Chapitre 10

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L'air dans mes cheveux et vivifiant mais humide a un point inimaginable. Une légère pluie tombe sur le pare-brise troué de la jeep, s'infiltrant dans l'habitacle. Le ciel gris est à l'image de mon humeur, sombre et angoissant.

La route n'est plus bétonnée depuis que nous avons traversé la route, ce qui rajoute des soubresauts et donc un inconfort pour mon humeur déjà bien fragile.

Soudain, la jeep s'engage dans une ruelle de petite cabane en métal cuivre et verte presque accolée les unes aux autres. Je fronce les sourcils. Du Cuivre? En fait, à regarder de plus près, je dirais plutôt un changement de couleur du a de la corrosion.

Y a-t-il des gens qui vivent ici dans ces conditions?

Je penche la tête vers la vitre. C'est assez curieux, le paysage est assez désertique, comme si personne n'habité ce village, comme si il était à l'abandon depuis de nombreuses années.

Mais alors, que fait-on ici?

Des épaves de bateaux apparaissent, certaines sont dans le bon sens mais la plupart sont à l'envers et dans un piteux état. Puis, derrière ces épaves, la rivière se dessine sous mes yeux. Sa couleur foncée détonne avec ce que je connais. Je suis habitué aux eaux translucides de saint tropez ou tu peux voir le fond mais ici, je pense que je ne verrais même pas mes pieds.

Rafael ne dit rien et se gare sur un morceau d'herbe, faisant bouger une dernière fois mon corps sur le siège de la jeep.

Je le regarde un instant, surprise qu'on s'arrête ici. En face de moi, il n'y a presque rien mis a part une simple rivière et des épaves de bateaux retournées.

— Attends-moi dans la voiture, je n'en ai pas pour longtemps, dit-il simplement.

J'ouvre les yeux en grand puis déplace mon regard sur cette ville abandonnée. Seule, ici? Je ne crois pas, non.

— Hors de question que je reste ici, je t'accompagne!

— Il faut que je lui parle, dit-il en levant les yeux aux cieux.

— Et en quoi je te gène?

— C'est un vieil homme assez rústico et patán.

— Et qu'est-ce que ça veut dire?

— Que c'est un vieux pervers avec de mauvaises manières.

Inconsciemment, je pouffe de rire.

— C'est pour ça que c'est ton ami, je suppose. Dans tous les cas, je t'accompagne et ce n'est pas négociable.

Le sourire de Rafael s'élargit et un rire franc s'échappe de ses lèvres. Il se tourne vers moi en posant ses coudes sur le volant.

— Comme tu veux, niña mais je t'aurais prévenu, dit-il en sortant.

Je sors à mon tour et le rejoins derrière la voiture. Nous avançons vers les épaves de bateaux sous la pluie fine. Je marche à ses côtés, évitant le plus possible les flaques de boue. Heureusement que j'ai de bonnes chaussures.

Soudain, de multitudes de petites cabanes apparaissent, ou des gens sont assis sur des rondins de bois. Les cabanes sont toujours rouillées mais, on voit clairement qu'elles sont habitées cette fois-ci. Des hommes et des femmes aux teint basané sont penchés sur des filets de pêches et font des vas et viens avec leurs doigts entre les trous des filets. Des enfants courent devant nous, m'arrachant un léger sourire.

Puis, derrière un mur de l'une des maisons se dessinent le pire bateau que j'ai vu de ma vie. Une sorte d'épave qui ne doit tenir debout que par le saint esprit. Les plaques qui forment la carcasse sont pleines de rouille et retenues par des boulons douteux.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant