Chapitre 23

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Le souffle court, je continue de marcher sur le sol inégal de la foret amazonienne, avec ma fichue valise à la main.

La foret est dense, abritant d'innombrables varié d'arbre. C'est difficile d'enjamber les ronces, les racines des arbres et de toutes choses qui dépassent du sol. Suivre la trace de mes compagnons de route en gardant un rythme régulier est une véritable épreuve. Je pensais avoir une bonne forme physique, à force de faire de longues marches près de la Mer Méditerranée et forêt des pierres blanches, mais cette marche dans la foret me fait carrément douter de mes compétences.

Mes compagnons, eux, ne semblent pas gênés par cette marche périlleuse.

Devant moi, se dessine la silhouette de Dantae. Il ouvre la marche avec une démarche souple, comme s'il marchait sur un nuage, suivit du corps robuste de Sergio. Pedro, le deuxième homme qui accompagnait Sergio et Dantae est parti ramener la petite au village. Il devra nous retrouver plus tard, mais je ne sais pas comment avec cette foret.

Mon guide, à quelques mètres de moi, est le seul à garder un rythme plus lent, presque à mon niveau, mais, comme les autres, ni le sol ni la végétation ne paraissent interférer dans sa démarche.

Aller Dani, ce n'est pas le moment de te laisser aller !

Mon pied se pose sur une bute de terre et d'un geste, je tire d'une main ma valise pour la soulevée. Ce geste me couple le souffle, mais je ne m'arrête pas pour autant. Je redescends la bute de terre et pose non sans douceur mon chargement sur les feuilles mortes.

Je passe une main sur mon front pour essuyer la sueur qui s'accumule. Je sue déjà comme un cochon alors que l'on n'est clairement pas arrivé à destination.

Finalement, la présence de la petite me manque, elle m'aurait apporté un certain réconfort. En plus, c'est bizarre d'avoir Sergio comme compagnon de route. J'ai vraiment l'impression qu'il ne m'aime pas avec son air froid. Il ne me parle pas, ne me regarde pas.

Je soulève de nouveau ma valise et reprends ma marche chaotique sous l'air humide de la forêt amazonienne. Le soleil est chaud malgré les feuilles des arbres qui nous protégeaient et descend déjà vers la face ouest.

Ouest ? Attend, le chemin que mon père a pris n'est pas de ce côté !

Je repose ma valise d'un geste, soudainement perdu.

— Rafael, je croyais qu'on allait vers le nord ! questionné-je le souffle court.

Il repousse une branche d'une main et s'arrête en me fixant, le visage serein et surtout sans la moindre goutte de sueur.

— Il nous faut des barques pour naviguer sur Las piedras rivier. Avec les bestioles de la rivière, je préfère éviter de le faire à la nage, dit-il, un sourire aux lèvres.

Fait-il allusion à ma nage pour échapper au Puma ?

J'ouvre la bouche, prête à envoyer un pic, mais la referme aussitôt en serrant le plus possible mes dents les unes contre les autres. J'ai chaud, je suis fatigué et clairement, je pense qu'il ne vaut mieux pas que je commence à répondre sous peine de m'énerver et de perdre le peu d'énergie qu'il me reste.

— Donc...tu es en train de me dire, que nous retournons au village ? questionné-je, en aérant le haut de mon t-shirt.

No pas besoin. On a des canots pas très loin d'ici.

Il a dit près d'ici ?

Je regarde les alentours, sceptique. Je ne vois rien d'autres que des arbres, des feuilles et des troncs de la taille d'un rocher à perte de vue.

Alors, comment font-ils pour savoir où ils vont et, est-ce que c'est encore loin ?

Calme-toi Dani, tu peux le faire ! Ce n'est pas l'air affreusement épais et cette chaleur qui va t'arrêter ! C'est juste que tu n'as pas l'habitude du climat d'ici ...

— Ok...C'est parti, marmoné-je.

Je soulève ma valise d'une main et la tire, mais elle reste coincée sur une branche.

Putain, pourquoi j'ai pris une valise.

Je souffle par la bouche pour ne pas laisser ma frustration et ma colère m'envahir et inspire en tirant une nouvelle fois la poignet, avec le reste de force qu'il me reste, mais, même si elle se détache de la branche, mes forces ne me permettent pas de la garde entre mes doigts et elle retombe sur le sol de tout son long. Maintenant, souillé de terre a un point où je ne reconnais plus la couleur d'origine, ma valise devient une charge, une mauvaise idée de la garder avec moi. Elle me ralentit et ne me permet pas de garder le rythme des autres.

Je reprends mon souffle, mais même ça, c'est dur. L'air est épais et humide et ma poitrine doit forcer pour se soulever.

Je tends la main vers la poignée, mais, sans crier gare, elle se soulève dans les aires et atterrit sur l'épaule de mon guide.

— Non, je peux... je peux la porter... J'ai dit que je la porterais...

Mais, il ne dit rien est continue son chemin, ma valise posée sur l'épaule.

Ce geste, bien qu'amicale, me fait mal. Ma fierté en prend un coup.

Je regarde Rafael s'éloigner avec ma valise et comprends alors une chose importante : La fierté n'est pas une bonne arme quand tu es dans une foret.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant