79.
Yuri fut surpris en rentrant, de découvrir sa soeur tenir une assemblée des hauts gradés du clan Cha. Pourquoi personne ne l'avait prévenu ? Il s'arrêta sur le pas de porte, regardant son double féminin exposer quelque chose. Contrairement à Mee Na, elle ne laissait pas un masque d'indifférence couvrir ses expressions faciales. Souriante et aimable, à priori elle jouait sur un autre tableau pour gagner les bonnes grâces des hommes qui devraient lui obéir plus tard.
Miho était assis négligemment dans un coin de la pièce, se moquant pas mal de ce qui pouvait être dit actuellement, il fut le seul à remarquer la présence du décoloré. Les jumeaux étaient désormais assortis sur la teinture de leur chevelure. Il lui fit un bref signe de la main, provoquant la grimace de Yuri. Ce dernier ne supportait pas ce chien fou qui courait en liberté autour de sa soeur. Il avait d'ailleurs du mal à comprendre pourquoi Mee Na l'avait laissé quitter son clan de cette manière. Car même s'il avait été humilié et mis au banc de leur société, personne ne quitte la pègre sur ses deux jambes.
Pendant qu'il essayait de gagner les faveurs de l'Impératrice, Yura semblait elle aussi avancer dans ses projets. Projets qui finiront par mettre à mal le clan, la famille mais surtout elle. Et en voyant cette scène, cette femme au sourire éclatant et aux yeux brillants de détermination, il eut un élan d'émotion. Il regrettait ces jours heureux, dans la cours du pavillon de leur résidence, ils se coursaient en riant, ils se lisaient mutuellement des histoires, ils découvraient les insectes qui passaient dans les bosquets et les jardinières, ils se tenaient la main pour traverser le petit pont au dessus d'un bassin de carpes koi, ils dessinaient et s'offraient leurs oeuvres. Où était-elle passée ? Cette fillette qui regardait avec admiration son jumeau, son aîné de quelques secondes. Yuri se demanda s'il faisait les choses dans son intérêt. Etait-elle heureuse ? Qu'est ce qui allait primer ? Son bonheur ou sa sécurité ? Or, maintenant qu'il était lancé, pouvait-il tout arrêter et demander à leur mère d'échanger leur place ?
Il sursauta quand la porte coulissante se claqua devant lui, le laissant observer le bois de chêne sculpté. Elle l'avait vu et venait de l'isoler à l'extérieur de ce qui se passait.
Tout ça sous les yeux rieurs de Miho qui avait trouvé dans cette fratrie un tout nouveau divertissement.
En quittant la réunion, il se fit interpeller par l'un des domestiques de la maison qui lui remit un coffret de velours bleu nuit, la couleur du clan Cha. Le tatoué défit le sautoir pour découvrir son présent. Sur un couffin couverts de pétales de roses, trôné une couronne de tiges de ces mêmes fleurs. Entremêlées entre elle, elles formaient une couronne d'épines comme il serait fait avec des ronces.
Une petite carte noire était glissée sur le côté, sans surprise, il reconnut la calligraphie de celle qu'il avait tant aimée jusqu'à l'obsession. Puisque maintenant c'est une haine obsessionnelle qui s'était glissé telle des chaines sur son coeur.
" Tu veux ma couronne ? Pour l'offrir à Yura ? Celle là, tu peux la garder pour toi "
Il froissa le papier cartonné entre ses doigts et jeta le tout contre le mur le plus proche en hurlant. Un cri tel qu'il fut entendu par tout le domaine ainsi que la rue. Puis un rire sardonique le fit trembler, laissant tout son corps se tordre et il alla jusqu'à ramasser la coiffe pour se la poser sur le sommet de son crâne laissant les pics écorcher légèrement sa peau. Et tout ça sous le regard de quelques personnes présentes, complétement tétanisées par les réactions imprévisibles et presque aléatoires de cet homme sanguinaire.
Yura le regardait faire depuis l'extérieur, via les fenêtres qui laissaient voir le spectacle effrayant. Elle n'aimait pas savoir que Mee Na avait encore de l'influence sur Miho, il ne devait plus se laisser emporter par les actions ou la présence de cette femme. Et pour cela, il devait tourner toute son attention vers elle, une princesse cherchant à obtenir un règne.
Même si elle n'appréciait guère la livraison de ce cadeau, cela lui donna une idée. Elle sera la prochaine à convier des clans à une jolie petite soirée. Plus précisément à un gala de ventes aux enchères. Et elle savait exactement ce qu'elle comptait faire. Il ne faudra surtout pas négliger l'invitation pour les Kim. Car sa leadeuse, devra pouvoir admirer ce que Yura lui avait pris.
Yuri observait le papillon carnivore pris dans le formol, il avait récupéré l'objet dans la chambre de sa soeur. Dans l'idée de jeter ce maudit cube, il décida plutôt de le rendre à sa propriétaire la prochaine fois qu'il la verrait. Il avait pris sa décision.
Le faux blond était allé trop loin pour abandonner maintenant. Il visait la même finalité que sa jumelle : accéder au statut d'héritier. Mais les intentions étaient plus que différentes. Yuri comptait placer Yura sous sa protection pour qu'elle n'ait pas à se marier de force, il voulait lui offrir une vie en dehors de tout ça. Mais peut-elle vraiment échapper à la noirceur alors que son sang lui même est corrompu ?
La réponse était peut être trop brutale pour être acceptée.
Le faux blond s'était présenté dans le salon de réception, à genoux sur le petit coussin, il se présentait humblement devant la matriarche. Toujours coiffée, maquillée et vêtue à la manière traditionnelle japonaise, elle se cachait derrière les pans d'un éventail. Et de ses yeux cruels, elle analysait les traits de visage de son fils, essayant déjà de deviner ce qu'il allait lui dire, lui cacher ou s'il allait mentir.
- Mère, j'ai assisté à la réunion de Kim Mee Na pour les finances de son clan.
- Et ?
- Je ... Leurs comptes feraient pâlir Crésus.
- Ce n'est pas ce que je te demande.
- Je n'ai pas pu éplucher les détails des flux. Mais je lui ai offert des narcisses.
- Quel choix discutable.
- Les fleurs parlent plus que des mots.
- Alors promets lui un bouquet d'amour sincère.
Mentir n'était pas un problème au sein de la pègre. Mais étrangement, cette idée troubla Yuri.
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DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE
RomanceUn endroit où les femmes ne se baladent pas, un endroit que les enfants fuient, un endroit que l'on évite le soir, car ce quartier était connu pour sa population dangereuse. Ce soir-là, un homme s'approcha du bureau de son supérieur, ricanant grass...