Chapitre 48

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— Ralenti mon cœur, la rivière ne va pas bouger.

Je m'arrête, le souffle court.

— Je sais bien mais, je veux vite arriver.

En réalité, je suis inquiète pour son père et les garçons. Nous n'avons aucune nouvelle de Dantae et Sergio, alors que sont des guerriers.

Soudain, il pose sa main dans mon dos, diffusant sa douce chaleur.

— Si tu vas trop vite, tu risques de te blesser et ce sera plus long en te portant. Par ce, j'aurais plus envie de profiter de t'avoir dans mes bras, que d'avancer, dit-il avec un clin d'œil.

Mes lèvres s'élargissent en sourire. Comment peut-il rire dans ce genre de situation alors que moi, je peine à garder le moral.

— On s'arrête pour la nuit, dit soudainement Rafael. Comme ça, on se repose et dès que le soleil se lève, on construit une embarcation et on lève le camp.

Le souffle court, je m'assois sur le sol. Je ramène mes genoux devant moi et serre mes bras autours d'eux, pour me calmer, pour apaiser cette envie de vite partir.

— Danielle ?

Je relève les yeux vers mon guide. Il me regarde, le regard inquiet. Je ne dois pas être belle à voir, c'est sûr.

— Oui oui, on répare demain.

— Je sus désoler, la cadence est assez rude mais...

— Ne t'inquiète pas, je vais bien. J'ai juste besoin d'une bonne nuit de sommeil et ce sera parfait.

Mais ses yeux affichent un air désolé, de culpabilité.

— Tu restes ici, je vais nous trouver de la nourriture, dit-il.

Je me sens coupable d'être à la traine.

— D'accord... je m'occupe du bois alors, murmuré-je sans bouger. Ah, non, pas de feu qui pourrait montrer notre position...

Dommage, j'avais envie d'un feu bien chaud. Mon guide s'accroupit devant moi et du bout du doigt, lève mon menton.

— Eh ! M'appelle Rafael. On peut en faire un, mais, pas un gros.

— T'inquiète pas, je n'en ai pas besoin de toute façon.

Je mens, je le sais, mais je ne veux passer pour une petite fille fragile qui a besoin d'un feu pour se réchauffer.

Je recule, plongeant mon regard dans le sien et, je l'embrasse, d'un léger baiser. Puis, je recule, observant l'envi dans ses yeux et me lève tant bien que mal du sol. Il faut que je fasse ma part de travail sans me plaindre. Pourtant, à peine quelques pas de fait, une main se pose sur mon ventre et me tire en arrière.

— Tu vas m'attendre ici, je reviens.

J'ouvre la bouche pour protester, mais seul de l'air sors de ma gorge. Je me rassois, dépité de n'être qu'un fardeau et agite une main dans sa direction.

— Ok.

Et mon guide disparaît dans la forêt. Je m'allonge sur le sol en posant mon bras sous ma tête. Le ciel de feuille se teinte d'obscurité. Mes yeux se ferment une, deux, trois fois avant de se fermer sans se rouvrir.

***

L'air est chaud, réchauffant mon corps de manière douce et chaleureuse. J'ai l'impression d'être dans notre maison à Setes, allongé sur un transat, au soleil, dans notre jardin. Je tends la main, essayant d'attraper le soleil, mais, au lieu d'attraper une matière fluide, mes doigts rencontrent une matière plutôt solide. J'ouvre les yeux, tombant nez à nez avec la chemise entre ouverte de mon guide. Il est allongé sur le côté, une main posée sur mon ventre. Je remonte la tête, découvrant le menton de Rafael, près de mon front. Un sourire s'étire sur mon visage. Ses cheveux sombres encadrent parfaitement son front et retombent sur le côté, emporter par la gravité. Du bout des doigts, je décale une mèche sur le côté.

Je baisse les yeux sur ses lèvres un instant, une envie irrésistible de le réveiller par d'innombrables baisés, mais je me retiens. Lui aussi a besoin de dormir, de se reposer.

Soudain, mon ventre cri famine. Doucement, je recule, m'éloignant doucement de la chaleur de son corps. Une fois assise, je m'étire, réveillant peu à peu tous les muscles de mon corps. Tout à côté, le feu est rempli de bois à moitié consumée, à côté, il ne reste qu'un morceau de bois. J'observe mon guide dormir, alors comme ça, il a fait un feu. Je m'aventure dans la forêt et récupère du bois bien sec qui casse sous mes doigts. Puis, je retourne près du feu et sors mon éternel allume feu. J'applique les conseils de mon guide et après plusieurs coups, une étincelle apparait et tombe sur le morceau de bois.

J'ai réussi !

Je me retourne, prête à hurler ma joie vers mon guide, mais il me regarde déjà, un sourire aux lèvres. Fièrement, je soulève mon allume-feu devant ses yeux.

— J'ai réussi ! J'ai fait un feu.

Il pose une main sous sa tête.

— Je suis fière de toi, mon cœur.

Je m'accroupis et dépose un baiser sur ses lèvres.

— Plus qu'à faire des biscuits, murmuré-je.

— Est-ce que je peux t'aider à les faire ? propose-t-il.

— Seulement si tu obéis à mes ordres.

Il rigole d'un rire sonore, comme je ne l'avais jamais entendu. Un rire franc et rauque la fois.

— Je crois que depuis le début, je suis à tes ordres.

Au cœur de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant