Chapitre 9

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Je m'arrête sur la route Rodovia interoceanica, dans un petit coin ombragé qu'offre un arbre aux racines immenses. Elles recouvrent la terre à côté de la route comme des bras de géant enlaçant son amante, avant de s'enfoncer dans la terre et de s'installer à moitié sur la route.

L'air faible qui s'engouffre par la multitude de trous dans la vitre est vivifiant, presque vital pour mes poumons, mon âme. Pourtant, je suis encore à fleur de peau. Mes larmes sont calmes mais la trace qu'elles ont laissée sur mes joues sont encore fraîche.

Est-ce qu'elles disparaîtront un jour? J'en doute.

Soudain, Rafael ouvre la portière d'un geste brusque est descend, laissant l'air humide rentré dans l'habitacle de la voiture. Mes yeux se posent un instant sur lui. Je devrais le suivre mais je n'y arrive pas, mes mains sont littéralement accrochées au volant.

Puis, Rafael referme la portière et disparaît de ma vue. Le silence envahit peu à peu l'habitacle. Il se mélange à mes battement de cœur encore rapide. Il est affolé, perdu et encore sous l'effet de mes émotions. Pourtant, plus les secondes passent et plus une sensation se fait sentir. La paix, le repos. Ce silence est une bénédiction, comme s'il me reconnecte à mes émotions. Le bruit extérieur s'insinue dans mes oreilles. Des grillons ou des oiseaux, je ne saurais le dire mais, plus les secondes passent et plus ce son m'apaisent, me tire de mes pensées négatives.

Pourtant, mon cœur est lourd comme du plomb.

Je serre le volant et souffle pour évacuer le surplus. Ma tête se pose contre le dossier de mon siège et mes yeux fixent le plafond gris foncé, noircis par les impacts de balle. Je ferme les yeux à ce douloureux rappel. En partant à la recherche de mon père, je ne pensais pas vivre ce genre de choses. Les balles, les enlèvements et même la mort sont des choses qui m'étaient totalement inconnues, à moi, une jeune fille de bonne famille. Ma vie tranquille, sans soucis, ne m'a pas préparé à ce genre de choses.

Je souffle fort pour chasser l'angoisse qui monte. Je dois rester positive quoiqu'il arrive. Les choses auraient pu être pires. Pour moi et pour Rafael.

Rafael. Je dois bien reconnaître une chose. Clairement, si Rafael n'avait pas été là, la fin de cette journée aurait pu être différente et ma recherche se serait arrêtée. Mais, par chance, elle n'est pas finie et je dois garder en tête que mon père est encore dans la forêt. J'ouvre les yeux en serrant le volant, décidé. Mon combat n'est pas terminé! Tant que je suis en vie avec mes deux jambes, je n'abandonnerais pas.

Je récupère mon sac et le serre fort contre moi. Maintenant, j'ai tout ce qu'il faut pour partir à sa recherche. Mon sac et un guide qui a déjà montré qu'il était droit.

Je sors de la voiture et contourne le coffre de la jeep. Rafael est dos contre le coffre de sa voiture et fixe l'horizon d'un air lointain sans aucune émotion. Pourtant, son visage est contusionné. Rien de très apparent mais, sa joue a une teinte légèrement violacée et son arcade sourcilière saigne un peu. En y repensant, il s'est battu avec ces hommes et son corps doit en garder des traces. Dans quelques heures, les coups qu'il a reçus vont devenir bleu et violet. A cet instant, je culpabilise un peu du risque qu'il a encouru à cause de moi. Lui aussi, a vécu des choses difficiles mais, il ne dit rien. Pire, il ne me fait aucun reproche.

— Rafael ?

Il sursaute et s'éloigne du coffre de la jeep en posant ses yeux sombres sur moi. Son expression impassible disparaît aussitôt et passe à une émotion curieuse. Une sorte de culpabilité mélangé à de la compassion.

Je souris intérieurement. Le début de notre rencontre n'a pas été de tout repos mais je suis heureuse qu'il ait été là. Heureuse qu'il soit en vie.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant