Chapitre 12

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Le reflet de la lune s'infiltre à travers la petite fenêtre de la cabine. Je me retourne sur ce petit lit pour la énième fois, en soupirant. Je voudrais et surtout, je devrais dormir, histoire de m'évader un moment grâce au limbe de la nuit mais, il semble que ce soit juste un rêve. A chaque fois que je bouge, le lit émet un curieux crissement, presque comme si les boulons qui le retenaient allaient lâcher prise à tout moment.

Et m'empêche a moi de lâcher prise.

Agacé de ne pas avoir trouvé le sommeil, je m'assois sur le bord du lit du dénommé Marty et frotte mes mains contre mes bras frais. Depuis mon arrivée aux Pérou mes nuits sont courtes, emplies de doute, d'angoisse au point où je sais que mon corps a déjà donné plus qu'en une année de fac.

Et pourtant malgré ce retard de sommeil qui s'accumule, je n'arrive pas à trouver le sommeil.

D'un geste de la main, je repousse totalement mes vêtements de rechange que j'ai utilisés en guise de couverture a la place de la couverture de "Marty" et me lève.

Je pousse doucement la porte de la cabine et passe la tête dans les pénombres de la nuit. Le couloir est à peine visible, seulement éclairé par une petite lampe à huile suspendu par un petit crochet contre le mur qui se balance au gré du bateau.

J'avance lentement dans ce petit couloir, pénétrant lentement les ombres de la nuit. Le bruit des insectes emplit le silence, laissant croire qu'ils sont les maîtres de la nuit, qu'aucun humain ne vit sur ce bateau.

Un doute m'assaille. Malgré l'heure tardive de la nuit, une personne ne peut se permettre de dormir: Le commandant de bord. Je m'arrête aussitôt, en posant ma main contre le mur. Cet homme, ce Cortes qui semble ne respecter aucune femme digne de ce nom, ne m'inspire pas confiance. Il est grossier, vulgaire et semble accumuler les conquêtes une à une.

Je souffle fort pour me rappeler d'une chose : Je ne me laisserai pas faire s'il tente quoi que ce soit!

Un minimum rassurée, je reprends mon chemin jusqu'à l'avant du bateau. Mais, alors que je pense être seule, une silhouette d'un homme se dessine dans les limbes de la nuit.

Celle de Rafael, mon guide.

Il est assis sur le rebord du bateau, une jambe pliée sur la rambarde et une bouteille dans la main. Je m'approche de lui sans faire de bruit.

Lui non plus n'arrive pas à dormir?

Aussitôt apparaît dans son autre main, un objet que je ne peux identifier dans la nuit. Son visage semble tourné vers le ciel.

Puis, comme s'il avait enfin décelé ma présence, il tourne lentement la tête quelques secondes avant de reporter son attention vers le ciel.

Prise au dépourvu, j'ouvre la bouche mais, la referme aussitôt.

— Le hamac t'empêche de dormir? dis-je finalement.

Je me mords aussitôt les lèvres, regrettant mon pic. Il m'a laissé la chambre de Marty et s'est donc retrouvé à dormir dans le hamac accroché à l'arrière du bateau.

— Peut-être, répond-t-il sans quitter le ciel du regard.

Je m'approche du bord du bateau, essayant de voir ce qu'il regarde mais aussitôt, mes yeux s'arrêtent sur l'immensité du ciel. Ce bleu est unique, à couper le souffle, presque sorti tout droit d'un rêve. Le bleu sombre se mélange à d'autres couleurs, plus claires formant presque un chemin d'un bout à l'autre.

— Tu savais que les Incas pratiquaient l'astronomie? explique Rafael. A l'époque, leurs grands prêtres utilisaient la voie lactée comme une carte céleste pour effectuer des pèlerinages.

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