Chapitre 21 : "Dors bien, saloperie"

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         Snape tuait le temps en se remémorant la préparation de la potion Felix Felicis quand la lourde porte qui le maintenait coincé dans cette petite pièce morbide s'ouvrit sur l'homme mal rasé et la femme aux traits indiens. 
« Bien mangé ? demanda celle-ci sur un ton narquois. 
Snape sentit une pointe d'appréhension monter en lui mais garda son éternel visage impassible.
—  Debout, ordonna l'homme de sa voix nasillarde. 
Dans un long soupir, l'ex-mangemort se leva. 
—  Tu vas en balade, aujourd'hui, annonça l'homme avec un sourire mauvais en l'attrapant par un bras alors que la femme lui attachait de lourds fers aux chevilles. 
       Snape ne comprit pas ce qu'il voulait dire. Il se doutait bien qu'il n'allait pas juste marcher dans un jardin tranquillement, mais il ne voyait pas ce que pourrait signifier cette phrase.  Inquiet, il se laissa guider jusqu'à un jardin mal entretenu. La lumière vive et la chaleur soudaine sautèrent au visage du Serpentard. Il comprenait de moins en moins bien ce qu'il se passait. Il n'allait quand même pas réellement faire une balade ? 


       Non, bien sûr. Kyle était là, assis à l'ombre d'un grand parasol à une petite table, un verre rempli de glaçons à la main. Il releva la tête d'un journal en les entendant arriver. 
—  Ah, Severus, tu es là, dit-il d'une voix aimable. Aujourd'hui, je suis d'humeur généreuse, alors je t'autorise à sortir de ta cellule prendre un peu l'air, pendant que mes hommes la re-décorent. 
Snape fronça les sourcils, cette « re-décoration » ne lui disait rien qui vaille. Kyle se leva et prit un lourd manteau posé sur une chaise à côté de lui. 
—  Aujourd'hui tu vas creuser ta tombe, tant que tu as encore assez de force pour le faire. 
Snape se retint de lever les yeux au ciel. Si c'était ça la torture du jour, il s'était vraiment inquiété pour rien. 
—  Mais je ne voudrais pas que mon traître préféré attrape froid, alors j'aimerais que tu portes ce manteau, s'il te plaît. 
       Kyle le lança à Snape. Le manteau lourd était sans aucun doute très chaud et il devait déjà faire plus de trente degrés à l'ombre. Bon, la journée n'allait peut-être pas se passer si bien que ça. N'ayant pas le choix, Snape l'enfila. Il sentit rapidement une chaleur désagréable l'entourer mais ne fit rien paraître. 
—  Et, évidemment, pour rajouter un peu de challenge, je pense qu'il serait plus amusant que tes poignets soient lestés. Eris ? 
       Il se tourna vers l'homme mal rasé qui attacha en plus de ceux que Snape avait déjà aux chevilles, des fers reliés par une chaîne autour des poignets de Snape. Les fers étaient lourds de plusieurs kilos chacun et, restés au soleil, étaient brûlants. 
—  Tu peux commencer, dit Kyle en désignant d'un signe de tête un endroit en plein soleil où était posée une pelle. 
       Snape ne bougea pas tout de suite mais l'homme nommé Eris le poussa dans le dos et il se dirigea lentement vers la pelle. Comme les fers, elle était brûlante et Snape ne put s'empêcher de la lâcher d'un geste vif. 
—  Un problème ? demanda Kyle d'un air faussement concerné. 
       Snape ne dit rien et reprit la pelle. La chaîne qui reliait ses poignets était tout juste assez longue pour lui permettre de se servir de l'outil. 


        Très vite, son manteau noir qui captait toute la chaleur du soleil devint insupportable. Il lui paraissait peser des tonnes et le faisait transpirer abondamment, des gouttes lui perlant dans les yeux. En considérant les trente bon degrés qu'il faisait à l'ombre, il devait faire plus de quarante degrés là où Snape se trouvait, en plein soleil, et il estima que le manteau lui en rajoutait encore au moins dix, ce qui faisait une température ressentie de plus de cinquante degrés. 
       Pour ajouter au supplice, Snape entendait Kyle, Eris et la femme jouer avec leurs glaçons dans leurs verres, et le liquide couler de temps en temps lorsqu'ils se resservaient, faisant bien attention de parler à voix haute : 
—  Encore un peu de jus de citrouille, Jean (c'était apparemment le nom de la femme) ? 
—  Avec plaisir, répondait-elle. Sous cette chaleur, rien de tel qu'un jus bien frais. 
       Avec les coups de pelle réguliers, le bruit des glaçons était le seul à se faire entendre dans le jardin ; ni oiseau, ni insecte, ni bruissement de feuilles, tout était parfaitement immobile, rendant l'atmosphère encore plus lourde à supporter. 

Les loups ont des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant