Chapitre 20 : "On perd notre temps"

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        Snape avait soif, mais surtout, il avait terriblement besoin d'aller aux toilettes. Il était dans un telle urgence qu'il envisagea un instant de se soulager dans un coin de la cellule mais il ne put s'y résoudre et pria pour que quelqu'un se montre bientôt, son envie pressante prenant momentanément le dessus sur la peur d'être torturé. 
Il dut encore attendre une demi-heure avant que quelqu'un ne vienne ; il lui semblait que sa vessie allait exploser tant elle était pleine mais enfin il entendit un cliquetis métallique et la porte s'ouvrit sur une femme à la peau cuivrée accompagnée d'un homme mal rasé, un peu plus petit qu'elle. 
—  Bien dormi ? demanda-t-il ironiquement. 
—  J'aurais besoin d'aller aux toilettes, dit Snape. 
L'homme et la femme se regardèrent, ils ne semblaient pas avoir pensé à cela. 
—  Attends là, lui dit l'homme en refermant la porte. 
« Comme si j'avais autre chose à faire » pensa amèrement Snape. 


       Ils revinrent quelques minutes plus tard avec un pot de chambre qu'ils lui lancèrent négligemment avant de ressortir. Jamais Snape n'avait connu un tel soulagement qu'en cet instant. Mais, il allait devoir s'y faire, ces instants ne dureraient jamais longtemps tant qu'il était enfermé ici. 
L'homme et la femme qui lui avaient apporté le pot de chambre étaient de retour quelques minutes plus tard. 
—  Tu nous as donné une super idée en nous demandant de pisser, dit l'homme de sa voix nasillarde. 
       Snape craignit alors le pire, et il avait vu juste. L'homme avait un pichet dans la main et il commença à... uriner dedans. Sachant qu'il ne pouvait pas faire grand chose, Snape le regarda faire sans réagir, mais il bouillonnait de rage à l'intérieur. Le seul espoir qu'il lui restait était que, n'étant venus qu'à deux, Snape avait des chances de pouvoir les repousser. Malheureusement, la seule solution qu'il voyait était de renverser ce pichet, ce qui voudrait donc dire que l'urine de cet homme serait répandue sur le sol de sa cellule. 
—  Allez, tu vas nous boire ça, s'approcha de lui l'homme quand il eut fini. 
Snape se leva et s'éloigna d'eux pour se déplacer vers la porte. 
—  Eh ! Reste où tu es ! s'exclama la femme avec un léger accent indien en pointant un couteau sur lui. 
Snape leva les mains en signe de reddition et s'arrêta. 
—  Allez, bois, ordonna-t-elle alors que l'homme lui tendait le pichet. 
Snape fit lentement non de la tête. L'homme tenta de le faire boire de force avec l'aide de la femme mais Snape les repoussa et renversa tout sur eux. Fous de rage, ils lui sautèrent dessus pour le ruer de coups. La femme tenta de le poignarder mais il lui attrapa le bras et lui donna un violent coup de genou dans le ventre. Il ne put en revanche éviter le coup de pichet que lui asséna l'homme en plein visage ; Snape fut projeté sur la femme pliée en deux dont il tenait toujours le bras. Elle tomba avec lui et se cogna la tête contre le mur. L'homme se précipita alors sur eux, il poussa violemment Snape pour dégager la femme et l'aida à se relever ; elle s'était ouvert le crâne et un filet de sang coulait le long de son visage. Snape, assommé, se releva difficilement et, voyant la porte entrouverte, voulut s'y précipiter mais l'homme s'était déjà redressé et avait vu son regard. 
—  Tu fais un pas et je te plante ce poignard entre les deux yeux, menaça-t-il en sortant à reculons de la cellule, soutenant son amie. 
La porte claqua et Snape se laissa tomber contre le mur. Il porta une main à sa joue ; la tranche du pichet en métal lui avait fait une entaille mais elle n'était pas profonde. 


Bon, eh bien voilà qui allait lui coûter très cher, pensa-t-il. 


***


        Lupin ouvrit les yeux sur un rideau blanc. Il était à l'infirmerie. Il se tourna sur le dos et regarda le plafond, pensif. Ses côtes étaient un peu sensibles, mais à part cela, il se sentait plutôt bien, reposé. Jusqu'à-ce que... 
—  Severus ! s'exclama-t-il soudain en se redressant alors que l'image de son ami courant derrière lui entrainé par des sorciers dans les bois lui revenait en tête. 
Il entendit un bruit sourd sur sa droite et tourna la tête. Le professeur Flitwick, l'air un peu endormi, était par terre et sa chaise renversée ; il venait manifestement de tomber, réveillé en sursaut par le cri de Lupin. 
—  Filius, où est Severus ? demanda-t-il aussitôt sans prendre le temps de s'assurer que le petit professeur ne s'était pas fait mal. 
—  Comment te sens-tu, Remus ? demanda Flitwick en se relevant et s'approchant d'un air préoccupé de son collègue. 
—  Très bien, répondit-il d'un ton sec en balayant la question d'un revers de la main. Où est Severus ? 
—  Nous n'en savons rien, avoua Flitwick l'air désolé. 
—  Depuis combien de temps a-t-il disparu ? 
—  Eh bien, dit Flitwick en regardant sa montre, tu es rentré sans lui il y a un peu plus de quatorze heures à présent. 
       Lupin se laissa retomber sur ses oreillers en enfouissant son visage dans ses mains. Ils n'avaient pas de nouvelles de Severus, et lui-même n'avait aucune idée de l'endroit où il pourrait se trouver, ne sachant absolument pas où était cette forêt dans laquelle ils s'étaient retrouvés cette nuit. 
—  Pourrais-tu, demanda timidement le professeur de sortilèges, nous donner une indication qui orienterait les recherches, nous donner un indice sur ce qu'il s'est passé ? 
—  Je n'ai aucune idée de l'endroit où nous étions, dit Lupin sa voix étouffée par ses mains. Je sais seulement que c'était une forêt. 
—  Te souviens-tu de ce qu'il s'est passé ? 
Lupin acquiesça. 
—  Je vais chercher Minerva, décida Flitwick. Des aurors sont déjà à sa recherche, ajouta-t-il en espérant que cela rassurerait un peu Lupin. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant