Chapitre 45 : Débloqués

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Jiu se coucha nue sur le matelas, en sueur et épuisée. Handong se colla contre elle, dans le même état. Elle passa un bras autour de la taille de la plus grande et regarda comme avec fascination sa poitrine se soulever et s'abaisser au rythme de sa respiration. Aucune des deux ne parlaient, et c'était bien comme ça. Handong n'aurait su quoi dire, de toute façon. Elle ne savait pas comment l'expliquer, mais plusieurs images étaient apparues dans son esprit pendant leur ébat. Elle n'avait jamais eu de telles pensées à son égard, et pourtant... maintenant elle était comme... plus complète.

- Jiu ? Les souvenirs te concernant que j'ai oublié... c'est dans la même situation, non ? On a déjà couché ensemble, n'est-ce pas ? finit-elle par demander.

- Tu t'en rappelles ? murmura la leader en jouant avec les cheveux blonds de la belle femme.

- Donc j'ai raison... comment est-ce arrivé ?

- On avait toutes beaucoup trop bu, mentit Jiu. C'était une bêtise.

- Toutes ? s'étonna Handong en se redressant pour la regarder dans les yeux. On n'était pas que toutes les deux ? Qui était avec nous ?

- Ta copine, répondit Jiu en détournant le regard. Mais elle n'en a vraiment aucun souvenir, comparé à nous.

Handong ne répondit pas. Elle essayait de rassembler un maximum de souvenir sur cet événement. Et pendant ces quelques minutes, d'autres choses revenaient en elle. Les crises de Jiu, toutes les questions qu'elle se posait après ça... Malgré ses efforts, jamais elle n'avait réussi à avoir de réponse. Pourtant, ça n'était pas faute d'essayer. Mais Jiu cachait toujours quelque chose, Handong le savait très bien. Un bruit à l'extérieur sortit la chinoise de ses pensées. Elle se leva, sortit de son lit et commença à se rhabiller.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Jiu sans comprendre.

- J'entends des voitures dehors. Les autres sont rentrés. Grouille ! Retourne dans ta chambre !

- Et merde, soupira Jiu en s'habillant à son tour.

Elle craignit alors que tout ne recommence comme avec Dami. Que c'était juste un coup comme ça, et que tout s'arrêterait au retour de l'autre moitié de son amante. C'est drôle qu'elle arrive quand même à coucher avec celles qu'elle aime, sans jamais parler réellement de ses sentiments. Mais ce n'est pas ce genre de vie qu'elle veut.

- Handong ? Est-ce que...

- Je... je dois réfléchir, Jiu. J'aimerais me rappeler de toute cette soirée d'abord. Mais on en reparlera, promit Handong avant de quitter la chambre.

Jiu termina de s'apprêter avant de sortir à son tour. Elle regarda l'heure sur une horloge qui affichait 15h22 et rejoignit les autres dans le salon. Yoohyeon et Gahyeon vinrent directement vers elle pour s'assurer de son état, mais Sua fut plus rapide. Elle l'attrapa par le bras et la ramena à l'étage. Elle la tira jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec Siyeon puis en ferma la porte.

- Tu t'es bien amusée ? demanda la danseuse en croisant les bras sur sa poitrine.

- Amusée ? De quoi tu parles ?

- Va te regarder dans le miroir, et dis moi ce que tu vois.

Jiu obtempéra sans comprendre, jusqu'à être face au miroir. Elle étouffa un cri en voyant sur état, ou plutôt celui de son cou. Un suçon bien net y était marqué.

- Alors ? Tu comptes coucher combien de fois avec elles avant d'être honnête ? Et pourquoi t'as fait ça, même ?

- Ce n'était vraiment pas prévu, avoua Jiu en touchant sa peau violacée du bout des doigts.

- J'espère bien. Gahyeon m'a parlé de ta crise et de ton état ce matin. Rassure moi, tu n'as quand même pas tenté de...

- Pas directement, apparemment. Handong m'a sortie de la piscine cette nuit. Je me suis évanouie.

- Tu as eu de la chance. Tu aurais pu mourir.

- Je sais bien... et je n'ai même pas penser à lui dire merci. Bon sang, je suis tellement stupide...

- Arrête, la coupa Sua en la prenant dans ses bras. Tu n'es pas stupide, tu m'entends ? Ce qui t'arrive n'est pas ta faute. Tu ne peux pas contrôler ce que tu ressens.

- J'aimerais bien... Tu peux camoufler ça, s'il te plait ? lui demanda Jiu en pointant son cou.

- Bien sûr. Va t'asseoir sur mon lit. J'arrive.

Jiu quitta la salle de bain et se laissa tomber sur le lit en attendant son amie. Heureusement que Sua avait remarqué son cou avant les autres. Avant Dami... wow, elle a vraiment eu chaud. La porte s'ouvrit soudain et l'ainée sursauta au bruit. Siyeon, Yoohyeon et Gahyeon entrèrent à leur tour dans la pièce.

- Fermez la porte, leur dit Sua en les rejoignant. Jiu, faut qu'on parle.

- Je vois ça. Joli comité d'accueil.

- C'est très sérieux, Jiu, lui dit Siyeon. Reconnais que tu as de plus en plus de mal avec tes sentiments.

- J'avais remarqué, grommela la leader. Et vous venez faire quoi dans mes problèmes ?

- On peut t'aider, assura Yoohyeon.

- Ah ouais ? J'en doute vraiment...

- Réfléchis déjà à quelques chose, tu veux, proposa Sua. Dami a couché avec toi seulement pour oublier la douleur de l'absence. Ça, on le sait. Maintenant que Handong est là, elle a arrêté de te regarder. Mais sa copine, pourquoi elle a couché avec toi, exactement ? L'absence de Dami ne compte pas en option, elle est partie seulement quelques heures. Et Handong n'est pas du genre à faire ça juste pour s'amuser, tu ne crois pas ?

- Ou tu veux en venir, exactement ? demanda Jiu en fronçant les sourcils.

- On est pas sûres, répondit Gahyeon, mais on pense que Handong aurait peut-être des sentiments pour toi. Ou du moins qu'elle commence à réaliser certaines choses.

Les filles remarquèrent alors une lueur d'espoir dans les yeux de Jiu, mais celle-ci disparu presque aussitôt pour laisser place à autre chose.

- Ça n'a pas l'air de te réjouir, s'étonna Yoohyeon.

- Pourtant ça me semble être une bonne nouvelle, renchérit Siyeon. De savoir qu'au moins une t'aime.

- Mais non, vous ne comprenez pas, s'attrista Jiu. J'aime les deux, et je ne serais jamais heureuse, ou tranquille, sans avoir les deux. Je ne sais pas comment l'expliquer mais... mais c'est comme ça. Et même si Handong m'aime, qu'est-ce que ça change ? Je ne veux pas devenir une briseuse de couple. 

- Mais attend, tenta Sua, vois le bon côté des choses...

- Non ! s'écria Jiu en se levant. Je ne vois pas ce qu'il y a de bon là-dedans. Je ne jouerais pas à ce jeu là, et je ne ferais rien pour changer les choses. Si Handong m'aime vraiment, alors très bien mais je m'en moque. Il faut que Dami réagisse aussi, mais ça m'étonnerait. Maintenant foutez moi la paix !

Jiu quitta la pièce en courant et s'arrêta devant la pièce qui menait au grenier. Elle l'ouvrit et monta l'escalier jusqu'à cette grande chambre remplie de choses au hasard et inutiles. Elle trouva un vieux matelas et sauta dessus avant de laisser glisser son regard dans la pièce.

J'ai trouvé une nouvelle chambre, pensa alors Jiu. Comme ça, je ne dérangerais personne et je serais bien tranquille.

Ensemble?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant