— Toi, tu restes ici. Nous, on te rejoindra quand se sera fini, explique Rafael.
Je pince mes lèvres entre elles, empêchant que mes émotions ne prennent le dessus sur mon cerveau. Pourtant, j'ai peur. Peur que lui aussi ne revienne jamais.
— Fait attention, mumuré-je.
Mon guide se penche vers moi et dépose un baiser furtif sur mes lèvres serré. Puis, lentement, il pose ses mains sur mes épaules.
— Tu es sûr que...
Mais avant qu'il continue, je pose le bout de mes doigts sur ses lèvres.
— Ne dit rien, s'il te plaît. Pas maintenant.
Il m'observe quelques secondes, affichant un regard à la fois triste et compatissant. Puis, il me saisit la main et m'entraîne vers le groupe des garçons. Ils sont debout, les uns en face des autres, armes en mains. Leurs visages sont grave.
— L'entrée est certainement gardé par un des hommes, il faudra se montrer prudent, affirme Sergio.
— Ces hommes sont cupides et sont probablement en train de devalisé tout l'or qu'ils peuvent porter, explique Dantae. Je doute qu'ils fassent attention à nous.
J'ai envie de lui dire que d'autres ont cru à ses propos et sont désormais enterrés sur ces terres.
— Heureusement, qu'ils ont laissé assez de poudre et des explosifs derrière eux, explique Sergio. Ça va nous faciliter la tâche.
— De toute façon, intervient le père de mon guide, j'ai de quoi faire un joli feu dans mes affaires.
— Prêt ? Questionne aussitôt Sergio.
Le silence donne aussitôt la réponse à cette question. Je resserre la main de mon guide et tire sur son bras pour le tourner vers moi.
— Reviens-moi. D'accord ? C'est tout ce que je demande.
Il pose sa main contre ma joue et caresse ma pommette du bout de son pouce.
— Toujours, dit-il.
Puis, il recule, affichant un sourire qui réchauffe mon cœur et disparait avec le reste du groupe, me laissant seule dans cette forêt qui abrite les âmes de nombreuses personnes.
Je m'assois contre un arbre, laissant les secondes puis les minutes remplir la roue du temps.
Soudain, l'explosion, tant attendue, retenti, faisant fuir les oiseux des arbres. La fumée qui se dégage à travers les arbres est abondante. L'explosion est bruyante dans mes oreilles et laisse un poids dans mon estomac. Je regarde les airs, vers la fumée qu'à laisser les explosifs, et une vérité ressort dans mon esprit. Ils resteront coincés à l'intérieur de la grotte, avec ce qu'ils désirent : de l'or, une cité remplit de joyaux. Et mon père restera avec eux, veillant sur la cité, comme un gardien.
— Adieu papa...
***
J'ouvre les yeux, aspiré par la faible lumière de la fenêtre qui fouette mon visage. Mon corps est lourd et chaque parti de ma peau me brule comme si de la lave roulée sur ma peau.
— Tu es réveillé ?
Immédiatement, je tourne la tête, dévoilant le visage de mon guide qui me regarde, allongé sur le côté, un bras replié sur sa tête. J'ouvre la bouche, mais la referme aussitôt, la pièce derrière lui est familière. L'odeur aussi.
— Pourquoi on est ici ?
Du bout de son doigt, Rafael repousse l'une de mes mèches de cheveux sur le côté.
— On t'a retrouvé coucher dans les herbes et malgré de nombreux baisers, je n'ai pas réussi à te réveiller.
— C'est le bateau de ...
— Oui, de Cortes. Il la laisse sur la rivière. Alors, on sait dit qu'on pouvait en profiter pour faire le voyage de retour.
Je prends une grande inspiration. Mon cœur est confus, se baladant entre la peine et la déception. Le voyage de retour n'avait pas le même cheminement que Rafael. J'en attendais plus, ou du moins, j'en espérais plus.
Je ferme les yeux un instant, puis les rouvrent.
— Je veux devenir archéologie comme mon père et finir ses travaux sur la cité... Je sais que c'est égoïste mais, je ...je veux le revoir un jour. Je veux que la cité, soit protéger et que personne ne fasse de mal à ceux qui la protègent...
— Alors, je serais ton guide et ensemble, on protègera les trésors de ton père.
Je pose mes yeux sur lui et aussitôt des larmes se mettent à couler.
— Tu sais, pour dire je t'aime, les Indiens Yanomami en Amazonie disent : Ya pihi irakema, qui signifie j'ai été contaminé par ton être - une partie de toi y vit et y grandit.
Je m'arrête et prend une grande inspiration.
— Je sais que notre rencontre n'était pas la plus simple, mais maintenant, je sais qu'une partie de toi vit en moi, tout comme mon père.
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Au cœur de la forêt
RomanceMon père a disparu dans les profondeurs de la forêt Amazonienne. On m'a dit qu'il n'y avait plus aucun espoir de le retrouver vivant mais je ne peux pas accepter cette vérité-là alors ce matin, j'ai pris l'avion direction le Pérou, pour le retrouver...