Chapitre 46

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Le voyage jusqu'à la montagne carré est rapide, mais, le rythme que mon guide a pris, me permet de bien le suivre. Pour autant, je dois avancer plus vite pour notre survie à tous les deux, à tous les trois, à tous les cinq. Le fait, de ne pas savoir pour Dantae et Sergio me rajoute une culpabilité.

Soudain, Mickael sort entre les arbres et s'approche de nous.

— Il y a un feu au sud, il n'y en a qu'un seul, mais ça peut être le sentier Lumineux.

— Est-ce que c'est possible que ce soit Dantae ou Sergio ?

— Non, répond Mickael. Ils savent que c'est dangereux et que ça donnerait leurs positions. Puis, il se tourne vers son fils. Il nous faut un autre itinéraire pour les contournés au cas où.

Rafael sort la carte de son sac. Je me rapproche de lui.

— On n'est plus très loin, je pense. Encore une journée de marche et on y est. Sauf, si on passe par l'opposé, on perd une journée tout au plus.

— Mais ils ont un pisteur avec eux, non ? Questionné-je. Quoi qu'on choisisse, ils le seront tôt ou tard ?

— Oui, mais les mastanahua sont d'excellent pisteur. En plus, ils sont plus nombreux alors, les déplacements sont forcément plus lents et puis, en se cachant pendant deux jours, ils ont probablement perdu nos traces et mon père est assez doué pour disparaître toute trace de sa présence.

Mickael laisse échapper un léger rire. Ce moment montre la relation qu'ils ont ensemble et pourtant, Une pointe d'amertume traine dans ses paroles.

Je pose mes yeux sur mon guide, surpris. Est-ce que la relation pères-fils est difficile ? Je me souviens des paroles de Dantae. À la mort de la mère de Rafael, il a emmené son fils dans la tribu de sa mère pour que sa grand-mère l'élève. Je sais aussi que Mickael est resté avec eux pour leur apprendre le français, mais après ?

— Ou avez-vous appris le français ?

Miguel regarde son fils sans répondre. Les yeux rieurs de mon guide se transforment peu à peu, devenant plus sombre.

— Mon père était professeur de français dans une université du Pérou avant de rencontrer ma mère. Après, je suis né, ma mère est morte et il a abandonné son fils pour vivre en ermite, explique Rafael.

La culpabilité s'installe dans mon cœur. Je n'aurais jamais dû parler de ça. Rafael remet la carte dans sa sacoche.

— Gamin...

— En route, coupe Rafael d'un rude.

Mickael encaisse le ton de Rafael et après un signe de tête disparait de nouveau à travers les arbres.

Nous reprenons la route. Notre marche, bien que silencieuse, est assez rythmé et on avance plutôt vite. Je ne peux m'empêcher de regarder les alentours, inquiet d'une probable attaque.

Le bandage sur ma main me rappelle qu'ils peuvent nous surprendre à tout moment, même quand on s'y attend le moins.

Soudain, le dos de mon guide s'arrête. Alerte, je m'approche et serrant mon couteau dans une main.

— Rafael ? Chuchoté-je.

Il se retourne, posant un doigt sur sa bouche. Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce qu'il se passe, quand soudain Mickael sort des arbres.

— On y est ! 

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant