Chapitre 25: Silence

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Quand Jiu se réveilla, elle entendit des bruits lointains, mais elle ne savait pas d'où ils provenaient.
Sa tête lui faisait mal, et elle avait l'impression d'être entrain de tourner sur un manège.
Elle sentit de l'eau sur elle, puis réalisa que ses cheveux étaient trempées.
Tout lui revint alors en mémoire: le mariage, la dispute, la fuite, la chute...
À cette pensée, Jiu frissonna.
Elle n'était pas passé très loin de la mort...
Grâce à Dami et Handong qui l'ont rattrapés, elle est là maintenant.

Jiu garda les yeux fermé, espérant pouvoir atténuer la douleur qui la lançait affreusement.
Les sons étaient plus distincts, mais elle n'arrivait pas à comprendre la discussion qui se jouait non loin d'elle.

Elle bougea légèrement et les voix se turent, mais elle ne put rien faire d'autre.
Épuisée, elle sombra une nouvelle fois dans le sommeil, pour se réveiller nombreuses heures après cela.

Cette fois, il n'y avait aucun bruit.
Jiu parvint à se redresser sur ses coudes et observa la pièce où elle était, plongée dans une semi-obscurité et seulement éclairé par une faible lampe posée à même le sol.

Elle était seule dans sa chambre, bien qu'elle ne se rappelle même pas y être entrée.
Dami et Handong ont dû la ramener ici, après son spectacle sur le toit.
Elle est aussi maintenant en pyjama, mais ne préfère pas vraiment y penser.

Si seulement elle pouvait rester cloîtrée éternellement, ça lui éviterait d'avoir à fournir des explications.
Et elle doit aussi s'excuser auprès de Sua et Siyeon pour avoir foutu la merde à leur mariage.
Pourvu que Morphée la rappelle. 

Mais non, il ne se passe rien.
Elle s'est pourtant retournée mainte et mainte fois dans son lit, rien à faire, elle n'arrive pas à se rendormir.
Pendant ce laps de temps, la porte de sa chambre s'est ouverte deux fois.
Jiu fit semblant de dormir à chaque fois, n'ayant absolument aucune envie de parler.
Ni maintenant, ni demain, ni jamais en fait.
Elle voulait tout enterrer, et ne rien voir remonter à la surface.

Après une éternité sans bouger, Jiu consentit enfin à se lever.
Elle fit quelques pas en se tenant aux meubles, n'ayant pas envie de tenter le diable et de rechuter.
Elle chercha ensuite son téléphone, pour retrouver la notion du temps.
Elle le repéra sur un étage de sa bibliothèque, et l'alluma.

15 septembre 2021, 5h47.

- J'ai sombré pendant plus de 30 heures? S'étonna la leader. Eh bah purée...

Après quelques secondes, l'écran devint noir, puis elle redéposa l'appareil.
La jeune femme resta debout un petit moment, hésitant entre l'envie de retourner se cacher sous ses couvertures, ou le besoin de boire, au vu de la désagréable sensation de sécheresse dans sa gorge.
Son ventre grogna, et elle soupira en passant la main dans ses cheveux, désormais bien sec.

Espérant que toutes les filles soient profondément endormies, Jiu ouvrit sa porte sans un bruit, laissant suffisamment d'espace pour qu'elle puisse passer, puis elle s'avança dans le couloir.

À priori, tout était OK.
Mais en se rapprochant, des voix parvinrent à ses oreilles.
Par la porte entrouverte, elle aperçut Handong et Sua en pleine discussion.
Pas besoin d'être devin pour savoir de quoi elles parlaient, Jiu entendit plusieurs fois son nom très distinctement.

Elle esquiva un mouvement pour faire demi-tour, mais Handong la vit.
La chinoise se leva et alla rapidement ouvrir la porte en grand, faisant sursauter la plus grande.

- Oh mon dieu, Jiu! Tu vas bien? Lui demanda Sua en se levant à son tour.

- Oui, mentit l'ainée.

Les deux filles soupirèrent, puis Handong attrapa délicatement la main de Jiu et la fit s'asseoir sur une chaise.
Comme un télépathe, elle lui fit réchauffer un bol de nouille, pendant que Sua lui remplit un verre d'eau, qu'elle but cul sec.

Elles la regardèrent manger en silence, ne voulant pas la brusquer après sa crise d'il y a deux jours.
Jiu, quant à elle, fut incapable de les regarder dans les yeux.
C'est vraiment le pire scénario possible.
La voilà devant la fille qui se rappelle avoir couché avec elle, et devant celle dont elle a sûrement gâché le mariage.

- Je suis désolée Sua... pour ton mariage, parvint-telle finalement à articuler.

- Désolé pour quoi? Demanda la danseuse.

- Bah... quand je suis partie... j'ai un peu gâché l'ambiance, non?

- Ne t'inquiète pas pour ça, c'est rien.

- Tu ne m'en veux pas? L'interrogea Jiu en relevant légèrement la tête, assez pour croiser son regard.

- Jiu, c'est elle qui nous a envoyé pour te retrouver, lui apprit Handong. Elle avait peur que tu fasses une connerie.

- S'il vous plaît, ne me demandez même pas de vous expliquer, supplia l'ainée.

- Si c'est ton souhait, alors on n'en parlera pas, accepta Sua.

Handong acquiesca à son tour, même si, au fond d'elle, la chinoise n'avait pas les réponses à toutes ses questions.

- Merci...

Jiu finit de manger, puis elle se leva.

- Où vas-tu? Lui demanda la jeune chinoise.

- Regarder la télé, je crois, dit-elle en haussant les épaules. J'ai assez dormi pour le moment.

Handong s'approcha et la serra dans ses bras, ce qui fit rater un battement au cœur de Jiu.

- Pas de bêtise, d'accord?

- Promis...

La plus jeune recula en souriant, laissant Jiu partir.
Elle alla s'installer sur le canapé et alluma la télévision.
Quelques heures après, les autres filles arrivèrent. Elles réconfortèrent Jiu sans remarque. Apparemment, Sua et Handong avaient fait passer le message.

L'agence leur avait donné trois mois de congé, et Jiu comptait bien les laisser s'écouler en mode silence radio. Elle passa le premier mois dans sa chambre, ne sortant que pour s'acquitter de ses tâches.

Au vu de la crise de Jiu, les filles ont demandé que la porte qui mène au toit soit fermée à clé, mais cette annonce lui fit plus de mal que de bien. Son seul refuge était limite condamnée. 

Le début du deuxième mois se déroula exactement de la même façon. Mais, environ à la moitié, un évènement survint...

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