Chapitre 40: Nouveaux cauchemars

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Une nouvelle fois, Jiu passa toute la journée dans sa chambre. Elle ne bougea pas quand Dami revint de l'hôpital, en début de soirée. Sa porte resta fermée à clé. Elle ne l'ouvrit pas quand Yoohyeon lui amena à manger, et encore moins quand Sua demanda pour lui parler. Plutôt crever. Elle ne savait pas de quoi la danseuse voulait discuter. De Handong ? Ou du sujet qui fâche d'avant l'hôpital ?

Vers 4h du matin, Jiu quitta sa chambre. Elle traversa l'appartement en silence, puis quitta le dortoir. Elle suivit son habituel chemin jusqu'au toit de l'immeuble, et finit par sortir à l'air libre. L'air froid de l'hiver l'entoura en un instant. Elle marcha lentement sur le sol bétonné, pour finalement s'immobiliser à seulement un mètre du bord. Il commença à pleuvoir, et elle ferma les yeux. Elle resta comme ça pendant plusieurs minutes, avant de sentir une main se poser sur son épaule. Elle se tourna, mais ne put distinguer les visages des deux silhouettes dans la pénombre. Elle voyait juste des yeux qui brillaient dans l'obscurité de la nuit et qui la regardaient fixement. Jiu avait peur. Un frisson traversa tout son être. Elle sentait un poids sur elle. Elle voulait fuir, mais les deux ombres lui barraient la route jusqu'à la porte de sortie. Elles avancèrent. La jeune femme recula. Encore un pas. Elle sentit ses cuisses rencontrer une surface froide. Elle comprit que c'était le bord qui séparait le toit du vide. Elle était bloquée. D'un seul mouvement, les deux personnes levèrent leurs mains et poussèrent Jiu. Elle bascula en arrière et entendit un rire. Un rire de folie, et une voix qui répétait toujours le même mot. Dégage. Dégage. Dégage ! Elle connaissait cette voix. Qui est-ce ? Un éclair de lumière illumina les ténèbres. Sous l'éclat, elle les reconnut enfin. Dami et Handong. Wow. Elle ne l'avait pas vu venir. Elle savait que son amour pour elles allait la conduire à sa perte, mais elle n'aurait jamais pensé que ça serait comme ça. Elle chuta. Chuta. Les rires continuaient. Chuta. Chuta. Les cris aussi. Toujours. Une longue chute. Et enfin, elle toucha le sol.

Jiu sursauta et ouvrit les yeux. Elle était trempée. Pourquoi ? Pourtant, elle est dans son lit. Merde. Saleté de cauchemar. C'était si réelle... mais pourquoi les cris continuent ? Elle se redressa sur ses coudes et regarda autour d'elle. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre la scène qui se jouait devant elle. Son réveil indiquait 13h09. Gahyeon était début à côté de son lit, un verre vide à la main. C'est elle qui riait. Elle l'avait sûrement renversé sur Jiu pour la réveiller. Le poids sur son corps, c'est Dami qui essayait d'éponger son pyjama avec une serviette. Et les cris, c'est Sua qui hurlait sur Gahyeon. Quel bordel. Et aucune trace de Handong. Est-elle rentrée hier ? Ou alors, tout était juste un long rêve ? Est-elle seulement vraiment réveillée ? Aucune idée. Pourvu que non.

En voyant que Jiu était réveillée, Sua chassa tout le monde de la chambre. Gahyeon ne se fit pas prier, contente d'échapper à une potentielle punition de la danseuse, mais cette dernière fut obligée de tirer Dami hors de la pièce de force. Jiu se contenta de la regarder faire. Elle ne voulait pas quitter son lit. Quand elle eut fermé la porte, Sua alla s'asseoir à côté de son amie.

- Tu sais, Sua, j'ai fait un drôle de rêve, commença Jiu. Handong sortait du coma, et elle m'avait oublié. Et Dami a fait pareil. Comme si toutes les fois où on avait couché ensemble, même celle juste avant, ce n'était rien pour elle. Juste une façon de passer le temps en attendant sa copine. Et après, elles m'ont poussé du toit. C'est fou, hein ?

- Malheureusement pour toi, tout est vrai, lui dit la plus jeune en prenant sa main dans la sienne. Mais si je te dis que finalement, elles ne t'ont pas poussé, ça va mieux ?

- Pas vraiment..., soupira l'autre.

- Je me disais aussi. Tant qu'on y est, on peut revenir sur le fait que tu me confirmes avoir couché avec Dami plusieurs fois ?

- Franchement, je n'en ai pas très envie.

- Mais moi si. Et je te préviens, je ne partirais pas tant que je n'aurais pas de réponse.

- Mais c'est tellement débile...

- Je me demande quand même comment tu es arrivée à la convaincre de coucher avec toi, avoua Sua, perplexe.

- Je n'ai rien fait. C'est elle qui est venue vers moi en premier lieu.

- Quoi ? Oh merde... mais pourquoi elle a fait ça ?

- Elle m'a dit que, d'une certaine façon, j'arrivais à lui faire oublier l'état de Handong. Mais je n'y croyais pas trop. Mais comme je suis juste faible et en manque d'amour, j'ai accepté. Je savais que ça n'allait pas durer. Tu sais quoi ? J'ai même espéré, à un moment, que Handong ne se réveille jamais. Mais bon... avec ma chance... je suis vraiment conne, déclara Jiu en fermant les yeux pour éviter que des larmes ne s'en échappent.

- Tu n'es pas conne, Jiu. Tu as juste besoin d'amour, comme tout le monde. Alors oui, d'accord, tu as craqué plus d'une fois, mais théoriquement, si on regarde bien, ce n'est pas ta faute. C'est Dami qui est en couple, et c'est elle qui t'a entrainé là-dedans. C'est elle qui a trompé sa copine. Toi, tu n'as rien fait qui dise que tu sois « en tort ».

- Ouais... m'enfin, pour la dernière fois, je l'ai un peu cherché quand même. C'était ça ou répondre à des questions trop personnelles. Beaucoup trop personnelles.

- J'imagine bien. Cela dit, prépare-toi et répare vite la carapace de ton cœur. Crois-moi, tu vas en avoir besoin.

- Pourquoi ?

- Vu que Handong est bien réveillée, qu'elle va très bien, et qu'elle revient dans deux jours, ses parents nous ont toutes invitées à venir passer une semaine avec eux dans leur maison à la campagne. Et ça veut dire voir le petit couple en maillot de bain car il y a une piscine.

- Une piscine ? En plein hiver ?

- Elle est à l'intérieur.

- Eh merde... J'ai vraiment une chance de cocu... belle ironie, n'est-ce pas ?

- Je vais te laisser te reposer. Sors quand tu en as envie, je dirais à Gahyeon de ne plus te déranger.

Sua quitta la chambre, laissant Jiu replonger dans ces idées noires. Ce n'est pas une bonne chose, ce voyage. Elle pouvait le sentir jusqu'au fond de ses tripes. Elle allait en baver.

Ensemble?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant