Chapitre 36 : "Papa. Maman est morte."

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        Lupin déglutit difficilement. Merlin, que Snape était maigre. C'était la première fois qu'il voyait son corps depuis son retour torse nu dans la Grande Salle. Snape se tenait debout face à lui dans le salon, une simple serviette autour des hanches, les cheveux encore mouillés après sa douche. 
      Il avait toujours été fin, mais là... Bien sûr, ça n'avait plus grand chose à voir avec le jour de son arrivée, où il était si amaigri qu'un coup de vent aurait suffit à le faire s'envoler, mais il restait terriblement mince, les os de ses épaules ressortant étrangement. 
—  Remus ? 
—  Tu as besoin d'aide ? demanda Lupin en voyant le pot de crème qu'il tenait à la main. 
—  Oui. Une de mes blessures s'est rouverte dans le dos et j'ai du mal à l'atteindre. 
       Lupin tapota le canapé pour indiquer à Snape de s'y asseoir. Une longue entaille profonde, de toute évidence causée par un fouet, parcourait son dos en diagonal. Lupin eut un frisson. Snape avait vraiment vécu l'enfer. 
       Il appliqua la crème cicatrisante sur la plaie. Snape eut un léger spasme. 
—  Ça te fait mal ? 
—  Ça va. 
Le Gryffondor continua jusqu'à ce que la peau de Snape ait absorbé la crème et releva les yeux sur la nuque de l'ancien mangemort. Elle était parcourue d'une chaire de poule et Lupin se sentit idiot de se demander si elle était due au froid ou à lui. Bien sûr que c'était le froid. 
Ne sentant plus les doigts de Lupin dans son dos, Snape se retourna. 
—  C'est bon ? 
—  O-oui. 


       Quelques minutes plus tard, Snape ressortit de sa chambre habillé et les cheveux secs. 
—  Je vais sur le Chemin de Traverse, veux-tu venir ? proposa-t-il. 
—  Oui avec plaisir ! Tu veux aller chez Ollivander, je suppose ? 
—  Précisément. 
Snape n'avait en effet plus de baguette, il l'avait perdue dans la forêt juste avant d'être capturé lors de cette terrible nuit d'août. Il savait faire de la magie sans, mais il était tout de même plus confortable d'en avoir une. 


—  Professeurs Snape et Lupin, quelle surprise ! s'exclama le vieux Ollivander en les voyant entrer dans sa boutique. Je me souviens de vos baguettes bien sûr, très différentes. La vôtre, M Lupin est en cyprès, il était en fleurs à cette époque ; intérieur en crin de licorne, 25.75 centimètres, très souple. Idéale pour la métamorphose, très élégante, une baguette à l'aura douce faite pour s'accorder à un sorcier bienveillant. 
       Lupin sourit en signe d'approbation et sortit sa baguette. Ollivander la prit délicatement entre ses doigts démesurément longs. 
—  Très bien entretenue. Elle semble avoir mûri. Tenez, je vous la rends. Quant à vous M Snape, je me souviens d'une baguette bien plus capricieuse. Elle n'aurait obéi à personne d'autre. En saule pleureur et crin de licorne, oh oui je me souviens de cette licorne : une jument immense, terriblement méfiante et protectrice envers son poulain. C'était sans doute l'une des baguettes les plus puissantes que j'ai faites. L'on est toujours curieux dans ces cas-là de voir ce qu'il adviendra du sorcier qu'elle a choisi. 
—  J'espère que vous n'êtes pas déçu, dit Snape en arquant un sourcil, l'air franchement peu inquiet de la réponse. 
—  Oh non ! Vous êtes un héros, M Snape. Et j'ai eu vent de vos prouesses magiques. Il paraît que vous avez inventé bon nombre de sortilèges. Cela ne m'étonne pas, cette baguette est loin d'être timorée, elle a un esprit d'aventure. 
—  Mhm, fit Snape, sceptique. 
—  Puis-je la voir ? demanda Ollivander en tendant sa main. 
—  Justement, non, c'est pour cela que nous sommes ici, expliqua alors Snape. Je l'ai égarée lors... d'évènements récents. 
—  Oh, je vois. Quel dommage, elle semble vous avoir si bien servi. 
Snape ne répondit pas, agacé. Il aimait beaucoup sa baguette et cela lui coûtait de devoir la remplacer. Il avait un peu l'impression de la trahir. 
—  Bon, eh bien regardons ce que nous avons pour vous, alors, M Snape. 


        Au bout d'une heure, Snape n'avait toujours pas trouvé baguette à sa main. Aucune ne semblait pouvoir supporter la puissance de sa magie. 
—  Vous êtes un client bien difficile, M Snape. C'est souvent le cas pour la deuxième baguette. Le sorcier a ses habitudes et ses exigences, et son coeur est encore souvent pris par l'ancienne baguette. Je devrais peut-être aller regarder... 
       Ollivander partit dans le sous-sol de sa boutique et n'en revint que dix minutes plus tard, avec une seule boîte noire ornée de runes noires également, en relief. 
—  C'est une baguette assez ancienne, expliqua Ollivander en ouvrant la boîte avec soin. Elle est difficilement maniable mais vous vous accorderez peut-être avec son exigence. Elle est unique dans ma collection, je n'ai jamais refait une telle combinaison. Je trouvais son caractère un peu sombre. 
       La baguette était longue et étroite. Une discrète démarcation marquait la fin du manche, légèrement plus épais. Des runes s'élevaient en spirale tout autour, taillées dans un noir plus foncé encore que celui de la baguette. 
       Snape s'avança, intrigué. Il avait terriblement envie de s'en saisir. Il sentait d'ici son agréable parfum de sapin. Avant qu'Ollivander ne l'y ait invité, sous les yeux de Lupin qui avait vu qu'une chose étrange semblait se passer, il la caressa du bout des doigts et sentit une chaleur picotante parcourir son bras. Il la saisit alors. Ollivander s'était tu dès qu'il l'avait touchée et avait immédiatement su : il venait de créer l'un de ces couples parfaits. La baguette choisissait toujours bien son sorcier, mais quelques couples rares —cela n'avait pas dû arriver plus d'une dizaine de fois dans sa très longue carrière— relevaient d'une communion parfaite entre l'objet et le sorcier. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant