Ensemble?

Chapitre 54 : Bon retour parmi nous

Jiu descendit les escaliers en courant, ne sachant pas si une des membres allait essayer de la suivre. Elle quitta rapidement l'agence et s'arrêta après quelques mètres pour respirer. Ce n'était pas comme ça qu'elle imaginait son retour. Elle aurait dû attendre le milieu de la nuit pour rentrer. Par réflexe, elle passa la main dans la poche de son pull pour prendre son téléphone, avant de se rappeler qu'elle venait de l'exploser. Vraiment... comment Sua a-t-elle pu lui faire ça ? D'accord, elle a fait plusieurs conneries ces temps-ci, mais de là à installer une application pour la localiser ? Elle était dégoûtée.

Jiu réfléchit quelques instants avant de se mettre en route pour le dortoir des Pixy. Certes, elle venait d'en partir, mais ça n'était pas très loin et elles lui avaient dit que la porte serait toujours ouverte si elle avait besoin de s'éloigner de son groupe. Et au moins, là-bas, elle n'était pas jugée pour ce qu'elle faisait. Elle courut pendant une bonne partie du chemin avant de faire le reste en marchant, presque à bout de souffle. En arrivant devant le bâtiment, elle s'étonna de voir deux silhouettes assisses sur les marches.

— Enfin, tu arrives ! s'exclama Ella en la voyant s'approcher. On t'attendait. Viens, il fait vraiment froid, dehors.

— Vous m'attendiez ? Pourquoi ?

— Ton amie Sua nous a appelé, il y a quelques minutes, expliqua Dia en lui ouvrant la porte de l'agence. Elle n'a pas dit grand-chose, juste qu'il y a eu un problème et que tu risquais de revenir par ici. Elle nous a demandé de prendre soin de toi pendant un petit moment.

Jiu ricana.

— Donc, après mon téléphone, c'est vous qu'elle a engagé pour me surveiller ?

— Pas compris, mais tu nous raconteras ça plus tard, d'accord ? proposa la leader de Pixy en lui prenant la main. Tu as vraiment l'air crevé, il faut que tu dors.

— Je suis beaucoup trop en colère pour pouvoir aller me coucher et faire comme si de rien n'était pour le moment, râla la plus grande en secouant la tête. C'était vraiment... une... une soirée de merde !

Jiu s'immobilisa soudainement en sentant des larmes couler sur ses joues. Bon sang, elle en avait marre de toujours finir en pleurs dès qu'elle leur parlait. Quel amour de merde ! A cause de cette connerie, elle devenait de plus en plus faible. Sentant ses jambes lâcher, elle tomba à genoux, bien que rattraper pour les deux filles pour ne pas qu'elle se blesse physiquement en plus. Elles la prirent dans leurs bras et la réconfortèrent du mieux qu'elles purent, mais sur le coup, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire, vu qu'elles ignoraient ce qui s'était passé plus tôt.

Il fallut un certain temps à Jiu pour se calmer. Quand elle eut la force pour se relever, Dia l'aida puis elles reprirent leur marche jusqu'au dortoir. Quand elles entrèrent, c'était silencieux, les autres filles étant parties dormir. Mais arrivées dans la cuisine, elles trouvèrent Dajeong à table, avec un pot de ramen.

— Vous êtes là ? s'étonna Dajeong. Je pensais que vous dormiez toutes.

— On a ramené Jiu chez elle, lui dit Ella en ouvrant une armoire pour en sortir un autre pot. Je vais faire comme toi, j'ai la dalle.

— D'accord, mais alors comment ça se fait qu'elle soit revenue avec vous, alors ?

— Longue histoire qu'elle nous racontera demain, l'informa Dia en baillant. Dis, je peux dormir avec toi aujourd'hui pour laisser mon lit à Jiu ?

— Bien sûr.

— Attends, tu n'es pas obligée, la stoppa Jiu alors que la chanteuse partait rejoindre la lit de la maknae. Je peux dormir sur le canapé, c'est chez vous ici.

— Ne t'inquiète pas, la rassura-t-elle, ce n'est pas un problème. En plus, t'as vraiment l'air éclaté, donc comme ça, tu seras tranquille la matin. Parfois, certaines se lèvent très tôt, tu risques d'être réveillée avec le bruit. Allez, bonne nuit tout le monde.

Puis elle disparut dans le couloir.

- Bon, ben, on dirait bien qu'on est colocataire, sourit Ella. Vas-y, tu connais le chemin, j'arrive dans quelques minutes.

Jiu hocha la tête puis partit à la suite de Dia. En entrant dans la chambre, elle alla chercher un t-shirt dans une des armoires pour dormir puis se jeta sur le lit. Elle laissa son regard dérivé sur la décoration, qui n'avait pas changé en quelques heures, puis se trouva une fascination pour le plafond. Quand Ella finit par venir, elle réprima un rire en la voyant faire l'étoile de mer sur le deuxième lit.

— Tu sais que tu peux aller sous la couette, hein ? lui rappela-t-elle en se changeant à son tour. Les draps sont propres, comparé à ceux des autres, si tu vois ce que je veux dire. C'est la seule pièce où je leur ai interdit de le faire. J'aimerais éviter que ça ne sente le sexe et la transpiration dans la pièce où je dors.

Aucune réaction.

— Tu veux qu'on en parle ? demanda la leader en faisant le tour de son lit pour aller s'asseoir sur le bord de celui de Jiu.

— Qu'est-ce que ça fait d'être aromantique et asexuelle ? préféra savoir la plus grande d'une petite voix.

Ella réfléchit quelques secondes avant de lui répondre.

— Pour moi, ça m'évite beaucoup de problème. Par exemple, je n'ai pas à m'inquiéter de quand et avec qui je fais ma première fois, vu que ça n'arrivera jamais. Et comme normalement je ne serais jamais en couple, je ne subirais pas la déception de voir ma moitié me tromper ou m'abandonner. Pourquoi ?

— Car ma vie aurait été tellement plus simple si j'avais été comme toi...

— Tout n'est pas si simple, Jiu. Par exemple, je sens que je suis moins proche des autres membres, involontairement certes, car je ne partages jamais des moments « privés » avec elles. Parfois elles parlent de certains trucs qu'elles font, et je me sens mise à part, mais je sais bien qu'elles ne le font pas exprès.

— Peut-être... mais dans mon cas, ça aurait été tellement simple, comme tu dis.

Sur ses mots, elle se tourna et ferma les yeux pour essayer de dormir malgré tout. Ella comprit que c'était la fin de la discussion et rejoignit son lit. Malgré ce que Jiu pensait, la colère ne suffit pas pour la tenir éveillée et elle s'endormit assez vite, au grand soulagement de son amie qui la surveillait du coin de l'œil.