Chapitre 6

1.2K 61 3
                                    

Une cabane en bois à moitié en ruine apparaît devant nous. Elle est à moitié enveloppée par les herbes montantes, comme si la nature allait l'avaler. Dans un sens, c'est la cachette parfaite pour ces hommes. Un endroit pas vraiment dans la civilisation mais pas dans la nature non plus.

J'essuie mon menton avec le haut de mon t-shirt. Le soleil rayonne dans le ciel et caresse la végétation mais l'humidité est horrible.. Mes vêtements me collent au corps comme une seconde peau. En plus, je commence a avoir des démangeaisons dans les jambes à force d'avancer dans les herbes hautes. Heureusement que j'ai des vêtements de rechange dans ma valise et des produits anti-bestioles en tout genre.

Rafael, lui, avance tel un félin dans les herbes hautes. Il ne semble pas gêné par le climat ou la végétation. Il a l'habitude, c'est certain.

— Suis-moi et ne fais pas de bruit, glisse-t-il doucement. On va les contourner.

Il nous entraîne plus profondément au milieu des arbres. Pourtant, plus je le suis et plus je me demande où nous allons. Les arbres sont identiques pour moi. Comment fait-il pour s'y retrouver? Rafael tourne la gauche est j'en fait de même. Mon cœur est en alerte mais j'ai plus l'impression que le problème c'est moi. Raf ne fait aucun bruit mais j'ai l'impression que moi si. Presque comme si un éléphant marchait sur des clochettes. Sous mes pas, toutes les petites branches craquent sous mon poids. A cette allure, je vais nous faire repérer. Je comprends pourquoi Rafael ne voulait pas que je vienne.

Pourtant, nous continuons d'avancer sans être repéré et des formes se dessinent devant nous. Deux hommes assis sur des morceaux de bois, près d'un feu avec des gourdes dans les mains. Leur apparence laisse penser à des civiles qui pourraient juste passé du temps ensemble mais, les fusils posés à côté d'eux ne peuvent pas être plus claire.

Jel se fue a mear con la botella de agua, carajo, dit l'un des hommes.

Mon coeur fait un bon. Ils savent qu'on est là?

Mais Rafael pose un doigt sur sa bouche pour me signifier de ne pas faire de bruit et m'incite à le suivre. Les deux hommes ne bougent pas de leurs positions et continuent de siroter une bouteille, près du feu crépitant.

Desde que folló, hasta tiene ladillas en su mata, répond l'autre.

Mes yeux sont rivés sur ces hommes, avec la folle impression qu'ils peuvent nous voir et nous attendre a tout moment. Pourtant, je ne dois pas m'affoler, s'ils ne hurlent pas et ne cours pas dans tous les sens, c'est qu'ils discutent juste entre eux, non? Raf me tapote sur l'épaule et me fait signe de le suivre, plus à l'écart. Une fois qu'il s'arrête, mes jambes me lâchent et me forcent à poser mes fesses sur le sol de feuilles et de terre.

Reprends-toi Dani ! Il ne s'est rien passé encore.

Devant mon silence, Rafael s'accroupit à côté de moi et reste quelques instants sans bouger. Mon cœur bat à mille à l'heure et mes mains tremblent. En même temps, je ne me suis jamais retrouvé si près du danger. Jamais ! En plus, s'ils nous voient, c'est fini. Je prends une grande inspiration pour calmer mon angoisse.

— Qu'est-ce... qu'ils ont dit ? demandé-je d'une petite voix.

Rafael, toujours accroupi, pose un coude sur son genou et affiche une moue amusé. Puis, il ramasse un morceau de bois et le décortique l'air de rien.

— Mmm, ils parlent d'une pute, dit-il finalement.

J'ouvre les yeux en grand, affichant la surprise. Alors, c'est de ça qu'ils parlaient? Rien avoir avec nous alors. Je me suis affolé toute seule, pensant qu'ils parlaient de nous alors.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant