Les loups ont des sentiments

Chapitre 42 : "Je préfèrerais qu'on me laisse faire des erreurs"

—  Tu te sens mieux ? demanda Lupin à Snape lorsque celui-ci sortit de sa chambre habillé après avoir pris une longue douche pour se remettre de ses presque vingt-quatre heures de sommeil. 
—  Parfaitement bien, répondit Snape qui ne se souvenait pas vraiment d'avoir été malade. 
       Il s'était réveillé en début d'après-midi, tout signe de fièvre ayant disparu. Il avait évidemment pardonné à Lupin l'incident de la veille et comptait à présent se diriger vers son laboratoire de potions, dont il craignait l'état après que plusieurs potions sur le feu y aient été abandonnées. 
Mais avant cela, Lupin devait lui annoncer une nouvelle dont il se doutait qu'elle ne plairait pas à Snape. 
—  Tu pourrais être de retour vers seize heures ? Harry passe prendre le thé avec Hermione. 
—  Ça me paraît être une excellente raison pour ne pas être de retour à seize heures, répondit Snape d'une voix indifférente. 
—  Ça ferait plaisir à Harry, insista Lupin. 
—  Ce n'est pas un argument très convainquant, répliqua Snape qui n'en avait que faire de satisfaire les envies de l'élu. 
—  Ça me ferait plaisir aussi. 
Snape le regarda un instant puis, en partant vers la porte, répondit : 
—  Ça dépendra de l'état de mon laboratoire. 
Lupin sourit. Snape serait là. 

        Snape était en effet rentré bien avant l'arrivée des deux invités. Les dégâts n'avaient pas été trop importants dans son laboratoire, et tout avait été remis en ordre très rapidement malgré sa tentative d'être le plus lent possible. Lorsque Harry et Hermione arrivèrent, Lupin était en train de lire dans le salon alors que Snape prenait des notes sur la table du séjour, penché sur un énorme livre qui paraissait très ancien. Lupin se leva en entendant frapper à la porte et Snape réalisa soudainement qu'il n'était absolument pas sûr que les deux jeunes soient au courant de leur relation. 
—  Euh, Remus ? voulut-il demander. 
Mais c'était trop tard, la porte était ouverte. 
—  Bonjour Harry, je suis ravi de te voir. Hermione. 
Les deux lui rendirent ses salutations et Lupin les prit dans les bras l'un après l'autre. 
—  Je vais enfin découvrir où vit Snape, dit Harry en s'avançant l'air curieux. 
—  Le professeur Snape, Harry, le reprit Hermione. Bonjour, professeur, s'adressa-t-elle à lui en le voyant attablé. 
—  Miss Granger. Potter, s'inclina-t-il vers eux. 
—  Bonjour, répondit Harry. 
       Ses yeux balayaient vivement la pièce. Il était très étonné par ce qu'il voyait. On reconnaissait sans aucun doute la patte de Snape dans l'aspect sombre de l'appartement dont les couleurs dominantes étaient le noir et le vert, mais c'était moins froid et sans doute plus vivant que ce que Harry avait imaginé. Peut-être était-ce la présence de Lupin qui avait rendu ce lieu plus chaleureux. 
—  Alors, Potter, que pensez-vous de l'endroit où vit « Snape » ? demanda ce dernier d'un ton un peu sarcastique alors que Lupin les invitait à s'asseoir dans le salon. 
—  C'est bien, répondit-il simplement. 
—  C'est vraiment très beau, monsieur, ajouta Hermione qui aimait vraiment l'atmosphère du lieu. 
—  Je vais chercher le thé, annonça Lupin qui souriait de toutes ses dents. 

       Snape le suivit et en profita pour lui demander si les deux étaient au courant de leur relation. 
—  Oui, Molly leur a dit. 
—  Très bien, nous n'aurons pas à l'annoncer nous-même. L'ont-ils bien pris ? 
—  Oui, apparemment Hermione semblait ravie pour nous et Harry a été un peu étonné mais même Ron a trouvé cela amusant. 
—  Amusant ? 
—  Reconnais que ça peut surprendre. 
Snape ne répondit pas. Tant que les deux présents ne les embêtaient pas avec cela, ça lui allait. 

—  C'est étrange de vous voir en habits moldus, professeur, fit remarquer Harry en regardant le simple jean noir droit et le pull de la même couleur qu'il portait. 
       Hermione lui jeta un regard réprobateur mais Snape se fichait de la remarque. Il ne réagit pas et s'assit dans l'un des fauteuils noirs. Lupin, après avoir servi le thé, se tenait debout à côté de lui, une main sur le dossier du fauteuil et les deux invités les observaient, un peu gênés. Les jambes croisées, adossé au fond du fauteuil, un bras sur chaque accoudoir, Snape était assez impressionnant et contrastait avec la douceur que dégageait Lupin à côté de lui, une main dans la poche de son pantalon beige. Mais soudainement, la gêne d'Hermione laissa place à un petit sourire sur son visage. Snape haussa les sourcils et Lupin demanda : 
—  Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça, Hermione ? 
—  Oh, rien, répondit-elle en rougissant. C'est juste que... enfin, au premier abord on peut être surpris que vous deux soyez... pataugea-t-elle, mais en fait, à vous voir comme ça l'un à côté de l'autre, vous allez vraiment bien ensemble. 
       Lupin eut l'air surpris par sa remarque puis sourit à son tour en baissant un regard pétillant sur Snape qui leva la tête vers lui pour lui adresser un regard beaucoup moins mignon et un petit sourire charmeur en faisant un haussement de sourcils dragueur. Lupin rit et ils s'amusèrent de voir leurs invités rougir. 
—  Et vous, comment va votre vie amoureuse ? demanda Lupin. 
—  Toujours avec les rouquins ? ajouta Snape d'un ton un peu dédaigneux. 
—  J'ai cru comprendre que les roux ne vous déplaisaient pas forcément, monsieur, fit remarquer Harry en référence à sa mère. 
—  Erreur de jeunesse, répliqua Snape. 
—  Pardon ? s'estomaqua Harry. 
—  Je plaisante, Potter. Vous avez sans doute pris le Weasley le plus intéressant de la famille. En revanche, le choix de miss Granger reste un véritable mystère. 
       Offusquée, Hermione ouvrit la bouche d'un air révolté et fronça les sourcils. 
—  Je pense que Ron a largement prouvé sa valeur, répliqua-t-elle, piquée. 
       Pour toute réponse, Snape lui adressa un rictus narquois, révélant ses dents mal rangées, et elle comprit qu'il se moquait d'elle et n'était pas sérieux —bien qu'il continuait d'avoir un certain mépris pour le dernier garçon Weasley.