Chapitre 47

748 45 0
                                    

La montagne carrée se dessine devant nous. En réalité, je suis surprise, elle n'a rien d'une montagne. On dirait plus une roche recouverte de mousse verte, qu'un monticule de terre qui forme un carré. Je m'approche et d'un geste de la main, repousse un peu de verdure avec mes doigts, dévoilant une surface dure comme de la pierre. Est-ce qu'il y a une entrée ou quelque chose dans le genre qui permet de rentrer ou c'est juste de la pierre carrée ?

Je regarde les alentours. Dans tous les cas, nous sommes sur la probable piste ou mon père a pu aller et c'est déjà ça.

— Si mon père est passé par ici, il y a forcément...

— Un indice ! Fini Rafael.

Je souris, regardant mon guide se placer à mes côtés.

— On cherche un feu ou un indice de son passage ? Questionné-je.

Un souris s'élargit sur son visage.

— Oui. La montagne n'est pas très large. Je te laisse faire le tour, moi, je vais voir un peu plus loin, au cas où.

— Ne vous éloignez pas tous les deux, il vaut mieux rester prudent. Je vais effacer notre trace pour que le sentier lumineux ne suive pas, explique soudainement le père de Rafael.

J'acquiesce et prends le chemin qui contourne la montagne carrée. Mes pieds, bien que gêné par la végétation, foule la terre rapidement. Mes yeux cherchent le moindre indice qui pourrait justifier une présence humaine.

Pourtant, malgré mon tour, rien ne donne.

Je retourne là où j'ai quitté mes compagnons, et attends, assise, qu'ils reviennent. Seules sur le sol de feuilles et de terre, mes pensées vagabondent de manière très négative : Et s'il n'y a aucun indice ? Je pose mes mains sur mes joues et souffle le plus d'air possible.

— Alors ? Questionne une voix.

Je sursaute et me relève, faisant face à mon guide.

— Alors, rien et toi ?

Il s'approche lentement.

— Je n'ai pas trouvé de feu mais....

Il ne dit plus rien, comme s'il réfléchissait.

— Mais quoi ?

— J'ai trouvé l'empreinte de la pièce sur une stèle.

L'empreinte ? La même qu'à l'intérieur de la grotte. L'un des indices que mon père m'a laissé avant de disparaitre.

— Quoi ? Alors, il est passé par ici ! affirmé-je.

— Mon cœur, je n'ai pas vu de feu, comme s'ils ne s'étaient pas arrêtés ici.

Je suis déçu, horriblement déçu.

— Ce n'est pas le bon endroit... murmuré-je a moi-même.

— Pas forcément. Ils ne se sont peut-être pas arrêtés ici tout simplement.

— Mais, où sont-ils alors ? Sans trace, nous n'avons plus de but à suivre.

Rafael sort la carte de son sac et la pose sur le sol devant moi.

— Là, ce sont les ruines et, ici, la montagne. Il y a forcément un lien.

Un lien ? Mais malheureusement dans la tête de mon père, Qu'est-ce qui pourrait relier les idées entre elles ?

— Ce sont des points.

Le père de

— Pardon ?

Il s'approche de nous et pose la crosse de son arme sur le sol. Du doigt, il désigne les points que Rafael a entourés et fait une sorte de triangle.

— Le triangle d'or. Le Pérou, la Bolivie et Chili étaient reliés par le triangle d'or.

Je fronce les sourcils. Relié comme les dieux, comme les animaux, comme... Je pose mes doigts sur la carte. La ou à commencer notre chemin et l'autre indice, puis de mon autre main, je remonte, jusqu'à ce que mes doigts se rejoignent.

— Mon cœur, qu'est-ce que tu fais ? questionne Rafael.

Je relève la tête un instant puis remporte mon attention sur la carte.

— Si je rejoins tous les points qu'on a visités en comptant la montagne carrée, j'obtiens....un carré. Et si on fait ça, ça fait un point... un triangle, une trilogie.

— Donc, ton père est à l'intérieur de ce triangle ?

— Oui, je pense même en son centre.

Mon guide se penche, remonte les doigts, jusqu'au milieu et tape du doigt.

— Oui, c'est possible, mais C'est une zone assez dangereuse. Il y a une rivière ici, assez violente qui finit en cascade.

— C'est assez loin et beaucoup de marche...

— La zone est reliée à la rivière. On pourrait construire une embarcation et descendre le reste de la rivière.

Faire le reste du voyage assise me semble être une très bonne idée. En plus, de l'eau, c'est assez humide pour le dernier animal sacré : Le serpent !

— Très bien, on repart ! Affirmé-je.

Soudain, un coup de feu retenti dans la foret. Il me donne l'impression d'être proche et si loin en même temps. La silhouette du père de mon guide se dessine.

— Ce n'est pas normal, assure Mickael. Continuez sur la même route, je dois aller voir ce qu'il se passe.

Mon cœur fait un tour.

— Très bien.

Rafael fixe son père droit dans les yeux.

— Fait attention, je n'ai pas envie de faire le rituel de funéraille.

C'est maladroit et pourtant, je ressens l'émotion d'un fils qui ne veut pas que son père ne meure.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant