Chapitre 38

775 44 0
                                    

Je me réveille en sursaut. La nuit est encore bien sombre, mais la lune est assez lumineuse pour que la forêt ne soit pas avalée par la nuit. Je ne sais pas combien de temps, j'ai dormi, mais je sais que ce n'est pas assez.

Je me frotte les yeux et remonte la couverture sous mon menton, profitant encore de sa chaleur.

— Ils ont pris de l'avance, chuchote une voix que je reconnais à peine.

Curieuse, je me retourne vers le son des voix. Mes yeux se posent sur deux silhouettes debout, faiblement visible dans la nuit. Pourtant, c'est bien la voix de Sergio, tout juste audible.

— Si on fait le tour, on perd au moins une journée. Alors, oui, on pourra sûrement contourner le groupe si on augmente la cadence, mais ça nous fera perdre un temps fou.

— C'est risqué, explique Sergio. En se divisant, ils ont augment leurs capacités sur le terrain. Même en allant vite, ils peuvent vous rattraper en un rien de temps.

— Sauf, si on traverse le territoire des Jivaros...

Wauja, coupe Sergio. Ni les Mastanahua ni les non-autochtone sont les bienvenues sur leurs territoires. C'est un trop gros risque pour le puma.

Je fronce les sourcils, perplexe. Le puma ? Il parle de moi ? Je repousse la couverture et m'assois.

— Rafael ? chuchoté-je.

Les deux hommes arrêtent leurs discussions. Puis, l'une des silhouettes se retourne, se rapproche en silence et s'accroupit. Peu à peu, dans la pénombre de la nuit, le visage de mon guide se dessine.

— Qu'est-ce qui se passe ? Questionné-je.

— Sergio est venu nous prévenir. Le groupe qui nous poursuit avance plus vite que prévu. Il va falloir qu'on parte tout de suite !

Pourtant, dans sa voix traine une poudre de doute.

— Mais ?

— Mais, il va falloir changer d'itinéraire. Les hommes qui nous pourchassent, on prit de l'avance sur nous. Ils se sont séparé en plusieurs groupes.

— Pourquoi faire ?

Soudain la deuxième silhouette se rapproche.

— Un homme du nom de Santiago les a rejoints dans la nuit. C'est un pisteur qui a déserteur sa tribu, il y a quelques années. Il sert de pister quand ils ont besoin.

Un frisson parcourt mon corps. Alors, il connaît la forêt comme sa poche.

Je me relève et enroule la couverture en boule. Je récupère mon sac à dos, le glisse sur mon épaule et avance vers eux.

— Je suis prête !

— Allons-y, dit Rafael. Puis, il fait un signe de tête à peine visible dans la nuit a son ami et récupère la couverture qu'il glisse à sa taille.

Je m'approche de lui, prête à partir, mais Sergio saisi mon bras et me tire en arrière. Sans dire un mot, je laisse faire. Il récupère quelque chose à sa ceinture et me le tend d'une main.

Malgré la faible luminosité, la valeur de l'objet est nettement identifiable.

— Un couteau ? Questionnè-je.

Sans surprise, il ne me répond pas. D'un geste, il le pose sur mon ventre rapidement et le lâche, forçant mes mains à récupérer l'objet. Puis, il disparaît sans rien dire à travers la foret.

J'observe l'objet entre mes doigts, septique et me tourne vers mon guide.

— Pourquoi me donne-t-il cet objet ?

Rafael se rapproche et resserre la poignée du couteau entre mes mains.

— Une arme peut toujours servir et Sergio veut probablement que tu es de quoi te protéger en cas de besoin.

Servir ? Pour tuer ? Pour se défendre ? Je ne sais pas si je pourrais m'en servir. À ses yeux, je suis peut-être une guerrière, mais moi, je ne pense pas. Je resserre mes doigts sur le couteau, emplit de doute.

Mais, dans une foret comme celle-ci, suivis par des hommes qui veulent mettre la main sur moi et mes affaires pour arrivée à la cité d'or de mon père, est-ce que je peux me permettre de ne pas avoir une telle arme ?

— Danielle, je te promets que je te protègerai si tu ne veux pas le garder, je.....

— Non...murmuré-je doucement. Non ! Je le garde avec moi.

Est-ce que cette arme peut me permettre à moi de le protéger ?

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant