Chapitre 31

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Les impacts sur le sol recommencent les unes après les autres, dans un bruit qui mélange terre et impact. Les éclats sur le sol sont aléatoires, mais j'ai l'impression qu'ils me frôlent à chaque fois. À chaque impact, mon cœur s'emballe et augmente ses battements. Angoissés et envahit par la peur, mes yeux s'affolent malgré moi, balayant les alentours, anormalement.

— Raf...

— Pas un bruit, murmure Rafael contre mon oreille. Il ne nous voit pas, on est caché par la végétation, il tire à l'aveuglette.

Je ferme les yeux, priant qu'aucune balle ne nous touche. Mon nez, collé contre le sol, essaie de se ventiler, de garder un minimum d'oxygène dans son corps, mais en vain. Je ne peux pas respirer autrement.

Puis, les bruits de balles cessent, rendant la forêt affreusement silencieuse, presque comme si quelqu'un était mort.

— Reste-la, murmure mon guide contre mon oreille. Baisse la tête et ne bouge qu'en cas d'extrême urgence.

Lentement, il recule, longeant mon corps, mais d'un geste sur le bas de son dos.

— Rafael ! Supplié-je, avant de me rappeler qu'il ne part pas pour rien. Sois prudent.

— Comme toujours, souffle-t-il de nouveau sur mon oreille.

Puis, toujours, accroupie, mon guide recule, posant ses pieds et le bout de ses doigts avec grâce pour se déplacer en arrière, jusqu'à disparaître dans la foret.

J'essaie de respecter ma promesse de ne pas bouger, mais dieu que c'est difficile quand une arme est potentiellement braquée sur vous. Je serre les doigts sur le sol de terre et de feuilles et inspire le plus d'air pour ne pas paniquer.

Les minutes passent comme des secondes dans ma tête. Le seul bruit dans cette foret silencieuse est ma respiration rapide.

Soudain, les pieds d'un homme apparaissent mon champ de vision, près d'un arbre. Instinctivement, je lève les yeux, passant de ses pieds à sa tête le plus lentement possible.

Je fronce les sourcils de surprise. Non seulement il est armé, mais C'est l'un des hommes qui m'ont volé mon sac !

Muéstrate, dit-il.

De peur, mes mains s'agrippent à la terre de manière plus forte.

L'homme s'approche, faisant à peine craquer les branches. J'appuie sur mes mains et mes genoux pour reculer, mettre de la distance entre nous, mais, à cause des battements de mon cœur, j'ai l'impression qu'il peut m'entendre à tout moment.

Sé que estás ahí !

Il continue sa route, se rapprochant de plus en plus de ma position, posant ses pieds toujours plus en avant, me rappelant que malgré mes gestes pour reculer, il avance plus vite que moi.

Et tout bascule. Il me voit, et pointe aussitôt son arme. Ma bouche s'ouvre en grand, mais aucun son ne sort.

Vertical.

Il lève son arme en l'air me montrant qu'il faut que je me mette debout.

Petit à petit, j'obéis, posant les paumes de mes mains à plat sur le sol pour soulever mon corps.

C'est bien l'un des hommes dans la cabane.

— Je ...

Cierra la. ¡Dame el cuaderno!

Il regarde derrière mon dos, certainement à la recherche de mon sac à dos. Probablement pour mon carnet, mais que j'ai laissé dans mon sac à dos avec Dantae et Sergio.

— Je ne les pas...perdu

Il tourne la tête est, d'un geste rapide, crache sur le sol. Et, il déplace son arme sur le côté s'approchant de ma position. D'un geste brusque, il saisit le haut de mon t-shirt et tire d'un geste dessus.

Je pousse mes mains en avant pour le faire lâcher, pour le repousser.

— Non !

Soudain, la silhouette sort de la forêt, comme un puma bondi sur sa proie. Rafael surgit alors des broussailles, couteau entre ses dents et saute sur mon adversaire. Tous deux bascules sur le côté, dans un bruit sourd. Comme un puma, Rafael se relève d'un bond, faisant passer le couteau de sa bouche à sa main.

L'homme lève aussitôt son arme. Mon guide s'élance en avant, jambe en l'air et donne un coup de pied pour faire baisser son arme. L'homme s'accroche à son arme et avec son autre main, donne un coup au visage de mon guide.

Je sursaute, la peur et l'angoisse m'envahisse.

Je ne veux pas mourir ! Ni que Rafael meurt !

Il est face à cet homme, les genoux légèrement fléchis, son couteau dans une main. Je n'arrive pas à détourner mon regard de cette scène, jusqu'à ce qu'une ombre s'introduise dans mon champ de vision. Un autre homme, armé, se rapprochent de mon guide.

Quelle solution j'ai ? M'enfuir, comme à la cabane ? Non, plus jamais !

Je me battrai quoi qui arrive, je ne fuirai plus ! Entre la cabane et le Puma, je suis sûr que je ne suis pas faite pour rester à l'abri du danger. Je peux me battre !

Je récupère un bâton et le serre d'entre mes doigts, comme avec le puma. Puis, je m'approche de lui, essayant de rester derrière lui, sans bruit.

Mais avant même d'avoir pu arriver, à quelques mètres de lui, une main se pose sur mon bâton.

J'étouffe un cri avant de reconnaître Sergio et Dantae.

D'un signe de tête, il me fait signe de reculer.

Dantae s'approche de l'homme, couteau en main et d'un geste aussi rapide qu'un oiseux, passe la lame d'un coup sec sur sa gorge.

Je ferme les yeux, ne pouvant pas voir davantage de ce spectacle sordide.

— Ramène-la au camp, je m'occupe de Wauja, dit Sergio.

Dantae acquiesce et sans attendre me saisit par le bras.

— Viens ! M'ordonne-t-il.

— Quoi, mais, il est peut-être blessé...

— Sergio s'en occupe. 

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant