Au cœur de la forêt

Chapitre 7

Rafael n'est partie que depuis quelques minutes mais j'ai l'impression que ça fait des heures. Attendre le bon moment n'est pas facile mais faire ce qu'il faut pour les forcer à sortir, l'est encore moins.

Rafael fait une diversion, oui mais de quel genre?

Je mords l'ongle de mon doigt, impatiente. Je suis toujours accroupi sous la fenêtre, attendant que Rafael mette son plan à exécution mais je ne sais ni quand, ni comment. Pourtant, je dois être prête parce qu'une fois que le moment sera là, je devrai me lever et faire ma part de la mission. Ça me fait bizarre d'avoir les mots pour définir ce que j'accomplie. J'ai toujours été trouillarde mais la maintenant, je suis dans la forêt amazonienne à me battre pour récupérer mon sac et sauver mon père. Je sais que j'ai des choses à apprendre mais, pour l'instant, le petit bout de chemin que j'ai accompli me rend plus fière.

Soudain, une légère fumée emplit mes narines, me forçant à sortir de mes pensées. Je lève la tête pour regarder au-dessus de la forêt mais je ne vois rien. Je fronce les sourcils et me penche en avant pour regarder si l'odeur vient de ces hommes. Pourtant, ils ne bougent pas de leurs positions.

Est-ce Rafael?

Mais rien n'indique d'où vient l'odeur comme si, seule mon imagination l'avait senti. Je deviens folle, c'est ça? A force de chercher mon père et de m'inquiéter, je perds la boule? Puis, l'odeur devient de plus en plus forte dans mes narines et une fumée s'élève d'un point dans la forêt, en face de la position des hommes.

Non, je ne suis pas folle! C'est Rafael et son plan d'éloignement. Espère- t-il les attirés avec de la fumée dans la forêt?

Mais les secondes passent sans que personne ne s'aperçoive de rien. Je reste sur mes genoux, une main posée contre le mur de la cabane à surveiller le moindre signe.

Pitié, faites qu'ils voient le feu!

— Oye, ¿no es humo? dit l'un des hommes à côté du feu en pointant du doigt le point de fumée.

Oui, c'est ça! Humo, le feu de Rafael.

Soudain, un homme avec une frêle corpulence sort de la cabane. Il porte un chapeau vert foncé et des lunettes. Son arme est accrochée par la lanière à son épaule, comme un arc. Il soulève les jumelles qu'il porte à son coup et observe l'endroit de la fumée.

— Un incendio forestal, dit-il en posant sa main devant ses yeux. Puis, il pointe son doigt dans la cabane. Jo verá.

Jo? Celui qui m'a volé mon sac avec son ami Rico?

Soudain, de l'agitation se fait entendre dans la cabane. Je colle mon dos contre le mur de la cabane en bois pour rester la plus discrète possible. Quatre hommes sortent de la cabane, dont le dénommé Jo, celui qui m'a volé le sac dans la rue. Ils ont des fusils posés sur l'épaule. L'un d'eux s'approche du chef en mâchant une sorte de branche.

— Ve a mirar pero no te acerques demasiado, dit celui qui semble être le chef.

L'homme crache son morceau de bois sur le sol et fait signe aux autres de le suivre. Les trois hommes restant récupèrent leurs fusils dans leurs mains et s'enfoncent dans la forêt. Ils disparaissent de ma vue mais leurs pas résonnent dans ma tête comme une bénédiction. Le plan de Rafael se déroule à la perfection. Pourtant, ce n'est pas assez? Ils sont encore trois dans la cabane, dont le chef. Je regarde la forêt, à la recherche d'une aide divine.

Qu'est-ce que je peux faire pour les attirés loin de la cabane?

Je m'accroupie et reviens sur mes pas. Mon choix est assez simple: de ce côté ou de l'autre.