BALLE 41 (c)

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41.

Elle laissait le bâton de nicotine se consumer entre ses lèvres, le bout rougeâtre laissait tomber quelques cendres à ses pieds. Revêtus d'une paire de Louboutin blanc, qui la grandissait de 15cm, son tailleur de la même couleur, était laissé ouvert sur un haut en dentelle dévoilant la peau pâle de son ventre. Ses longs cheveux noirs étaient tirés en arrière et son visage finement maquillé était éclairé par les lumières vives de la ville endormie.

A ses côtés, dans un costard digne d'une faucheuse, le blond se tenait bien droit, attendant le moindre ordre venant de sa patronne.

Elle cracha la fumée et alors qu'elle avait tiré sur sa cigarette, elle allait, par réflexe, éteindre le mégot contre le bras de la personne située à sa droite mais elle suspendit son geste :

- Tu as déjà été brûlé ?

Joonie haussa un sourcil et fixa le tube encore chaud qu'elle tenait bloqué entre son index et son majeur.

- Contrairement à votre ancien second, je n'ai pas la fonction cendrier.

- Dommage.

Elle se contenta de laisser tomber le déchet sur le carrelage et l'écrasa de sa semelle. Mee Na appréciait la vue nocturne de la capitale, ça semblait si calme alors que les rues cachaient les affaires illégales et sales de ses différents business.

- D'ailleurs, qu'est ce que vous avez fait de Hadès ?

- Je me charge personnellement de son cas, il sera un exemple pour tout le clan. Et pour les autres aussi.

- Vous allez vous balader avec sa tête coupée à la main dans tous les sièges de chaque famille ?

- Une bonne piste à étudier. Mais non. Combien a-t-on perdu avec la dernière intervention du N.I.S ?

Joonie consulta brièvement la tablette qu'il emmenait partout avec lui, lui permettant d'avoir toutes les informations, les plannings sous la main.

- Il faudra revoir tout à la baisse. Certaines activités ont été suspendues et quelques dealeurs ont été arrêtés. Mais beaucoup de petits clans ont été mis à mal, leurs chefs ont été interpellés, les réseaux démantelés. Certaines maisons closes ont été fermées. Je crois que Min Giyu a demandé l'arrêt des commandes spéciales.

- Plus de mercenaires des Min ? D'accord.

- Pour les Cha, ils ont carrément décidé de tourner à régime minimum. Ils vont se serrer la ceinture, du coup certains parient sur le temps avant qu'ils aient tout dépensé de leurs économies.

- Le N.I.S patrouille sur la plus part de nos points de ventes, et d'activités. Je suppose que ça contraint pas mal de monde. Vendez le parc immobilier près du lac. Et distribuez le profit de la vente en part égal aux clans qui nous sont toujours loyaux.

- Bien, ça sera fait.

- J'ai besoin de kidnapper quelqu'un.

- Si vous me donnez le nom, alors je trouverais les informations nécessaires pour réaliser un kidnapping propre, net, rapide, sans trace.

- Park Seo.

Joonie allait acquiescer mais alors qu'il était prêt à se pencher, il s'arrêta. Il venait d'assimiler l'identité de la cible qu'elle voulait. Quelle idée avait-elle ? Viser le prochain directeur des forces à la poursuite des vilains hors la loi qu'ils étaient ? Voulait-elle que toute la Corée du sud leur tombe dessus ? Est-ce que le pouvoir avait fini par lui faire perdre l'esprit ? Ou alors c'était lui l'abruti qui ne comprenait pas quel but elle cherchait à atteindre ?

Pourtant il avait étudié le fonctionnement humain, il savait lire le comportement des autres et ça l'avait sauvé plus d'une fois.

- Vous voulez dire Park Seo, l'agent que vous avez trompé sur votre personne ?

- Oui. Traitez le comme un invité de marque.

La dernière fois que cette phrase avait été prononcée par un des Kim, ça ne s'était pas bien fini puisque Kim Tae-Yeong avait fait enlever la fille du premier ministre.

Il voulait en savoir plus mais d'un petit geste de la main, elle venait de le congédier. Une fois que le silence fut son seul compagnon, la porte s'ouvrit sur une ombre. De la même carrure qu'elle, un homme s'avança, encore dans la pénombre de la pièce, il ne se présenta pas. Il n'y avait pas besoin car elle savait très bien qui se glissait comme cela dans les recoins :

- Le Serpent, comment vas-tu depuis la dernière réunion ?

- Bien. Je dois dire que je suis bien rémunéré. Je commets quelques actes odieux par ci par là. Mais la plus part du temps, je peux jouer aux jeux vidéos dans la villa que tu me payes et je ne dois rien à personne. Donc je dirais que j'ai la belle vie. D'ailleurs j'ai vu une Lamborghini ...

- Envoie moi le modèle et la couleur, je te la ferais livrer.

- Merci Boss. Oh attends, merci ma chère demi-soeur.

Elle se retourna au moment où il faisait quelques pas en avant, permettant la lumière artificielle l'éclairer. Son visage était semblable à celui de Mee Na. N'importe qui les aurait pris pour des jumeaux. En tout cas, le lien de famille était impossible à nier dans ce cas présent.

- Maman est toujours aussi folle ?

- La dernière fois que je suis allé sur sa tombe, elle n'a pas été très bavarde.

- Comme c'est étonnant.

L'homme posa sa main contre la paroi froide du verre pour regarder le paysage, il souffla un peu de buée dessus :

- Qu'est ce que tu as prévu cette fois-ci ? Voler l'identité de quelqu'un ? Oh attends, tu l'as déjà fait avec la mienne.

- Respecte ta Noona.

- Demande ce genre d'appellation de ton chien fou. Pas de ma part. On a que notre mère en commun et c'est déjà trop.

- Quoi ? Tu m'en veux encore ? D'avoir été élevée comme une fille pour répondre de mon nom, celui que papa m'a acheté pour avoir une vie civile ? Désolée Jeon Jug-Eun.

Il grimaça, il avait toujours vécu pour créer une identité pour sa demie-soeur, il était né 1 an après elle et leur mère l'avait envoyé grandir chez sa tante, avec des consignes et la pression de la mafia. Il avait été une fille jusqu'à ses 16 ans. Ce qui n'avait pas été une mince à faire, être une parfaite fille, une élève modèle, sociable sans attirer pour autant trop l'attention. Tout avait été calculé. Et il avait intégré l'Organisation dès que Mee Na avait intégré le lycée et par conséquent eut besoin du passeport de Jug-Eun.

- Tu sais très bien que ton père n'a jamais toléré que notre mère m'ait eu avec son ancien second.

- En même temps, la loyauté est très importante dans la mafia.

- En même temps, ton cinglé de père a séquestré notre mère, l'a forcé à t'avoir et elle a eu une vie merdique.

- Quoi ? Tu as pitié d'elle ? Elle n'était pas une bonne mère.

- Peut être pour toi. Mais les rares jours où je la voyais, elle était une mère aimante et j'avais pas besoin de jouer ta vie.

- Quoi ? Tu veux que j'implore ton pardon ? On est que les résultats des échecs et des tentatives d'expériences de nos parents. Nous avons aussi notre propre part de responsabilité mais, cherche bien à qui est la faute ? Je te conseille de prendre une pelle, il va falloir creuser pour discuter avec l'auteur de tous tes traumas.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant