors que tu te montrais parfaitement clément avec cette idiote de Pansy Parkinson dans le même temps !
Snape ne répondit pas tout de suite. Cette promotion était un cas particulier, il n'était pas aussi dur avec ses autres classes, mais il n'admettrait certainement pas que son comportement à l'égard du trio de Potter était parfaitement injuste, voire cruel.
— Les résultats ne font pas tout, finit-il par répondre. Granger n'était pas particulièrement intéressée par les potions, et ne brillait pas du tout en Défense contre les forces du mal.
— Tu n'es pas croyable ! réagit Lupin. Ça ne te coûterait absolument rien d'être plus agréable avec tes élèves. Ça t'apporterait même beaucoup. Si, ça t'apporterait, insista le loup-garou face à l'exclamation dégoûtée de Snape. Ton métier en deviendrait bien plus agréable et je suis sûr que tu pourrais t'y plaire. Seulement, tu as trop de fierté pour l'avouer.
— Ça n'a rien à voir.
— Bien sûr que si. Tu as un terrible problème d'ego, Severus. Tu ne te rends même pas compte que c'est ton attitude méchante qui est ridicule, et non celle de ceux qui sont bienveillants.
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Les loups ont des sentiments
FanfictionSnape a été assassiné par Voldemort. Et pourtant, il est toujours vivant. Décidant alors de laisser son passé derrière lui après la chute du lord noir, Snape se laisse approcher par Lupin. Mais son passé, lui, ne semble pas tout à fait prêt à le la...